Innovation
Drone : le troisième œil de l'éleveur ?

Fabien Deschizeaux (Ferm'Inov)
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S’il peut apparaître comme un gadget, le drone présente des intérêts dans l’élevage d’aujourd’hui et de demain : gain de temps, support vidéo familier des éleveurs, prise de hauteur et de recul sur le terrain. En Saône-et-Loire, Ferm’inov a démarré en septembre 2022 un essai sur l’intérêt technique et économique de l’utilisation du drone pour la surveillance des animaux au pâturage.

Drone : le troisième œil de l'éleveur ?
Prendre de la hauteur en matière de surveillance des troupeaux est un atout certain.

Le drone s’avère précieux pour surveiller les animaux au pâturage. Grâce à la prise de vue en hauteur, il permet une vue large en passant au-dessus des obstacles : haies, arbres, talus… Grâce à son zoom pouvant aller jusqu’à x56 selon les modèles, il remplit le rôle de jumelles surpuissantes, avec vue aérienne en prime. Facile à prendre en main, les animaux s’y habituent vite : leur surveillance est alors aisée, et leur comportement n'est pas modifié par la présence de l'engin volant. Lors de la visite du lot par l’éleveur, ce n’est pas toujours le cas ! La vue aérienne permet d’avoir rapidement une vision d’ensemble des parcelles et de mieux se rendre compte de l’état de la culture. Il peut être également un bon allié pour vérifier les clôtures électriques en cours de saison : il sera plus rapide qu’un quad ou un marcheur ! Pour les modèles équipés d’une caméra thermique, le repérage de jeunes veaux est un jeu d’enfant. La préservation de la faune est également une corde à mettre à son arc ; la caméra thermique permet, par exemple, de détecter les faons dans les parcelles avant la fauche.

Gain de temps

À Ferm’inov, le drone est utilisé alternativement avec une visite physique des animaux en 4x4. Les temps de surveillance sont enregistrés pour comparer une surveillance assistée comparée à un tour plus classique des lots en véhicule avec franchissement des barrières. Sur le tour quotidien à Ferm’inov, c’est 30 minutes de gagnées par jour. Ce gain est très appréciable en période de pointe. Il y a des conditions de vol à respecter : pas de vol possible par temps de pluie ou grand vent. Lors d’un printemps humide comme 2024, ce moyen de surveillance est d’autant plus intéressant que le véhicule doit rester à la barrière pour ne pas s’embourber… à condition de passer entre les averses ! L’investissement doit se réfléchir. L’offre est diverse avec un budget qui peut aller de 400 à 5 000 euros. Il faut réfléchir à l’utilisation recherchée et prendre en compte le cadre réglementaire. Entre le droit à l’image à respecter par rapport aux voisins et les zones de restriction de vol (à retrouver sur geoportail.gouv.fr) qui sont nombreuses, l’emploi d’un tel outil doit se raisonner. Pour vous aider dans ce choix, un guide de l’Idele vient d’être publié grâce aux différents travaux déployés dans les fermes expérimentales dont Ferm’inov fait partie. Vous pouvez le retrouver sur le site de l’Idele. 

Outil d'appui

L’utilisation de cette nouvelle technologie présente donc de nombreux avantages. Bien sûr il ne remplace pas la visite de l’éleveur auprès de ses animaux ni la relation homme-animal. Il pourra être utilisé lors des périodes de pointe et pour des observations avec un angle de vue différent. Le drone est bien un troisième œil mais ne se substitue pas à l’œil de l’éleveur. Dans le cadre du projet conduit à Ferm’inov des algorithmes utilisant l’intelligence artificielle sont en cours de développement. Ils permettront, via des vols automatiques de drones, de compter avec précision le nombre d’animaux par lot. Bien que cette innovation puisse sembler superflue pour la surveillance de lots de 20 vaches, elle prend tout son sens pour le suivi de centaines d’ovins en alpage.