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Filière porcine

Visite du préfet chez des éleveurs de porcs

En visite au Gaec Butin, à Bligny-en-Othe, le préfet de l’Yonne y a rencontré des éleveurs qui ont fait de l’autonomie alimentaire de leur atelier porcin un cheval de bataille
Par Dominique Bernerd
Visite du préfet chez des éleveurs de porcs
Ce jeune porcelet semble apprécier les bras du préfet de l’Yonne… !
Succédant à leur père, éleveur de veaux de boucherie, Pierre et Jean Butin ont souhaité dès la création du Gaec, en 1995, [I]«réorienter l’entreprise vers un modèle plus autonome et moins dépendant de son environnement»[i] Les quotas laitiers étaient passés par là et les cours du veau de boucherie écroulés, c’est ainsi que la ferme familiale s’est dotée d’un atelier de 150 truies naisseur/engraisseur et d’un élevage de volailles de chair sur 1650 m2. Les deux frères se fixant pour objectif d’assurer un maximum d’autonomie alimentaire à leur cheptel porcin et créer un vrai lien au sol, grâce aux 61 ha de SAU que comptait l’exploitation. Une surface passée à 110 ha deux ans plus tard, après reprise de l’exploitation voisine, qui a permis de renforcer l’autonomie alimentaire en l’amenant à 75% des besoins. Trois tonnes d’aliments sont ainsi fabriqués quotidiennement sur la ferme, à base de blé, orge, tourteaux de colza et de soja, compléments minéraux, après être passés par un broyeur et une cellule mélangeuse. Une fabrication gérée par ordinateur en fonction des besoins : aliments croissance, aliments finition, 2ème ou 3ème âge, et transférée par un réseau souterrain dans les silos distants d’une centaine de mètres.
Précurseurs des normes à venir, ils sont passés au [I]«bien-être animal»[i] dès 2006, profitant de la rénovation de leur bâtiment verrats et truies gestantes. Démarrant la même année une activité de vente à la ferme, après s’être rapprochés d’un prestataire de découpe, soucieux d’établir un vrai lien social avec la population du village : [I]«apporter une image positive de l’élevage sur notre environnement et s’insérer socialement, faisaient partie de nos enjeux, notamment en donnant accès à nos voisins à des produits en direct de la ferme…»[i]
 
[INTER]Une visite en musique[inter]
C’est par un contrat de reprise de lisier, que s’instaure en 2008, un partenariat avec le voisin, Thierry Desvaux, exploitant céréalier sur 250 ha. Partenariat qui s’étend rapidement au partage de matériels, avec notamment une tonne à lisier et une moissonneuse batteuse achetées en copropriété, ainsi qu’au développement de chantiers. De là est née le projet d’assolement en commun et de mutualisation des moyens de production, concrétisé l’année suivante par la création d’une société en participation agricole, la SEP de Bord, qui réunit aujourd’hui l’ensemble des cinq agriculteurs installés sur les communes de Bligny et Paroy-en-Othe. Plus de 600 tonnes de fumier et 4500 m3 de lisier produits par le Gaec Butin sont ainsi mis à disposition de la SEP chaque année, pour un gain estimé à 10% des besoins en apports azotés et une économie totale de 15% d’engrais si l’on y ajoute le bénéfice des couverts et engrais verts.
Accompagné du directeur adjoint à la DDT de l’Yonne, Jean-Luc Sagnard et du responsable du Service de l’Économie Agricole départementale, Jean-Paul Levalet, le préfet Le Deun a parcouru l’ensemble des installations de l’atelier porcin, s’attardant notamment dans le bâtiment maternité, où les truies mettent bas, ainsi que dans la [I]«nursery»[i], où les porcelets sont élevés une fois sevrés, jusqu’à l’âge de 54 jours et avant la période d’engraissement. Une visite entamée en musique, avec Mozart en fond sonore, les mères venant de mettre bas bénéficiant d’un environnement musical adapté. L’idée, explique Pierre Butin dans un sourire, [I]«étant de détendre aussi bien les animaux que les éleveurs…»[i] De quoi peut-être donner des idées à l’administration pour ses prochains rendez-vous avec la profession agricole !