Réchauffement climatique
Vite, du bon sens
Bernard Krempp, agriculteur en EARL avec son épouse et leur deuxième fils à Flagey-lès-Auxonne, partage son point de vue sur la hausse des températures, la nécessaire adaptation du monde agricole et les solutions à envisager.

À 66 ans, Bernard Krempp n’avait jamais connu pareille sécheresse. «En 1976, nous étions montés à 33, voire 34 °C, mais jamais à ces températures-là», rappelle le Côte-d’Orien qui, pour la première fois, a vu plusieurs de ses captages d’abreuvement du bétail ne plus rien donner cet été. «Les illustrations sont malheureusement nombreuses, je pense notamment aux mares forestières près de chez moi qui ont été à sec dès la fin du mois de mars. Des chênes meurent dans les forêts. L’automne dernier, une fumée de poussière traînait derrière chaque troupeau qui se déplaçait, je n’avais jamais vu ça non plus», poursuit l’ancien président du Gab21. Pour Bernard Krempp, il est «grand temps» de trouver un remplacement aux énergies fossiles, dont l’utilisation augmente l’effet de serre et accentue le réchauffement climatique. Dans l’attente de cette révolution devant intervenir à l’échelle planétaire, un certain nombre de mesures locales doivent être mises en place pour limiter l’impact du climat. Agriculteurs, particuliers, collectivités, département, région, État : tout le monde «peut et doit jouer un rôle à son niveau, à condition de se donner le même objectif». Bernard Krempp appelle au bon sens de chacun : «il y a vraiment urgence. Si nous ne mettons pas un euro aujourd’hui dans un investissement quelconque pour lutter contre le réchauffement climatique, il en faudra au moins cinq d’ici peu de temps».
L’enjeu de l’eau
L’un des premiers sujets abordés par l’agriculteur bio s’intéresse à la loi sur l’eau : «elle a 30, voire 40 années de retard. Il faut arrêter avec ça. Nous avons la chance d’avoir de petites rivières, nous devons pouvoir aménager de petits barrages pour maintenir le niveau des nappes en été le plus haut possible. Des barrages plus conséquents doivent être également constitués pour mieux gérer le surplus d’eau quand il y a des crues». L’éleveur du val de Saône illustre son propos par l’ancien moulin de Champdôtre, un village à quelques kilomètres du sien : «le barrage a été remonté, le niveau d’eau a gagné 40 cm et la nappe en amont en a profité. Cet exemple est flagrant. Le monde agricole a besoin d’être soutenu, d’être écouté pour mener à bien ses projets. À l’échelle nationale, il faut que l’on arrête de nous imposer une réglementation qui nous paralyse systématiquement».
Sur les exploitations
Pour limiter l’impact du réchauffement climatique, Bernard Krempp invite chaque exploitant à bien appréhender la conduite de leurs sols pour favoriser le fonctionnement des écosystèmes : «le règne végétal est la plaque tournante de toute vie sur terre. Il faut bien comprendre le cycle du carbone, notamment la restitution de l’humus. La nature a une énorme capacité d’adaptation qu’il faut savoir favoriser». L’éleveur de Flagey-lès-Auxonne favorise une biodiversité maximale dans ses terres : «l’idée est qu’elles réagissent le mieux et le plus vite possible lors du retour de conditions climatiques favorables. Dans mon cas, j’apporte un amendement sur les prairies tous les quatre ans pour corriger les carences minérales naturelles des sols. Un compost de fumier est également apporté tous les deux ans. Cette alimentation de la vie biologique des sols est essentielle. Attention, je ne parle pas de fertilisation, la nuance est importante. Ici, fin juillet, tout commençait à griller, mais nous avons eu la chance d’avoir plusieurs pluies orageuses. La végétation s’est réveillée d’une façon très spectaculaire, je n’ai jamais eu de regains si importants depuis de nombreuses années».
À l’ombre
Bernard Krempp veille à la présence systématique de haies dans ses prairies. Ses animaux ont constamment une parcelle de bois dans laquelle se réfugier en cas de besoin : «cela est très utile lors des pics de chaleur, une différence de 15 °C peut être constatée entre la température en sous-bois et celle en plein soleil. Des parcelles de bois existantes ont été aménagées, d’autres ont été constituées au fil des années. L’idée est de créer un microclimat. Les très grandes étendues sans végétation arborescente sont toujours très contre-productives. Dans l’idéal, pour les zones cultivées, il faudrait des haies de 5 ou 6 m de largeur, au minimum tous les 250 m. Un effet brise-vent est alors constaté, le dessèchement des prairies ou des autres cultures est moindre, tout comme les besoins en eau. Il faut savoir qu’une culture en plein développement au printemps consomme le double d’eau à 30 °C qu’à 20 °C. Proche des 40 °C, le développement végétatif est quasiment stoppé».
