C’est dans le cadre de la Conférence régionale agricole, à Dijon, le 27 juin, qu’a été présenté le nouvel Observatoire prospectif de l’agriculture en Bourgogne-Franche-Comté. De nombreuses filières régionales présentent de bons résultats économiques mais qui doivent avant tout servir à prévenir un avenir fait de beaucoup d’incertitudes.

Présentation de l'Observatoire prospectif de l'agriculture régionale BFC
L'OPA BFC était présenté le 27 juin dans l'hémicycle du Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté à Dijon.

Réalisé par Cerfrance BFC et les services des Chambres d’agriculture de Bourgogne-Franche-Comté, le nouvel Observatoire prospectif de l’agriculture régionale (OPA BFC), qui fournit les chiffres de l’agriculture régionale pour 2021 et tente, en parallèle de décrire les évolutions possibles, a été présenté, le 27 juin à Dijon. Cette présentation s’est faite dans le cadre de la Conférence régionale agricole. Le fait marquant qui ressort de cette année 2021, comme le soulignaient Philomène Viricel (Chambre régionale d’agriculture BFC) et Florian Daufin (Cerfrance) qui se sont acquittés de la tâche de cette présentation, ce fut une météo qualifiée de « surprenante ». L’année aura été marquée par une reprise végétative précoce, fin mars, frappée de plein fouet par l’épisode sévère de gel de début avril. La viticulture régionale en aura été la principale victime, aux côtés de l’arboriculture. Le verdict a été sans appel : une production viticole en baisse de 40 % en BFC, par rapport à la moyenne quinquennale. À cela aura succédé un été pluvieux qui aura entraîné la production d’une bonne quantité de fourrage. Une bonne nouvelle après plusieurs années de sécheresse, mais à relativiser par des qualités hétérogènes.

Oublier la normalité

Ce qui apparaît en filigrane derrière ces constats, c’est que, globalement, la notion de normalité dans l’agriculture, devient de plus en plus une vue de l’esprit. Chaque année réserve son lot de surprises, bonnes ou mauvaises. Tout cela s’établit dans un contexte général de hausse des charges pour les exploitations agricoles, avec, notamment, des craintes sur les approvisionnements en engrais. Les analystes font également le constat d’un retour aux habitudes de consommation d’avant la crise sanitaire. En BFC comme ailleurs en France, 2021 se présente aussi comme une année charnière pour les productions bio dont les ventes marquent le pas, après des années de fortes progressions. L’OPA BFC permet également d’établir des comparaisons sur les données technico-économiques de l’agriculture régionale entre 2020 et 2021. Filière par filière, le document passe en revue les Excédents bruts d’exploitation (EBE) :

-en élevage porcin, cet EBE a été divisé par deux entre 2020 et 2021, preuve supplémentaire des difficultés que la filière traverse actuellement.

-en volailles également, l’EBE est à la baisse mais de manière moins marquée.

-du côté des grandes cultures, il a été multiplié par deux

-en production laitière, le lait de plaine affiche son meilleur prix depuis 8 ans. Du côté du lait AOP, la hausse de l’EBE est aussi tangible. La filière semble avoir bénéficié des habitudes de consommation liées au Covid.

-en bovins viande, les prix s’améliorent mais ne freine pas pour autant une véritable décapitalisation : en 10 ans, le cheptel de BFC a baissé de 7 %

-l’élevage ovin est véritablement « boosté » par le prix des agneaux

-du côté de l’élevage caprin, les prix du lait sont en hausse. Il faut aussi constater que si le nombre d’éleveurs a baissé de 17 % en dix ans en BFC, le cheptel reste stable, preuve d’un agrandissement des exploitations.

Des élevages qui visent de plus en plus l’autonomie

L’OPA BFC est aussi un outil de mesure de l’évolution des résultats courants des exploitations, par Unité de travail annuelle familiale (Utaf). Il se calcule en soustrayant les amortissements à l’EBE :

-en grandes cultures, pour 2021, on relève 53 000 euros/Utaf, soit le meilleur résultat constaté depuis 2012

-en volailles on atteint 12 000 euros/Utaf

-en porc, le résultat est négatif : -900 euros/Utaf

-en bovins viande, il atteint 16 100 euros/Utaf, soit la 3e meilleure année depuis 10 ans

-en viticulture, on est à 77 400 euros/Utaf, pour la récolte 2020, bien plus importante en quantité que celle de 2021.

Les analystes de la Chambre régionale d’agriculture et de Cerfrance BFC notent que les éleveurs en bovins viande cherchent à adapter la taille de leur exploitation afin d’aller vers plus d’autonomie alimentaire. Ils alertent aussi sur la nécessité, pour les exploitants, de gérer au mieux une trésorerie, y compris dans un contexte plutôt favorable actuellement, pour beaucoup de productions. Une prudence qui pourrait s’avérer précieuse au moment ou les courbes de prix des produits et celles des charges risquent de converger et de se rejoindre, en un effet ciseau. Une perspective qui pourrait devenir réalité en 2023 ou 2024. En introduction de l’OPA BFC, Fabien Sudry, le préfet de Côte-d’Or et de Région BFC, Marie-Guite Dufay, la présidente du Conseil régional, Vincent Landrot, le président de Cerfrance BFC et Christian Decerle, président de la Chambre régionale d’agriculture, cosigné un texte dans lequel ils soulignent que « les mois à venir seront troublés et les marchés des matières premières particulièrement volatils. Face à cette situation pleine d’incertitudes, les agriculteurs auront le choix d’adopter une stratégie opportuniste et risquée ou une stratégie prudente, parfois moins rentable à court terme. En période instable, l’Observatoire prospectif de l’agriculture de Bourgogne-Franche-Comté offre des repères. Il permet de comprendre les adaptations et les conséquences des crises antérieures. Il s’interroge sur le sens que les agriculteurs et les agricultrices donnent à leur métier et qui leur permet de garder le cap ». Un outil d’autant plus utile qu’il intègre aussi cette année les données du dernier recensement agricole de 2020. Terres de Bourgogne reviendra régulièrement, et plus en détails, sur les différentes filières qui sont représentées dans l’OPA BFC. Vous pouvez consulter l’édition 2022 de l’Observatoire en cliquant sur le lien : www.bfc.chambres-agriculture.fr