Chambre d’agriculture
Connaître les lieutenants de louveterie

Chloé Monget
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Le 21 septembre, à l'agropôle du Marault, les élus de la Chambre d'agriculture de la Nièvre étaient réunis avec pour invitée l'association des lieutenants de louveterie de la Nièvre.

Connaître les lieutenants de louveterie
Didier Ramet, président de la Chambre d'agriculture de la Nièvre, avec une partie des membres de l'association des Louvetiers de la Nièvre, dont le président Jean-Luc Goby.

« Nous sommes les seuls agents mandatés par l’État qui soient bénévoles » insiste Jean-Luc Goby, président de l’association des lieutenants de louveterie de la Nièvre invitée lors d’une réunion de la Chambre d’agriculture de la Nièvre, le 21 septembre. Dans ce cadre, Didier Ramet insiste : « nous souhaitons faire découvrir les missions et le fonctionnement de cette association qui a un rôle central dans la Nièvre pour le traitement des dégâts de gibiers. Pour ce faire, nous voudrions épauler financièrement cet organisme ». Ainsi, il propose d’augmenter la subvention de 500 à 1 000 euros.

Missions ?

Pour comprendre les enjeux des lieutenants de louveterie de la Nièvre, Jean-Luc Goby a présenté leurs missions. « Très souvent sur demande des exploitants agricoles, la Préfecture nous sollicite lorsque les dégâts sont importants. Ces requêtes concernent principalement le sanglier et autres ESOD. Pour établir si une battue administrative ou des tirs de nuit sont nécessaires, nous expertisons la situation avant d’engager des moyens. Parfois, un dialogue avec la société de chasse et les propriétaires concernés permet d’engager une pression suffisante en un laps de temps satisfaisant, rendant notre intervention caduque. Nous privilégions ces échanges afin d’éviter des situations conflictuelles. D’ailleurs, souvent par méconnaissance de nos missions nous avons déjà été pris à partie que ce soit indirectement (via la dégradation de nos véhicules) soit directement (en menaçant les lieutenants) ; ce qui est inacceptable. Dans tous les cas, si la Préfecture nous transmet un arrêté d’intervention, nous sommes dans l’obligation d’agir car nous sommes assermentés. Je rappelle aussi que nous ne sommes pas soumis aux règles des plans de chasse dans nos actions ».

Le coût de la passion

Pour effectuer ces interventions, Jean-Luc Goby martèle : « nous sommes une association loi 1901. Nous ne dégageons pas de chiffre d’affaires, et tous nos lieutenants sont bénévoles. Jusqu’ici, nous devons financer personnellement et dans son intégralité notre matériel (fusil, vêtements, chaussures, balles, véhicules 4 x 4, carburant, entretenir à nos frais une petite meute de chiens et assumer les frais vétérinaires etc.). Même si tous les lieutenants sont des gens passionnés, cette situation devient de plus en plus compliquée notamment face à l’augmentation du carburant ». Il souligne aussi que la majorité d’entre eux a également des emplois à temps pleins en parallèle : « il faut bien avoir en tête que lorsqu’une battue de nuit est organisée, nous devons enchaîner sur nos emplois et allier tout cela à notre vie de famille et sociale. Cela est parfois difficile à conjuguer mais nos missions nous tiennent beaucoup à cœur. Ainsi pour être lieutenant, il faut : du temps, un peu d’argent et des connaissances cynégétiques solides ». Concernant le loup, Jean-Luc Goby précise qu’aucune mission de louveterie n’a été faite pour le moment dans le département sur ce sujet, et que seuls les services de l’OFB sont en mesure d’intervenir sur des attaques dont la responsabilité du loup n’est pas exclue. Durant son intervention, une autre problématique a été soulevée : que deviennent les animaux abattus par les lieutenants de louveterie ?

Écoulement

« Nous faisons ce que nous voulons des animaux que nous pouvons abattre durant nos missions. Si autrefois nous avions le droit de donner ces bêtes aux associations et autres Ehpad, aujourd’hui cela n’est plus possible pour des raisons sanitaires. De plus, si une personne souhaite récupérer un animal, il faut qu’il vienne le récupérer à la fin de nos missions – donc souvent de nuit – afin de l’emmener à un atelier de découpe ». Jean-Luc Goby conclut : « actuellement, nous sommes 13 lieutenants de louveterie dans la Nièvre, nous intervenons toujours par groupe de deux. Si une personne souhaite nous joindre, il ne faut pas hésiter à nous contacter via les services de la DDT ».

Retrouvez les louvetiers mandatés pour votre secteur (lien)

Autres sujets

Outre l’association des Lieutenants de Louveterie de la Nièvre, d’autres thèmes ont été abordés durant cette rencontre. Ainsi, Didier Ramet a remercié les employés de la Chambre d’agriculture de la Nièvre pour leur engagement lors d’un « Samedi à la ferme ». Ensuite, les PSN ont été pointés : « Pour le moment, aucun calendrier de dépôt de dossier n’a été dévoilé. Ce qui engendre des problématiques importantes pour les porteurs de projets » détaille Didier Ramet. Dans la même veine, il a souligné le retard de traitement des dossiers PCAE : « Nous avons proposé notre aide à la Région pour le traitement, mais nous n’avons pas eu de retour. Si la situation n’est pas régularisée pour les 650 dossiers en attente, nous courrons à la catastrophe. Cette décentralisation des services, qui ne semble pas fonctionner, est très inquiétante pour l’avenir ». Enfin, la problématique de la formation agricole a été mise en exergue : « Nos formations sont pertinentes face aux nouveaux enjeux climatiques notamment. Je pense qu’il est nécessaire de nous investir pour faire découvrir nos professions aux jeunes de tous horizons. Et dans le cadre de la loi d’orientation agricole, nous espérons pouvoir mettre en place des visites en ferme pour tous les collégiens ».

Pour conclure, Didier Ramet a lancé un travail sur l’accès à l’eau : « Face aux coupures que certaines communes nivernaises ont connues cet été, je pense qu’il faut trouver des solutions via un exercice : comment un village – toute profession confondue – peut tenir 100 jours sans eau (pluie et autre). Il faut que la vie puisse continuer en assurant l’accessibilité à l’eau potable et non potable. La question est donc posée : Comment fait-on ? ». Pour rebondir sur ce point, la technique australienne du Keyline design a été évoquée comme une piste à creuser. Pour rappel, le Keyline design est une technique d’aménagement pour favoriser la régénération des sols et la gestion des eaux. Voir : https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/reportage-journee-mondiale-de-l-eau-qu-est-ce-que-le-keyline-design-cette-technique-venue-d-australie-pour-planter-la-pluie_5725700.html