FDSEA
Une réunion technique sur l’autonomie et la résilience des exploitations

FDSEA de l’Yonne
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Pour faire suite à l’assemblée générale de la FDSEA sur l’impact du conflit en Ukraine sur l’agriculture, les sections végétale et productions animales de la FDSEA de l’Yonne ont organisé une réunion technique sur l’autonomie et la résilience des exploitations agricoles icaunaises, le 7 juin au siège de la FDSEA. À cette occasion, Lisa Delesse d’Alysé et Michael Geloen de Terres Inovia sont intervenus auprès des adhérents de la FDSEA pour leur présenter des pistes de leviers à actionner.

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La FDSEA de l’Yonne a organisé une réunion technique sur l’autonomie et la résilience des exploitations agricoles icaunaises le 7 juin à Auxerre.

Lisa Delesse, experte en économie laitière chez Alysé, est revenue sur les conséquences de la guerre en Ukraine sur les intrants et sur les interrogations liées perspectives du marché qui en découlent, lors de cette réunion, du 7 juin, à Auxerre. Des simulations d’impacts sur les coûts de production des différents systèmes de productions animales selon le prix des aliments achetés, des carburants et des engrais montrent que les systèmes bovins viande sont encore plus impactés que les systèmes bovins lait et que les systèmes laits avec transformation fromagère semblent correspondre aux systèmes les plus résilients. Lisa Delesse préconise aux éleveurs, dans un premier temps, d’analyser les marges de manœuvre sur les intrants. Cela passe, par exemple, par le fait de travailler sur l’efficacité des concentrés et sur l’amélioration de la teneur azotée du fourrage. Elle conseille également d’adapter ses pratiques en valorisant au mieux le pâturage et insiste sur l’intérêt de l’ensilage d’herbe précoce et de la luzerne pour atteindre l’autonomie protéique. Cependant, selon l’experte d’Alysé, le premier levier à actionner concerne le foncier : améliorer son parcellaire, par exemple par des échanges, pour limiter ses coûts en carburant et temps passé.

Des économies possibles à l’échelle de la rotation

Concernant la production végétale, Michael Geloen, ingénieur développement régional BFC chez Terres Inovia, a insisté sur le fait de bien fixer son objectif de rendement agronomiquement acceptable pour déterminer la dose d’engrais à apporter. Le rendement maximal n’est pas forcément l’objectif à atteindre. Avec le prix actuel des engrais, il peut être parfois plus rentable de diminuer son objectif de rendement, dont la perte par rapport au rendement maximal sera compensée par l’économie en engrais. L’ingénieur agronome est également revenu sur l’importance de faire des pesées entrées hiver sur les colzas. En effet, l’estimation des pesées entrée et sortie hiver permet de mieux connaître les besoins en azote et de faire des économies. Enfin, il a rappelé l’intérêt azoté des couverts et celui des légumineuses comme plantes compagnes, qui relarguent également de l’azote bénéfique pour la culture en N + 1 (exemple du blé après colza). L’association de légumineuse permet en plus de contribuer à la réduction des dégâts d’insecte d’automne sur colza. Michael Geloen préconise d’ailleurs pour les colzas de bien faire attention à sa densité de semis : une densité de semis plus faible et donc moins de pieds au mètre carré permettent d’obtenir plus de biomasse par plante et donc une meilleure résistance aux insectes. C’est la biomasse d’automne qui conditionne la résistance aux insectes. Selon lui, des économies d’engrais et de produits phytosanitaires, tout en conservant un système aussi rentable, sont possibles : la clé est de raisonner à l’échelle de sa rotation.