L'association des producteurs de graines de moutarde de Bourgogne vient d'augmenter de manière très significative son nombre d'adhérents (+240%) et ses hectares de cultures (+200%).

Quel succès !
Les surfaces cultivées en moutarde sont en train de tripler.

Ils n’étaient « que » 162 l’année dernière, sur une surface de 4 000 ha. Cette fois-ci, les producteurs de moutarde sont au nombre de 550, pour un total de 12 000 ha de cultures ! « L’APGMB rencontre un joli succès », reconnaît bien volontiers Jérôme Gervais, conseiller à la Chambre d’agriculture de Côte-d’Or. La barre des 14 000 ha aurait même pu être atteinte selon le technicien : « la dynamique est bien là, mais nous avons été contraints de freiner les demandes. En effet, comme chaque année, l’objectif est de répondre au mieux et au plus près de la commande des industriels qui s’élève à 15 000 tonnes pour la campagne qui débute. Pour y parvenir, nous tablons sur un rendement moyen de 13 t/ha sur un total de 12 000 ha, justement. Même avec une marge de sécurité, nous ne pouvions pas nous permettre de semer davantage car ni le devenir, ni le prix d’un éventuel excès de production ne sont garantis ».

Le tarif mais pas que

Le prix inédit, attractif et fixé à l’avance de 2 000 euros la tonne n’est pas la seule raison de ce regain d’intérêt pour la moutarde, selon Jérôme Gervais : « en ne raisonnant que par le prix, nous aurions sans doute terminé entre 8 000 et 9 000 ha. C’est d’ailleurs la surface que nous avions fin août. L’autre explication vient du temps très sec que nous avons eu : beaucoup d’agriculteurs n’ont pas pu semer leur colza ou n’ont pas pris le risque de le faire car la météo n’était vraiment pas propice. Les demandes se sont ainsi multipliées début septembre, pour un total de près de 4 000 ha ». Les trois quarts des 388 nouveaux producteurs ne se sont jamais testés dans la moutarde : « ce sera donc une grande première pour eux, nous leur souhaitons une bonne réussite. Les autres 25 % avaient arrêté la culture plus ou moins récemment suite à des déceptions, la plupart du temps à cause des insectes. La faible pression d’altises observée l’an passé, les nouvelles variétés que nous proposons depuis peu et le rendement final de 17,2 q/ha de 2022 ont été des critères qui ont été forcément pris en compte, en plus du prix, bien évidemment ». Le périmètre de production de la culture de moutarde s’agrandit lui aussi cette année : « la Côte-d’Or continue de concentrer la plupart de la production, soit environ 8 000 des 12 000 ha. L’Yonne progresse très bien en passant de 500 à près de 2 000 ha. Nous avons aussi de nouveaux producteurs dans la Nièvre, en Saône-et-Loire, dans le Jura, la Haute-Saône et la Haute-Marne, bien davantage que les autres années ».

C’est parti

Les semis ont débuté le 25 septembre, juste avant le retour des pluies. « Tout commence très bien, environ 20 % des surfaces ont été semées très rapidement, dans de très bonnes conditions », commente Jérôme Gervais, « nous espérons que cela va continuer ainsi. Ces travaux devraient s’échelonner jusqu’au 20 octobre, comme chaque année, d’après les dates préconisées ». Environ 300 ha de moutarde bio seront semées cet automne, contre seulement 12 l’an passé. « Nous nous lançons dans cette voie depuis deux ans, un rendement encourageant de 11 q/ha a été enregistré cet été. Une dynamique est peut-être en train de s’initier, là aussi », fait remarquer le conseiller de la Chambre d’agriculture. Près de 400 ha moutarde de printemps seront également semés en 2023, principalement en dérobées.