Une race atypique
Magazine : reconnaissance du boeuf japonais Wagyu

Patricia Flochon
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L’association française des éleveurs de bœuf japonais de race Wagyu devrait très bientôt obtenir son agrément en tant qu’organisme de sélection. Explications de Philippe Prévost, son président, éleveur à Foissiat dans l’Ain.

Magazine : reconnaissance du boeuf japonais Wagyu
Philippe Prévost, éleveur à Foissiat, dans l'Ain, et président de l’association française des éleveurs de Wagyu.

La réputation de la viande de Wagyu, une race de bœuf japonaise, n’est plus à faire. Qui mieux que Philippe Prévost, éleveur à Foissiat, près de Bourg-en-Bresse, dans l’Ain, pour en parler ? Comptant parmi les tout premiers à élever la race en France, il est aujourd’hui à la tête d’un cheptel de 180 bêtes, pour moitié de race Charolaise et pour autre moitié de race Wagyu avec à son actif une soixantaine de naissances de Wagyu par an. Vétérinaire de formation et éleveur de chevaux de sport, c’est en 2009 qu’il commence à s’intéresser à la race avec son épouse Pascale. En 2015, il crée l’association française des éleveurs de Wagyu, avec pour objectif de « promouvoir la race dans l’hexagone, de préserver la lignée pure race, de maintenir et de quantifier la qualité de la viande française présente sur le marché ».

Trente éleveurs en France

Forte aujourd’hui d’une trentaine d’éleveurs adhérents, ce qui représente quelque 2 000 têtes de Wagyu pure race (sachant que selon les estimations, une soixantaine d’exploitations françaises élèvent du Wagyu), l’association passe à la vitesse supérieure afin de mettre en place un système de certification des animaux. Explications de Philippe Prévost, président de l’association : « Nous avons obtenu notre code race en janvier 2018 : le numéro 13. Selon la législation européenne sur la gestion des races, une race doit être gérée par un organisme de sélection (OS). Nous avons déposé le dossier en 2022. Il faut démontrer que l’on a les outils et la puissance financière pour gérer une race et agréer les reproducteurs… Aujourd’hui, les éleveurs français n’ont pas le droit de commercialiser la semence tant que l’on n’a pas un organisme de sélection qui approuve un taureau ». Pour la reproduction, les éleveurs achetaient jusqu’à présent des semences et embryons principalement en provenance d’Australie, des États-Unis, du Canada et d’Argentine. Pour la création du futur Herd book de la race, l’association sera aidée par l’Inrae et l’Institut de l’élevage (Idele). « Tout est en place. Les animaux sont déjà dans la base de données nationale. Les outils existent, les personnels compétents aussi. Tout devrait être finalisé très prochainement », espère Philippe Prévost.

Mettre en place une certification

Concernant la future organisation, l’éleveur est confiant : « Il y a une structure qui s’occupe des races à petits effectifs. L’Angus, par exemple, a vu son OS être approuvé il y a quelques mois. L’idée est de se partager un technicien. L’intérêt d’être déclaré comme une race effective est de pouvoir aussi accéder à des aides de l’État pour les races à faibles effectifs pour la gestion du Herd book. La seconde étape sera la mise en place d’une sorte de label qualité. Le Wagyu, c’est un état d’esprit. Ce sont des animaux, une race et une viande d’exception. Il en faut pour toutes les bourses, mais ce que l’on ne veut pas, c’est que le consommateur paie le prix A pour manger du C. La viande de Wagyu qui vient d’Espagne par exemple, ça nous fait du tort ! ». Objectif, donc : mettre en place un système de certification qui sera délivrée à chaque bête pure race abattue, ainsi qu’un système de notation pour certifier le marbrage unique du Wagyu français. Pour rappel, les éleveurs qui vendent leur Wagyu en boucherie artisanale en obtiennent de 17 à 22 €/kg de carcasse. Et Philippe Prévost de préciser : « Pour faire un bon Wagyu, il faut environ trois ans et demi. Il faut généralement trois embryons, une bonne alimentation, des soins vétérinaires… donc ça coûte cher. L’OS permettra une commercialisation facile des animaux et des embryons, y compris à l’étranger ».