Avenir de l'agriculture
Le rôle des conseillers va aussi devoir évoluer

Berty Robert
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Nous poursuivons notre série d’articles en lien avec le rapport « Imaginer demain – Agir maintenant » qui concrétise les réflexions et les axes de développement possibles pour l’agriculture régionale à l’horizon 2040. Troisième épisode : le regard des conseillers sur les besoins des agriculteurs et sur leurs propres attentes. Beaucoup souhaitent travailler avec des approches plus globales, mêlant les enjeux.

Le rôle des conseillers va aussi devoir évoluer
Les conseillers du monde agricole vont sans doute voir leur rôle et leurs fonctions évoluer, en lien avec les mutations qui attendent le secteur. Beaucoup en sont conscients et sont en attente d'une montée en compétences et de plus de transversalité dans leur travail. (Crédit Réussir SA)

Le rapport « Imaginer demain - Agir maintenant », présenté fin juin à Genlis, en Côte-d’Or, offre une dimension intéressante dans la mesure où il aborde cette réflexion sur l’avenir de l’agriculture en Bourgogne Franche-Comté (BFC) à l’horizon 2040 sous un angle global. Les agriculteurs n’ont pas été les seuls à faire part de leurs inquiétudes, leurs attentes, ou des solutions qu’ils ont pu mettre en œuvre pour s’adapter au changement climatique et aux nombreux autres enjeux qui conditionnent la pérennité de cette agriculture. L’enquête a aussi questionné des conseillers de l’agriculture. Voyons donc aujourd’hui ce que ces derniers perçoivent des besoins d’accompagnement des agriculteurs régionaux. Ces conseillers travaillent bien sûr pour le réseau des Chambres d’agriculture mais aussi pour des centres de gestion économique ou foncière, des coopératives, le secteur bancaire ou des syndicats. Sur les perspectives à 10 ou 15 ans, ces conseillers se montrent partagés : 49 % s’affirmant plutôt pessimistes et 47 % plutôt confiants. Leurs sujets d’inquiétude tiennent aux capacités économiques des exploitations pour affronter les défis futurs, très nombreux. La complexité réglementaire et en permanence mouvante est pointée. Mais beaucoup de conseillers reconnaissent également l’extraordinaire capacité d’adaptation du monde agricole, son aptitude à innover par lui-même.

Faire face à des freins

Pour les conseillers, les enjeux principaux à l’horizon 2040 sont la ressource en eau, l’adaptation au changement climatique, la rémunération et le partage de la valeur ajoutée, le rôle nourricier de l’agriculture, le renouvellement des générations, l’occupation équilibrée du territoire, le maintien d’une diversité de production. 95 % des conseillers interrogés estiment nécessaire, dans ce contexte, de renforcer l’accompagnement des agriculteurs en matière de pilotage des exploitations, de modernisation et de développement, de transmission, d’adaptation, de ressources humaines, de gestion administrative ou encore de structuration de filières. Il faudra faire face à un certain nombre de freins très bien identifiés par ces conseillers qui sont au carrefour de nombreuses réalités :

- risques économiques et financiers liés au changement de pratique

- manque de repères technico-économiques et d’exemples concrets sur les nouvelles pratiques

- manque de temps à dégager pour la mise en place des évolutions

- peur du changement et poids des habitudes

- manque de visibilité à moyen et long terme, notamment économique

- lourdeurs administratives et réglementaires qui freinent des projets

- pressions sociétales, familiales, regard des autres agriculteurs

- pressions potentielles des fournisseurs d’intrants.

Renforcer les compétences

Pour conclure, quels sont les besoins en compétences qui permettraient à ces conseillers d’accompagner au mieux les agriculteurs à l’avenir ? Ils sont demandeurs d’un approfondissement de leurs compétences sur les stratégies de filières, mais aussi sur le développement de nouveaux circuits de commercialisation ou la diversification des productions. Se renforcer sur les démarches environnementales n’apparaît pas non plus inutile. L’accompagnement à la transmission réclame, là aussi de leur part, une montée en compétences. C’est un des gros enjeux de l’avenir. L’immense majorité des conseillers interrogés souhaite aussi renforcer sa technicité en matière de conseil à l’adaptation des exploitations, en particulier pour les pratiques environnementales et la gestion de la ressource en eau. La question des ressources humaines, en lien direct avec l’amélioration des conditions de vie des agriculteurs, est encore un autre grand domaine dans lequel les conseillers estiment de voir gagner en compétences à l’avenir. De manière générale, les conseillers ayant participé à l’enquête témoignent d’une volonté réelle de travailler plus en transversalité, que ce soit en interne à leur structure ou entre structures. Ils y voient le moyen de proposer aux agriculteurs une vision plus globale de leurs exploitations en développant des approches systémiques.