Productions végétales
La nécessité de se diversifier

AG
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Un producteur céréalier de Saint-Romain se lance dans la fabrication de farine de blé avec sa fille en cours d'installation.

La nécessité de se diversifier
Frédéric Vard va investir dans un moulin à meule de pierre et aller « au bout » du produit en vendant de la farine bio.

Les terres superficielles des hautes côtes de Beaune ne sont plus viables dans leur système traditionnel. Telle est la conclusion de Frédéric Vard, exploitant agricole à Saint-Romain. La rotation colza - blé - orge n’est plus rémunératrice avec des rendements de colza passés d’une moyenne de 30 à moins de 25 q/ha en quelques années, la faute aux altises. « Le blé et l’orge ne sont guère mieux lotis ici, ils plafonnent à 60 q/ha sur ma ferme et ne permettent pas de vivre dignement du métier. Les cours céréaliers sont en hausse ces derniers mois mais ceux des intrants en font tout autant, faut-il le rappeler ? La course à l’agrandissement n’a pas été une solution pour moi : elle ne m’a pas permis de sortir de meilleures marges, on ne vit pas mieux qu’avant », commente l’agriculteur de 56 ans, qui a décidé de prendre le chemin du bio en 2016. « C’était ça ou j’arrêtais, il fallait trouver quelque chose car ce n’était plus possible », poursuit le gérant de la ferme de Brully. Celui-ci rencontre là aussi des difficultés à passer l’intégralité de sa ferme en AB : « je vais réussir mais que c’est long et compliqué… Je suis dans une zone de captage et je pensais être davantage aidé, mais non… J’ai créé une seconde société pour toucher des soutiens supplémentaires mais cela ne va pas chercher bien loin malheureusement. Je n’ai aujourd’hui qu’une partie de mes terres en bio, l’intégralité ne le sera que d’ici cinq ou six ans. C’est vraiment dommage : les conversions devraient être à mon sens davantage soutenues, quitte à instaurer des pénalités pour les exploitations qui retournent par la suite en conventionnel. D’ailleurs, si les cours conventionnels se maintiennent, les retours en arrière pourraient se multiplier dans un avenir très proche ».

Cap sur la transformation

La volonté de passer en agriculture biologique a été accompagnée d’un projet de diversification, en lien avec la fabrication et la vente de farine de blé : « cette idée a vite émergé. Ma fille Marie-Émilie, 22 ans, s’installera au mois de juillet et avait un feeling elle aussi pour cette production. Nous voulons aller au bout du produit en dégageant une marge supplémentaire. Nous nous sommes déjà testés dans la vente autour de chez nous, avec du blé C2 et des sacs de 2 kg proposés au prix de 4 euros. À ce tarif, la marge est au rendez-vous. Notre temps de travail est comptabilisé dans le prix : c’est bien la première fois que cela m’arrive depuis mon installation en 1989 ». L’investissement dans un moulin et tout le matériel nécessaire (décortiqueuse, brosse, local…) pour fabriquer, stocker et vendre de la farine se chiffrera entre 80 000 et 100 000 euros : « pour l’instant, nous avons recours à de la prestation, avec l’aide de Bastien Garnier d’Épernay-sous-Gevrey qui s’est récemment procuré un moulin. Nous nous testons sur de petits volumes pour le moment. Plusieurs visites ont été effectuées en amont pour bien se renseigner sur cette nouvelle activité : Emmanuel Raillard, à Montigny-sur-Vingeanne, nous a notamment donné de bons conseils et de bonnes adresses. Nous utilisons aujourd’hui la variété Togano, mais nous allons rapidement nous orienter vers des blés anciens, toujours dans une recherche de valorisation ». Contact : 07 71 67 27 50.