Énergies
Le photovoltaïque, une alternative pertinente mais pas indispensable

Axel Poulain
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« Le photovoltaïque oui, mais pas n’importe comment et pas avec n’importe qui ! » L’association Initiativ’retraite présente les alternatives viables depuis la flambée des prix depuis 2020 en électricité, avec le photovoltaïque en tête de file. Éléments de contexte, avantages et points de vigilance.

Le photovoltaïque, une alternative pertinente mais pas indispensable
Si l’énergie photovoltaïque est une solution viable en matière d’énergie, la vigilance doit être de mise sur bon nombre de facteurs : zone d’implantation, choix des prestataires, rentabilité… (Crédit photo AdobeStock)

Le photovoltaïque est une énergie « très à la mode ces dernières années » et qui a engendré bon nombre de publicités, démarchages téléphoniques et arrivée d’acteurs sur le marché, etc. En parallèle, on constate une méconnaissance importante du photovoltaïque, une sensibilisation de plus en plus forte des consommateurs aux enjeux du climat et un investissement pouvant être rentable à moyen ou long terme, si le projet est bien étudié.

Rémi Perrin, conseiller énergie en entreprise chez Edel42 (Énergie durable dans les entreprises de la Loire) et Hassine Mani, président fondateur d’Eco (Énergie conseil optimisation), conseillent tous deux de « se renseigner, temporiser, comparer, questionner, échanger et se faire accompagner » avant d’opter pour la solution photovoltaïque. Il existe en effet un risque important de faire un mauvais choix, en raison du nombre d’éléments à prendre en compte.

Factuellement, le photovoltaïque est l’une des solutions pour lutter contre la hausse de la facture d’électricité (+ 52 % depuis 2018 pour un client moyen). « Pour autant, ce n’est pas une solution miracle, alerte Hassine Mani. Le photovoltaïque reste une solution sur du long terme. Aujourd’hui, on connaît le prix de l’électricité, mais on ne sait pas combien on la paiera dans cinq ou dix ans. Quand on fait un investissement photovoltaïque, lorsque l’on parvient à autoconsommer à 30 ou 40 % avec ses panneaux, c’est toujours cela de pris ».

Vigilance en tous points

Cette alternative énergétique doit toutefois être réfléchie en amont, car elle n’est pas adaptée à tous les consommateurs : « Quand on paye moins de 1 200 euros d’électricité par an, cela ne vaut pas forcément le coup. À partir de cette somme, la réflexion commence à être intéressante », explique le fondateur d’Éco. Pour être rentable, nombreux sont les paramètres à prendre en compte : montant de l’investissement, consommation à effacer (petit ou gros consommateur) et prix de l’électricité. Les deux hommes précisent que le temps de retour sur investissement peut varier de cinq à vingt ans.

Remi Perrin revient sur les différents facteurs sur lesquels il faut être méfiants lorsque l’intérêt pour le photovoltaïque se manifeste. La zone d’implantation, tout d’abord : trouve-t-on, à proximité, des activités générant de la poussière ou de la pollution, une zone classée ou un aéroport/aérodrome/aéroclub ? Il est intéressant, à défaut d’être indispensable, de prendre le temps de se renseigner sur l’existence éventuelle d’installations photovoltaïques dans les alentours : en effet, si c’est le cas, alors les doutes peuvent être levés.

L’orientation des panneaux par rapport au soleil et leur inclinaison sont également des éléments à prendre en compte. Dernier point de vigilance et non des moindres, la question de l’ombrage nécessite une véritable réflexion, en ce sens que la présence d’obstacles proches (arbre, pylône) ou lointains (montagnes, collines) peut bloquer le rayonnement solaire, réduisant la production et la rentabilité.

Faire le bon choix de ses prestataires demande par ailleurs un vrai questionnement, accompagné d’un brin de méfiance. Voici donc plusieurs conseils recommandés par les deux experts : un bon installateur n’a pas le temps de faire du démarchage, il est donc préférable de laisser de côté les quelconques propositions ou sollicitations par téléphone, porte-à-porte ou encore courriel. La proximité joue également un rôle important : il vaut mieux privilégier des artisans locaux et le bouche-à-oreille, cela assure une meilleure réactivité en cas de panne et pour leur image locale. Pour éviter les abus et avoir en sa possession plusieurs points de vue et de la matière, il convient de solliciter au moins deux devis, si ce n’est trois. Enfin, se faire accompagner de conseillers et de bureaux d’études spécialisés si besoin peut permettre de gagner du temps et de recevoir un avis indépendant et objectif. « Ne signez rien sans évaluer et comparer votre devis, souligne Rémi Perrin. Évitez les structures nationales qui font la publicité à la TV et privilégiez les installateurs locaux recommandés et testés par vos proches et amis ».

