Engrais azotés
La coop Bourgogne du Sud cherche à s'adapter aux hausses d'engrais

Françoise Thomas
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Les cours des engrais azotés ont été multipliés par deux en un an et par trois voire, quatre, en deux ans ! En cause : la flambée des prix des matières premières et de l’énergie partout dans le monde sur fonds de fortes tensions militaires et de guerres commerciales. Un contexte international que la coopérative Bourgogne du Sud tente de temporiser au mieux, alors que de nouvelles réglementations pourraient venir en rajouter une couche sur les conditions d’approvisionnement.

La coop Bourgogne du Sud cherche à s'adapter aux hausses d'engrais
Sur le terrain, il faut jongler entre hausse des prix et disponibilité des produits restreinte...

Même si les cours des céréales suivent globalement depuis mars 2020 une tendance haussière, les augmentations ne sont pas du niveau de celles observées pour les engrais ou les énergies. Ainsi, la stratégie déployée depuis ce début de campagne par Bourgogne du Sud a été d’anticiper au maximum les achats et ce « tout autant pour une question de capacité financière que dans une logique de stockage, pour garantir l’approvisionnement à nos adhérents le moment venu », explique Lionel Borey, le président de la coopérative. Quant à s’orienter, sur le terrain, vers d’autres cultures, il le rappelle : « nous sommes déjà dans une zone où la diversification des assolements est importante, tout le monde est engagé dans cette démarche depuis plusieurs années ». Il reste peu de marge de manœuvre donc de ce côté-ci.

La juste dose

Là où la coopérative peut en revanche accompagner ses adhérents, c’est sur l’efficience des engrais. « C’est un raisonnement habituel, mais d’autant plus exacerbé cette année par le contexte de prix ». Lionel Borey insistant sur le fait qu’il s’agit plus que jamais « d’apporter l’unité d’azote la plus efficace possible, et si elle ne se justifie pas, de ne pas l’apporter ». Pour cela, l’accompagnement par les techniciens de la coopérative peut se faire via des outils de pilotage, d’analyse de reliquat et de sols, des bilans de fertilisation, que ce soit en prévisionnel comme en suivi de culture. De plus, alors que la filière s’organise tout autant pour optimiser ses recours aux engrais que pour anticiper au mieux ses approvisionnements, un projet de réglementation vient jeter une couche d’inquiétude supplémentaire.

Opportunité à saisir

En août 2020, l’explosion meurtrière et dévastatrice du port de Beyrouth a rappelé au monde entier l’extrême dangerosité d’un mauvais stockage des ammonitrates. En France, une mission relative à la gestion des risques autour de ces produits avait été lancée ces derniers mois. Il en est ressorti un projet de réglementation préconisant un maximum de stockage de 150 tonnes des produits à base d’ammonitrate (contre actuellement 500 tonnes en big-bags et 250 tonnes en vrac). Cependant, si ce projet de réglementation peut sembler « mal à propos vu le contexte », Lionel Borey veut aussi voir qu’il « tombe bien, car cela permet d’alerter sur les enjeux de la chaîne d’approvisionnement et sur ceux de la logistique ». Ainsi, Bourgogne du Sud a décidé d’alerter par courrier l’ensemble des parlementaires de Saône-et-Loire notamment, pour les sensibiliser à la question, entre les coûts générés et les risques que cela laisse planer sur la capacité pour les agriculteurs à disposer en temps et en heure des produits nécessaires.