Action syndicale
Mais où va l'argent ?

AG
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Lors de l’action syndicale du 23 février dans la métropole dijonnaise, une discussion s’est intéressée aux marges réalisées sur les œufs bios. Extraits.

Mais où va l'argent ?
Matthieu Besançon et Thibaut Aubry ont échangé avec le directeur d'Intermarché de Fontaine-les-Dijon. Le prix de l'oeuf bio triple entre son départ de la ferme et son passage en caisse...

Nous en parlions dans notre dernière édition : une délégation FDSEA-JA21 a rendu une petite visite à trois grandes surfaces de la métropole dijonnaise à la veille du salon de l’agriculture. Se donner « une idée » et « comprendre » les marges réalisées sur les produits agricoles était l’un des objectifs de la journée. Matthieu Besançon et Thibaut Aubry participaient à l’action et se sont notamment intéressés aux œufs bios qu’ils produisent respectivement à Saulx-le-Duc et Jours-lès-Baigneux. « Nous les vendons 15 centimes l’unité et ils se retrouvent trois fois plus cher ici, dans les rayons. Comment expliquer une telle différence pour ce type de produit ? Nous avons demandé quelques explications », confie Thibaut Aubry.

Vivement Égalim

Des échanges avec le responsable du magasin n’ont pas débouché sur « quelque chose de convaincant », comme le relaye le jeune éleveur : « distributeurs et transformateurs se renvoient à chaque fois la balle, nous tournons en rond… Ici, on nous explique qu’ils achètent la marchandise un certain prix, incluant emballage et packaging, et qu’il faut négocier avec d’autres intermédiaires car eux ne peuvent rien faire de leur côté. Ils nous rappellent qu’ils doivent payer les frais de personnel, l’électricité… Nous ne sommes pas convaincus de ces éléments. Personnellement, je produis quatre millions d’œufs par an et quand les charges augmentent, la répercussion est infime sur chaque œuf, grâce aux volumes importants que nous passons. Les coûts de production augmentent au grand maximum d’un ou deux centimes, alors qu’ici, j’ai l’impression que c’est en dizaines de centimes ! Un exemple tout simple me vient à l’esprit : si le coût d’un transport en camion coûte cher, imaginons 1 000 euros, la répercussion sur un des 160 000 œufs transporté reste ridicule… ». Peu convaincu de l’entretien, Thibaut Aubry s’en « remet » à Égalim : « j’ai envie de croire aux promesses du gouvernement, je ne vois pas comment nous pourrions avancer sans le respect de cette loi. Il nous faut de la transparence sur les marges de chacun pour mieux les répartir par la suite. Beaucoup trop d’intermédiaires se font de l’argent sur notre dos, il n’est pas normal que ce soit le premier maillon de la chaîne qui trinque à chaque fois ».