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FDSEA 89

Visite présidentielle en Puisaye

Le patron de la FNSEA, Xavier Beulin, a fait étape en Puisaye cette semaine, sur l’exploitation de Philippe et Nathalie Vanneste, à Saint-Privé, où l’attendaient une cinquantaine d’agriculteurs venus de tout le département.
Par Dominique Bernerd
Visite présidentielle en Puisaye
Philippe Vanneste a dressé une présentation rapide de bilan économique de son exploitation cette année. Un scénario partagé par beaucoup d’éleveurs en Puisaye.
Avenir des zones défavorisées, embargo russe, solde des aides Pac 2015, GIEE, zones intermédiaires, bassins d’alimentation de captage... Autant de sujets abordés à bâtons rompus avec le président de la FNSEA par les agriculteurs présents ce lundi, sur la ferme de Philippe et Nathalie Vanneste. Une visite que Xavier Beulin a inscrite à son agenda, dans le cadre de son tour de France des régions les plus touchées par la crise, pour prendre le pouls du terrain.
Salarié en travaux publics pendant 15 ans, c’est en 2000 que Philippe Vanneste succède à ses parents sur l’exploitation laitière familiale, pour parvenir aujourd’hui à une production annuelle de 600 000 litres. Un parcours contrarié il y a deux ans, par la nécessité de racheter de l’aliment pour ses animaux, faute d’une récolte de maïs suffisante : «rebelote cette année, avec en plus le problème de la mouche du semis qui a pénalisé une bonne partie des surfaces. L’an passé déjà, on était descendu à 65 000 € d’EBE, pour 75 à 80 000 € en temps normal. Cette année, on est amené à faire du court terme pour faire face...» Un scénario partagé par nombre d’exploitants de Puisaye, terre de polyculture élevage, avec cette année pour beaucoup, la double peine économique. Au fil de la conversation, les propos se font plus directs: «nous ce qu’on veut sur le terrain, c’est du concret!» Pas toujours facile argumente Xavier Beulin, comme notamment, à propos de de la loi sur la biodiversité: «on est quand même dans une situation où le clivage droite gauche n’existe plus, c’est transcourant. À l‘occasion du vote de la loi, on est tombé de trois chaises. Au Sénat, on pensait avoir une majorité, on s’est fait ramassé...!» Le sujet du solde des aides Pac 2015? Le president de la FNSEA se veut ironique : «le ministère a été dessaisi du dossier, qui est passé aujourd’hui chez le premier Ministre, ça en dit long quand même...» Face à la réglementation, coup de gueule du patron de la FNSEA : «sans moyens financiers, le pouvoir du législateur, c’est quoi aujourd’hui ? C’est d’interdire, de passer par la loi, l’arrêté, le décret..., ça suffit !  On va en crever de cette situation.» Message reçu «5 sur 5» par l’ensemble des agriculteurs presents.

Petit tour d’horizon de l’actualité agricole

Dans un point de presse improvisé avec les journalistes présents, Xavier Beulin est revenu sur différents points de l’actualité agricole :

La crise agricole :
«Notre boulot aussi, c’est de ramener un certain nombre d’enveloppes susceptibles d’améliorer les mesures traditionnelles ou conventionnelles. L’Yonne fait partie des départements les plus impactés en France suite aux aléas que l’on connait. Ce que nous voulons, c’est que tout s’articule parfaitement, entre les moyens dits «professionnels», ceux de l’État, plus les moyens des collectivités. L’autre gros sujet étant de voir comment restaurer de la trésorerie sur les exploitations pour passer ce cap difficile. Faire de la démagogie et du populisme en réclamant plusieurs centaines d’euros à l’ha d’aides directes, autant vous dire que c’est perdu d’avance ! La proposition que nous avons faite à l’État, est que l’on puisse offrir à chacun, la possibilité de refinancement de son exploitation, en mettant sur pied un fonds de garantie ou fonds de réassurance pour que les banques puissent proposer avec des taux et des durées adaptées, ce refinancement. Et nous avons besoin aujourd’hui pour cela d’un peu plus de 2 milliards €».
La construction des prix :
«Il est temps que l’on reconnaisse que pour produire 1 litre de lait, 1 kg de viande ou toute autre production, il y a des coûts en amont et ces coûts là, si on peut pas les intégrer jusqu’à la phase finale des négociations, cela signifie que nous serons systématiquement le maillon faible et ça, ce n’est pas acceptable».
La crise du lait :
«On a quand même un problème dans ce pays, c’est que l’on est à la consommation sur des prix relativement stables, là où nous, à l’autre bout de la chaîne, on fait le yoyo en permanence pour ajuster les prix… Beaucoup de laiteries qui font un mixte produit aujourd’hui, avec des produits à plus haute valeur ajoutée, que ce soit des produits fromagers ou autres, sont plutôt sur le marché national. Et quand on nous oppose le prix mondial, qu’il soit à la hausse ou à la baisse, il y a quelque chose qui ne colle pas bien».
La viande bovine :
«L’un des sujets à traiter maintenant, c’est comment on va juguler l’accroissement de viandes bovines sur le marché, notamment de races laitières… il y a des marchés sur lesquels on pourrait se placer, mais un travail reste à faire suite à la FCO depuis l’an passé.  Aux diplomates de faire le boulot et convaincre un certain nombre de pays que la France aujourd’hui, d’un point de vue sanitaire, est irréprochable».
Normes et réglementations :
«Non seulement ça nous empoisonne la vie, mais cela représente des surcoûts très importants ce n’est pas toujours la faute à Bruxelles, contrairement à ce qu’on dit… Quand je vois ce qui s’est passé sur les néonicotinoïdes ou les glyphosates, si on va jusqu’au bout de ce qui a été décidé, je vais vous faire peur, mais tant pis, on est là pour ça, on va retirer au bas mot 4 millions d’ha de cultures en France sur lesquelles on ne pourra plus rien appliquer».
Système assurantiel :
«Le seuil de déclenchement est à 30% aujourd’hui et trop élevé. L’objectif est de le ramener à 15%, mais pour ça, encore faut-il que tout le monde souscrive. Il nous faut une assiette la plus large possible et se poser la question des moyens, émanant de la Pac notamment, que l’on est prêts à mettre sur le sujet. Le débat n’est pas simple entre ceux qui prônent le DPB, rien que le DPB, tout le DPB et ceux qui disent que l’on peut en flécher un peu sur un système de gestion de risque assurantiel. Avec le risque, si on ne même pas ce débat jusqu’au bout, que l’assurance soit morte dans deux ans !»
Rapprochement entre Bayer et Monsanto :
«Si je suis défensif, je vais dire que pour les paysans, ce n’est pas forcément une bonne nouvelle. Si je suis un peu plus positif, je préfère que ce soit Bayer qui avale Monsanto que l’inverse».