Spiritueux
Des gins et whiskys aux saveurs du Poitou

Élisabeth Hersand
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Du gin et du whisky fabriqués à deux pas de Poitiers, c’est le défi qu’ont relevé deux amis d’enfance, Morgan Rochais et Boris Thévenet.

Des gins et whiskys aux saveurs du Poitou

L’histoire débute par celle de deux amis d’enfance, Morgan Rochais et Boris Thévenet. Qui sont tous les deux devenus passionnés de whisky. Et qui ont ensuite créé un club de dégustation dans la Vienne. « Cela nous a permis de découvrir de nombreux whiskys, mais aussi de visiter des distilleries et de rencontrer des professionnels de la filière, lors de salons » explique Boris Thévenet. « Et on s’est dit qu’on pouvait peut-être essayer d’en faire nous-mêmes ». Avec Morgan Rochais, il crée donc en juin 2020, à deux pas de Poitiers, la distillerie du Poitou, et la marque M & B Spirits, qui reprend les initiales des prénoms des deux amis. « On a commencé par faire de l’affinage, et puis on a vite eu envie d’aller plus loin ». Boris Thévenet, qui était alors opticien et envisageait une reconversion, décide d’en faire sa seule activité à la fin de l’année 2020. « On a eu beaucoup de démarches à réaliser, notamment avec les douanes » explique-t-il avant de préciser que l’entreprise est la seule du département à avoir l’autorisation de détenir de l’alcool pur. À ses côtés, Morgan Rochais a, lui, choisi de garder son activité professionnelle. « C’est lui qui réalise le brassage de l’orge maltée, le week-end ».

Approvisionnement local

Une matière première que les deux chefs d’entreprise achètent à la malterie de l’Ouest, à côté de Saint-Jean-d’Angély. « L’orge qu’ils utilisent vient des alentours » précise Boris Thévenet, qui tient absolument à s’approvisionner en local. Après le premier brassage réalisé par Morgan Rochais, vient l’étape de la distillation, qui se déroule à Saint-Julien-l’Ars. « On a commencé avec un alambic de 30 litres. Ça m’a permis de me faire la main ». Désormais, la distillerie dispose d’un deuxième alambic de 300 litres. Une fois distillé (en près de 16 semaines, puisque les deux amateurs ont sélectionné des levures lentes), le whisky doit être vieilli durant 3 ans avant de pouvoir être vendu sous l’appellation whisky. Installé dans un ancien fût de pineau, le premier breuvage produit par la distillerie ne pourra donc être commercialisé qu’en septembre 2023. Mais pas de panique, depuis débuts septembre, il est possible d’effectuer des précommandes pour ce premier whisky M & B, que les créateurs annoncent légèrement tourbé, avec un degré d’alcool dans les alentours de 46°. « Nous avons actuellement 220 l dans ce fut. Mais on ne sait pas combien il y en aura dans un an, car c’est un produit vivant : il y a une part d’évaporation, et le degré d’alcool baisse aussi ». Juste après distillation, le breuvage atteignait 67,5°…

Du gin aussi

En attendant de pouvoir commercialiser ce whisky, Morgan Rochais et Boris Thévenet ont eu envie de commencer à faire exister leur marque, en se lançant dans la fabrication de gins et spiritueux. « On a voulu aller vers le local » redit Boris Thévenet en désignant la bouteille de gin à la truffe. Le « Diamant noir » est réalisé avec une base de distillat de blé, dans laquelle des truffes, des Deux-Sèvres, sont mises à macérer avant distillation, et également après, et dans laquelle sont aussi ajoutées de la vanille et de la muscade. « C’est un mélange très subtil, mais qui a nécessité de nombreux tests. La truffe est un arôme très volatil, et il a fallu travailler pour qu’il reste, et que ce ne soit pas non plus écœurant… ». Autre travail avec un produit local : l’épine. « Les pousses d’épine ont été ramassées par une connaissance, qui fabrique de l’épine depuis des années, en Vendée ». Près de 5 kg d’épine ont été mises à macérer pendant trois semaines, fin avril, et sont désormais distillés, au fur et à mesure des besoins. Comme pour la truffe, de nombreux tests ont été réalisés avant de trouver un mélange idéal, qui comprend aussi des baies de genièvre et de la vanille. « Ce qui nous a surpris, c’est de nous rendre compte, après coup, qu’en allongeant ce gin avec un tonic, on arrive à une boisson qui rappelle vraiment l’épine qu’on boit à l’apéritif… » Contrairement au whisky, pour lequel il faudra encore attendre un an avant de déguster, M & B propose déjà 4 gins et un spiritueux, qui peuvent être achetés via le site internet, et qui sont également disponibles chez des restaurateurs de la Vienne, à Niort, La Rochelle, Tours, ou en Vendée. « Ce qu’on veut, c’est étoffer la gamme. Et j’ai plein d’idées ! » sourit Boris Thévenet. Toujours dans leur optique de privilégier le local, les associés aimeraient trouver un producteur d’orge dans la Vienne, pour faire malter ses grains. « On aimerait aussi trouver de la citronnelle locale ». L’appel est lancé !

Les différents gin sont distillés dans un alambic situé à deux pas de Poitiers.