FDSEA 58
Points de vigilance

Chloé Monget
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Au-delà du bilan des moissons, effectué le 24 juillet, la FDSEA 58, sous l’égide d’Emmanuel Bernard, son président, a tenu à pointer certaines problématiques d’actualité.

Points de vigilance
Entre 2016 et 2022, la Nièvre a perdu environ 15 000 vêlages allaitants, selon les les chiffres transmis par la Chambre d'agriculture de la Nièvre.

Le 24 juillet, après avoir fait un premier bilan des moissons, Emmanuel Bernard, président de la FDSEA 58 a tenu à aborder d’autres sujets et leurs conséquences.

Lanceurs d’alerte

Ainsi, Emmanuel Bernard est revenu sur une alerte lancée par la FDSEA 58 auprès de l’organisation nationale afin de porter le sujet à l’État : « Nous voulions aborder une entité, nommée « On est prêt, Tu flippes ? », qui nous semble être dangereuse pour l’avenir de notre profession mais aussi pour l’image de l’État. Pour rappel, cette page appelle ouvertement à la désobéissance civile et cette association a soutenu les Soulèvements de la Terre. Or, elle a le soutien d’organismes tels que l’ADEME ou encore l’OFB. En fait, cela décrédibilise la parole de l’État. Cela est pour nous une pression de plus sur notre profession qui est inadmissible d’autant plus qu’elle est un acteur actif et dynamique pour la protection de l’environnement. Pour ne donner qu’un exemple, les bâches protégeant les stocks de foin ont presque toutes disparu du paysage grâce à l’investissement fait par les exploitants en matière de bâtiments photovoltaïques permettant de stocker des récoltes ainsi que du matériel ou encore offrir un nouvel habitat pour les animaux. En somme, nous sommes une victime, mais pas LA victime visée réellement. Tous ces mouvements optent pour la facilité en incitant des particuliers à faire des actions parfois violentes contre nos outils de travail, car il est plus simple d’agir ainsi que de se battre pour promulguer des lois ».

Justice

En lien direct avec ce sujet, Emmanuel Bernard évoque également le « traumatisme que cette situation engendre » en rappelant que la MSA a, depuis les événements de Sainte-Sauline, reçu énormément d’appels téléphoniques d’exploitants ressentant un mal-être : « En plus des exigences commerciales, économiques, sanitaires, ils ont l’exigence sociétale qui s’ajoute, ce qui engendre une véritable angoisse pour car ils ont peur d’être, eux aussi, attaqués. Dans ces cas-là, Il ne faut pas rester seul, il faut alerter son entourage pour avoir un soutien, et nous sommes aussi une oreille attentive. Cela vaut également pour la problématique lupine qui devient de plus en plus pressante dans le département ». Pour ce sujet, Emmanuel Bernard martèle : « dès qu’une mort est suspecte, il faut la déclarer, il faut aussi tout faire pour avoir des preuves, avec des photos ou encore des vidéos afin d’obtenir la justice que l’on mérite. Car les exploitants ou encore les forestiers sont les premiers à protéger leur environnement tout en l’entretenant comme il se doit ». Il conclut : « nos métiers agricoles, ou para-agricoles, ont un avenir car ils sont en accord avec les enjeux actuels. Malgré tout, force est de constater qu’ils sont méconnus par les jeunes et qu’il est nécessaire de continuer à ouvrir nos portes aux personnes d’autres horizons afin que le renouvellement des générations puisse s’opérer dans ces secteurs professionnels. L’agriculture est en train de se métamorphoser, et nous nous devons d’aider cette transformation. Ainsi, afin de promouvoir tout cela, la Chambre d’agriculture organise une grande rencontre le vendredi 15 septembre, durant le marché du Square de la Place de la Résistance, afin d’expliquer nos professions – soit la veille de la deuxième édition d’un Samedi à la ferme qui aura lieu cette année à Urzy ».

Baisse du nombre de vêlages

Emmanuel Bernard, président de la FDSEA 58, accompagné par Didier Ramet, président de la Chambre d’agriculture de la Nièvre, ont poursuivi en rappelant que le nombre de vêlages dans les exploitations continuait de baisser. Parmi les explications, les deux présidents évoquent un manque de main-d’œuvre ou encore des exploitants développant leurs activités via des ateliers de diversification. Ils insistent : « en baissant les vêlages, la stabilité économique d’une ferme peut-être fragilisée. Il faut que l’action soit réfléchie et pertinente pour la santé financière d’une exploitation car une production minime est requise pour dégager un salaire. Il faut donner les bons signaux aux jeunes et des réponses doivent être apportées pour toute la filière. Parmi elles, la sécurisation des fourrages est indispensable et pour ce faire la recherche est notre meilleure alliée pour trouver des espèces rustiques et adaptées au changement climatique ». Ils s’accordent aussi sur « l’importance des contrats offrant une visibilité assurée sur la trésorerie ou encore celle de l’engraissement » qui « présente, pour les femelles, moins d’aléas de revenus qu’avec le maigre, notamment face aux problématiques sanitaires » avant d’ajouter : « en plus, engraisser ses animaux permet de faire travailler le reste de la filière localement comme les abattoirs ». Emmanuel Bernard martèle : « Il ne faut pas perdre les outils de valorisation, comme cela a pu être le cas pour les productions végétales. Nous devons nous réinventer afin d’assurer la pérennité des agricultures de la Nièvre ; car il y a autant de pratiques que d’exploitations, ce qui est beau à voir et nécessaire à mettre en avant ».