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FDSEA 89

Visite ministérielle à Venouse

En déplacement dans le département, le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, s’est arrêté sur une exploitation laitière où l’attendaient de nombreux adhérents de la FDSEA de l’Yonne et de JA 89, venus lui faire part de leur mécontentement et de leurs inquiétudes.
Par Dominique Bernerd
Visite ministérielle à Venouse
«L’incidence de la réforme de la Pac, on la connaît Monsieur le ministre, elle va faire perdre 20 000 € à l’EARL Darlot… !»
ls étaient une centaine ce jeudi après-midi à Venouse, sur l’EARL Darlot, à attendre de pied ferme, le ministre de l’Agriculture. Venus des quatre coins du département et représentants de toutes les filières, bien décidés à lui présenter leur cahier de doléances, face aux conséquences de la réforme de la Pac et aux demandes restées sans réponse. Il est 16 h. Le cortège ministériel se gare dans la cour de la ferme. L’accueil se veut républicain et courtois, sans banderoles ni mots d’ordre mais n’empêche pas la fermeté dans le discours et les interrogations. Pas de débat à fleurets mouchetés, plutôt un dialogue sabre au clair !

Avec une centaine de vaches laitières pour 150 ha de surface fourragère et 50 ha de céréales, l’EARL Darlot est représentative des exploitations laitières qui subsistent dans le département et ici aussi on a fait les comptes, comme le rappelle Nadine Darlot au ministre : [I]«l’incidence de la réforme de la Pac pour nous, ce sont directement 20 000 € en moins !»[i] Ils sont trois à travailler sur l’exploitation : «[I]et encore! Nous faisons partie des 30% d’éleveurs laitiers arrivant à dégager 1,5 Smic, pour des vaches à traire matin et soir, du 1er janvier au 31 décembre, ce qui veut dire que 70 % n’y arrivent même pas ! Le problème Monsieur le Ministre, c’est la marge…»[i]

[INTER]Cerises de l’Yonne et cidre breton[inter]
Gestion des effluents d’élevage, Bassins d’alimentation de captage, pentes et directive nitrates, bandes tampon… Autant de sujets à polémique dans tout le département et autant d’interpellations du ministre, qui a parfois du mal à faire entendre son point de vue, à défaut de le faire comprendre de tous : [I]«concernant la qualité des eaux, nous ne sommes plus en discussion avec l’Europe désormais, mais en contentieux ! J’essaie de faire au mieux et de tenir compte des contraintes et je sais que ce sont des contraintes! Mais ce n’est pas une décision que j’ai prise, c’est une obligation que j’ai en tant que ministre français, de remettre la France dans les clous de ce qui est le cadre européen aujourd’hui, même si je ne conteste pas le fait que les zones vulnérables et la directive nitrates posent de vrais problèmes…»[i] Le président de la FDSEA de l’Yonne, Francis Letellier ne semble pas convaincu par l’argumentaire : [I]«la France a toujours tendance à sur transposer les règles européennes et elle a toujours donné à l’Europe le bâton pour se faire battre !»[i]

Au fil des questions, Stéphane le Foll donne sa définition de l’agroécologie : [I]«c’est pour la première fois, l’occasion de dire qu’il n’y a pas d’incompatibilité entre la production agricole et la protection de l’environnement … J’ai même dit à ceux qui pensaient que faire de l’environnement consistait à baisser la production, que c’était ridicule. En plus, ce n’est pas vrai !»[i] Nadine Darlot tire la sonnette d’alarme et rappelle la difficulté pour un exploitant aujourd’hui d’investir, face au rythme effréné des réformes: [I]«la fosse qui est devant vous, ça y est, elle n’est déjà plus aux normes ! Et remettre 57 000 €, on ne peut pas ! Après deux années catastrophiques, nous n’avons plus de trésorerie… Au bout de 36 années, à peine 1,5 Smic ! On s’est toujours battus pour l’élevage, mais si demain notre fils nous dit que les vaches partiront avec nous, quand viendra l’heure de la retraite, je ne serai même pas triste et c’est dommage !»[i]
La visite touche à sa fin. Le préfet Le Deun regarde sa montre et tente de faire accélérer le ministre qui s’attarde devant la collation dressée à l’ombre des arbres. Au menu : cerises de l’Yonne et cidre breton ! Peut-être une façon toute symbolique de rappeler à Stéphane Le Foll que la colère des bonnets rouges a depuis longtemps franchi les frontières d’Armorique… !