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Assemblée Générale de la FDSEA 89

Voir plus loin que la PAC…

La FDSEA de l’Yonne a tenu son assemblée générale ce vendredi à Jussy, avec pour thème principal l’après PAC et un appel à se mobiliser dans les filières pour mieux anticiper l’avenir.
Par Dominique bernerd
Voir plus loin que la PAC…
Gilles Robillard, secrétaire général adjoint à la FDSEA de l’Yonne
C’est devant une salle comble que s’est ouverte l’assemblée générale de la FDSEA de l’Yonne, qui avait choisi pour thème de ses travaux cette année, «Voir plus loin que la PAC, l’avenir de l’agriculture nous appartient !» Avec comme idée forte, un renforcement des filières pour mieux anticiper une baisse des aides communautaires, qui devrait se confirmer un peu plus dans les années à venir. Une assemblée générale à laquelle participait le président de la Fédération française des producteurs d’oléagineux et de protéagineux (FOP), Gérard Tubery, qui est revenu longuement dans ses propos, sur toutes les opportunités qu’offrait la filière, en matière de débouchés. Notamment les perspectives nouvelles apportées par le projet de production de tourteaux de soja «made in France».

Petit retour en préambule, sur l’exercice 2014, marqué par un résultat économique excédentaire. Le résultat d’une relance syndicale particulièrement efficace, ayant contribué à l’arrivée de nouveaux adhérents, ainsi que d’une montée en puissance du pôle formations. Secrétaire général adjoint, Alain Duruz a rappelé les éléments marquants de l’exercice écoulé, notamment au travers des actions menées sur le terrain : «une revendication portée sur l’année, avec en point d’orgue, la manifestation du 5 novembre dernier, à Dijon et le ras-le-bol général des agriculteurs face à l’empilement des règlementations que font régulièrement notre chère administration et dans laquelle elle-même se noie…»

Concernant les 18 projets de Bac Grenelle dans le département, les actions menées sur le terrain ont permis leur mise en suspens, mais, prévient Alain Duruz, « nous saurons rester vigilants et réactifs pour la suite… »
Secteur stratégique pour la FDSEA 89 : l’emploi. Avec là aussi, de nombreuses actions, comme le démarrage du groupement d’employeurs AVE 89, la déclinaison départementale de la convention nationale signée entre la FNSEA et Pôle Emploi, et la mise en place de 3 actions courtes qualifiantes en vignes, «avec à la clé 25 personnes ayant retrouvé un emploi à l’issue de leur formation. L’enjeu étant maintenant d’élargir aux autres secteurs de production…» Accompagnement à la télédéclaration pac, formations innovantes (sécurité au travail, s’exprimer avec aisance en public…), autant de services aux adhérents, proposés par la FDSEA de l’Yonne, qui a également mis en place une assistance et une préparation aux contrôles de l’administration : «n’hésitez pas à appeler, pour que l’on puisse examiner votre dossier de manière à ce que vous soyez en règle le jour du contrôle….»

Une aide qui peut aussi se traduire ce jour-là, par la venue d’un professionnel sur l’exploitation. L’année 2014 aura été marquée également par de nombreux aléas climatiques, au premier rang desquels la germination du blé au moment des moissons. L’année 2015 commence mal, avec des inondations venues frapper une nouvelle fois les producteurs riverains des cours d’eau et là encore cet appel : «nous sommes sur tous les fronts pour vous accompagner en cas de sinistre. N’hésitez pas à vous manifester ou venir nous voir… !»
   
Différents moyens d’action
Quel syndicalisme pour demain ? secrétaire général adjoint, Gilles Robillard en rappelle le contexte : «en 1980, l’agriculture représentait encore 8% de la population contre 3% seulement aujourd’hui. Réseaux sociaux, Internet, les fausses idées sont véhiculées de plus en plus rapidement…» Pour y faire face, trois types d’action possibles se dégagent : le lobbying, l’action revendicative, la communication. Pas toujours perçue par l’adhérent à sa juste valeur, la première ne permet pas toujours de faire baisser la colère sur le terrain : «l’objectif est bien de négocier sans imposer, sans faire passer des choses en force, à l’image des négociations menées avec l’ancien préfet sur les bac. Le lobbying permet de faire prendre conscience de nos problématiques ou de faire remonter les problèmes au niveau national par le relais des parlementaires…» Mais plusieurs questions se posent : « nos élus locaux ont-ils encore une influence sur les décisions gouvernementales ? Se sentent-ils toujours concernés par cette action… ?»

Plus radicale : l’action revendicative, qui permet de faire pression quand les autres formes d’action sont épuisées ou, souligne Gilles Robillard, «de dénoncer les orientations politiques, quand les limites du supportable sont dépassées, que ce soit en matière de revenu ou de contraintes. Qui permet aussi, d’exprimer collectivement le ras-le-bol de chacun et d’éviter des gestes de colère ou dérapages isolés…» Encore faut-il trouver une action choc ne risquant pas de ternir l’image de l’agriculture, quand on sait que 20% des Français interrogés, jugent les agriculteurs «violents». Ce type d’action est-il en adéquation avec la société ? Et surtout, les résultats sont-ils à la hauteur de la mobilisation…?

Que ce soit pour sensibiliser les consommateurs aux problèmes du monde agricole, faire découvrir le métier sur les exploitations, rectifier les fausses idées véhiculées par certains, la communication se heurte parfois au manque d’habitude des acteurs du monde agricole en la matière, «ne sachant pas toujours expliquer ce qu’ils font, avec l’impression d’avoir parfois à se justifier…»

Et cette interrogation finale : «pourquoi avons-nous peur de parler de notre métier et avons-nous réellement envie de faire changer notre image… ?» Toutes les personnes présentes ont pu s’exprimer sur ces différents sujets, par le biais de post-it, collectés ensuite et analysés, avec à la clé, de nouvelles pistes syndicales, comme de «mieux utiliser les réseaux sociaux, faire des actions de masse plus orientées comme des actions de communication, ou encore, créer un groupe spécifique au sein de la structure syndicale, pour un lobbying plus performant…»