Autres pistes
Bernard Krempp préconise également un entretien régulier de toutes les réserves d’eau existantes, avec une attention particulière sur leur aménagement : «les vaches doivent y accéder facilement sans y patauger. La qualité de l’eau est une autre priorité, un contrôle régulier du pH s’impose. Des corrections peuvent être apportées avec de la chaux magnésienne. Les petites régions sont différentes les unes des autres, ce qui est valable ici ne l’est pas forcément ailleurs et inversement. Mais il faut dresser l’inventaire de tout ce qui peut être mis en place localement pour s’adapter le mieux possible à cette réalité du changement climatique». L’éleveur ajoute un dernier point, relatif à la biodiversité : «il faut prendre conscience de son importance et de sa grande nécessité. Tout est lié. Dans le val de Saône, nous avons la chance d’avoir des zones humides, l’inventaire de toutes les plantes présentes dans nos fossés et ruisseaux est d’une richesse exceptionnelle. Il faudrait entretenir ces structures à partir du 15 septembre seulement, et non au début de l’été, pour permettre la germination des graines et la reproduction des petits animaux. Par exemple, la reine des prés, plante médicinale de haut niveau, est quasiment en train de disparaître avec ce dispositif d’entretien mal adapté. Nous sommes tous concernés, tous acteurs pour éviter le péril climatique qui s’annonce».
L’enjeu de l’eau
L’un des premiers sujets abordés par l’agriculteur bio s’intéresse à la loi sur l’eau : «elle a 30, voire 40 années de retard. Il faut arrêter avec ça. Nous avons la chance d’avoir de petites rivières, nous devons pouvoir aménager de petits barrages pour maintenir le niveau des nappes en été le plus haut possible. Des barrages plus conséquents doivent être également constitués pour mieux gérer le surplus d’eau quand il y a des crues». L’éleveur du val de Saône illustre son propos par l’ancien moulin de Champdôtre, un village à quelques kilomètres du sien : «le barrage a été remonté, le niveau d’eau a gagné 40 cm et la nappe en amont en a profité. Cet exemple est flagrant. Le monde agricole a besoin d’être soutenu, d’être écouté pour mener à bien ses projets. À l’échelle nationale, il faut que l’on arrête de nous imposer une réglementation qui nous paralyse systématiquement».
Sur les exploitations
Pour limiter l’impact du réchauffement climatique, Bernard Krempp invite chaque exploitant à bien appréhender la conduite de leurs sols pour favoriser le fonctionnement des écosystèmes : «le règne végétal est la plaque tournante de toute vie sur terre. Il faut bien comprendre le cycle du carbone, notamment la restitution de l’humus. La nature a une énorme capacité d’adaptation qu’il faut savoir favoriser». L’éleveur de Flagey-lès-Auxonne favorise une biodiversité maximale dans ses terres : «l’idée est qu’elles réagissent le mieux et le plus vite possible lors du retour de conditions climatiques favorables. Dans mon cas, j’apporte un amendement sur les prairies tous les quatre ans pour corriger les carences minérales naturelles des sols. Un compost de fumier est également apporté tous les deux ans. Cette alimentation de la vie biologique des sols est essentielle. Attention, je ne parle pas de fertilisation, la nuance est importante. Ici, fin juillet, tout commençait à griller, mais nous avons eu la chance d’avoir plusieurs pluies orageuses. La végétation s’est réveillée d’une façon très spectaculaire, je n’ai jamais eu de regains si importants depuis de nombreuses années».
À l’ombre
Bernard Krempp veille à la présence systématique de haies dans ses prairies. Ses animaux ont constamment une parcelle de bois dans laquelle se réfugier en cas de besoin : «cela est très utile lors des pics de chaleur, une différence de 15 °C peut être constatée entre la température en sous-bois et celle en plein soleil. Des parcelles de bois existantes ont été aménagées, d’autres ont été constituées au fil des années. L’idée est de créer un microclimat. Les très grandes étendues sans végétation arborescente sont toujours très contre-productives. Dans l’idéal, pour les zones cultivées, il faudrait des haies de 5 ou 6 m de largeur, au minimum tous les 250 m. Un effet brise-vent est alors constaté, le dessèchement des prairies ou des autres cultures est moindre, tout comme les besoins en eau. Il faut savoir qu’une culture en plein développement au printemps consomme le double d’eau à 30 °C qu’à 20 °C. Proche des 40 °C, le développement végétatif est quasiment stoppé».
Autres pistes
Bernard Krempp préconise également un entretien régulier de toutes les réserves d’eau existantes, avec une attention particulière sur leur aménagement : «les vaches doivent y accéder facilement sans y patauger. La qualité de l’eau est une autre priorité, un contrôle régulier du pH s’impose. Des corrections peuvent être apportées avec de la chaux magnésienne. Les petites régions sont différentes les unes des autres, ce qui est valable ici ne l’est pas forcément ailleurs et inversement. Mais il faut dresser l’inventaire de tout ce qui peut être mis en place localement pour s’adapter le mieux possible à cette réalité du changement climatique». L’éleveur ajoute un dernier point, relatif à la biodiversité : «il faut prendre conscience de son importance et de sa grande nécessité. Tout est lié. Dans le val de Saône, nous avons la chance d’avoir des zones humides, l’inventaire de toutes les plantes présentes dans nos fossés et ruisseaux est d’une richesse exceptionnelle. Il faudrait entretenir ces structures à partir du 15 septembre seulement, et non au début de l’été, pour permettre la germination des graines et la reproduction des petits animaux. Par exemple, la reine des prés, plante médicinale de haut niveau, est quasiment en train de disparaître avec ce dispositif d’entretien mal adapté. Nous sommes tous concernés, tous acteurs pour éviter le péril climatique qui s’annonce».