Investissements et rentabilité

Passé ces points de vigilance et de méfiance, l’heure en est à la question de l’argent sous toutes ses formes : investissements et rentabilité.

En matière d’investissements, la fourchette de prix se veut assez large, car elle résulte de nombreux facteurs : la technologie des panneaux et onduleurs, la provenance du matériel, les frais et marges des différents intervenants, les difficultés du chantier (nombre d’étages, mode de pose, etc.). Pour autant, le budget à prévoir est lui aussi variable. Les deux experts donnent pour exemple trois scénarios : entre 6 500 et 10 000 euros TTC pour 3 kWc (kilowatts crête), entre 10 000 et 15 000 euros TTC pour 6 kWc, entre 15 000 et 20 000 euros TTC pour 9 kWc.

Aussi, l’investissement, les coûts de maintenance et la rentabilité d’un projet photovoltaïque dépendent de plusieurs détails : la puissance, le système d’intégration, le raccordement, le contexte, le taux d’autoconsommation, le coût de l’énergie, etc. Ces investissements évoluent en fonction du mode de production d’énergie photovoltaïque (voir encadré 1) : en revente totale, les temps de retour actuels sont de l’ordre de 9 à 12 ans ; en autoconsommation avec revente du surplus, l’estimation est bien plus complexe en raison du taux d’autoconsommation directement lié aux consommations ou encore de l’évolution du prix de l’électricité. Chaque projet a donc ses spécificités et sa propre rentabilité. En tout cas, un investissement dans le photovoltaïque présente un risque très faible. Par ailleurs, une fois amortie, l’installation photovoltaïque est une source de revenus sûre et régulière (tous les ans, le surplus est payé, ndlr). « Le photovoltaïque est une démarche très pertinente et qui fonctionne bien. Mais ce n’est pas ce qu’il faut faire en premier. Il faut commencer à se poser les bonnes questions, notamment comment économiser de l’énergie dans ma façon de vivre ? » assurent les deux spécialistes.

Trois modes de production

Il existe trois modes de production d’énergie photovoltaïque. Tout d’abord, la revente totale de l’électricité produite ou vente en totalité. Cela signifie que l’intégralité de l’énergie produite est vendue et injectée sur le réseau à un prix fixe sur toute la durée du contrat d’achat (20 ans). Ce mode génère uniquement des revenus. Ensuite, l’autoconsommation partielle avec injection et vente du surplus (AVS) à un prix fixe sur toute la durée du contrat d’achat induit que toute l’énergie photovoltaïque non autoconsommée est injectée sur le réseau électrique. Cette pratique produit à la fois des revenus et des économies sur les factures d’électricité. Enfin, l’autoconsommation totale sans injection d’électricité sur le réseau engendre uniquement des économies. Quelques précisions sont toutefois nécessaires : autoconsommation ne veut pas dire autonomie ; le surplus peut être injecté dans le réseau, mais peut aussi ne pas l’être.

Trouver un bon prestataire et optimiser son contrat énergie

Faire appel à un installateur photovoltaïque pour la pose de panneaux solaires est primordial. En effet, ce professionnel est censé maîtriser le principe de l’énergie solaire et donc, être en mesure d’estimer précisément l’énergie qui va être produite, mais aussi de conseiller son client (s’il le souhaite) vers de l’autoconsommation ou de la revente totale ou partielle. Toutefois, les installateurs photovoltaïques sont légion : une juriste livre quelques conseils pour ne pas tomber dans certains pièges ou, a minima, se tenir informé.

Plusieurs scénarios doivent faire l’objet d’une vigilance toute particulière : un changement de direction avec cession d’actions ou encore une entreprise dont les capitaux propres deviennent inférieurs à la moitié du capital social, etc. Il est fortement conseillé de se renseigner en consultant des sites comme societe.com ou bodacc.fr (journal d’annonces légales, ndlr), lesquels permettent de se tenir au courant de la situation professionnelle et économique des différentes enseignes.

À l’heure de s’entendre sur un éventuel contrat, la juriste précise qu’il est impératif de bien prendre connaissance des particularités des conventions auxquelles on souscrit : la compréhension des Conditions générales et spécifiques de vente (CGV) est nécessaire. Aussi, il est à noter que les principaux éléments lors de la souscription, ainsi que les pièces justificatives à fournir, peuvent être variables d’un contractant à l’autre. Elle met enfin l’accent sur de nombreux éléments à retrouver dans le contrat et sur lesquels les différentes parties doivent s’entendre : durée, contenu de l’offre et qualité des services associés, conditions de résiliation et de reconduction du contrat, prix et coûts additionnels, étude approfondie des conditions contractuelles (les tarifs sont-ils identiques tout au long du contrat ou sont-elles amenées à évoluer ?), possibilités du cocontractant de modifier unilatéralement ou non, etc.