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Grandes cultures

Une saison passée marquée par la disparité

Bilan mitigé en 2019 pour les grandes cultures en Bourgogne Franche-Comté. La dernière livraison de l’Observatoire prospectif de l’agriculture régionale, réalisée par les Chambres d’agriculture et CER France montre que, malgré des rendements en céréales plutôt bons, d’autres cultures ont beaucoup souffert...
Par Observatoire prospectif de l’agriculture en Bourgogne Franche-Comté
La campagne 2018-2019 s’est caractérisée par de forts contrastes climatiques, avec une sécheresse et des températures élevées quasiment toute l’année. Le rendement moyen en blé est de 70 q / ha. Ce bon résultat cache des disparités entre secteurs liées au manque de pluie, ainsi que, parfois, des viroses et enherbements mal contrôlés. Les poids spécifiques (PS) sont excellents (> 78 kg / hl) et les taux de protéines dans l’ensemble très bons (environ 12,5 %). L’orge d’hiver affiche un rendement de 67 q / ha, un des 5 meilleurs depuis 1989. Les levées sont rapides et bonnes. L’orge ne souffre pas des habituels excès d’eau en hiver et au printemps. La lutte contre les maladies se limite généralement à un fongicide. En termes de qualité, les protéines sont dans la fourchette basse des cahiers des charges des malteurs et les calibrages / PS corrects.

Qualité pas toujours au rendez-vous
L’orge de printemps obtient un excellent rendement avec 59 q / ha et une forte progression des surfaces en remplacement du colza. La qualité brassicole n’est pas toujours au rendez-vous avec des calibrages et teneurs en protéines en-dessous de la moyenne. Le rendement du maïs est décevant avec 74 q / ha et une humidité de récolte faible (autour de 25 %), du fait d’une levée lente couplée à la sécheresse. Le doublement des surfaces en tournesol par rapport à 2018 (+112%) est lié aux difficultés d’implantation des colzas (-45%). Le rendement (20 q / ha) est en dessous de la moyenne, bien que cette culture de printemps soit la moins pénalisée par la canicule et la sécheresse. Le pois a un rendement régional de 37 q / ha et voit ses surfaces augmenter, avec 23 145 ha. Le rendement du soja en 2019, avec 25 q / ha, est mar­qué par la sécheresse, des pertes liées à l’ouverture précoce des gousses et une gestion des adventices glo­balement réussie, sauf présence de pieds d’ambroisie mal contrôlée. Le cours moyen du blé s’établit à 178 € / t en 2019 avec une amplitude moins grande qu’en 2018, variant de 160 € / t à 203 € / t et un prix moyen sur la pre­mière partie de campagne de 171 € / t (contre 199 € / t en 2018). La forte augmentation des productions nationale, européenne et mondiale pèse sur les marchés. L’orge de mouture présente un prix moyen de 163 € / t, en baisse comparé à 2018, en raison de l’abondance des disponibilités mondiales. L’écart de prix entre orges fourragère et brassicole s’amenuise et tend vers zéro. Après 2 ans d’amélioration relative, le produit de l’année a régressé de 6% par rapport à 2018 et s’est établit à 230 400 €, en dépit des bons rendements des céréales d’hiver. Les aides découplées évoluent peu, à 39 700 € en moyenne pour les systèmes de grandes cultures de la région. En 2019, suite au recul des produits et à la progression des charges globales, l’Excédent brut d’exploitation (EBE) renoue avec les mauvaises performances: 53 900 € en moyenne pour la récolte 2019 (soit 312 € / ha), contre 72 400 € en 2018 (400 € / ha). En conséquence, 63% de l’EBE sont mobilisés pour le remboursement des engagements financiers, contre 46% en 2018. Le revenu disponible des exploitations est en moyenne de 20 800 € après paiement des annuités. Il est insuffisant pour faire face aux prélèvements privés, de l’ordre de 30 000 € par exploitation (stables par rapport à l’année dernière).

Trésoreries tendues
Ainsi, les résultats 2019 ne permettent pas de maintenir les trésoreries en positif. En 2018, 72% des exploitations avaient une situation financière peu risquée contre 66% en 2019. Par ailleurs, 16% des exploitations ont un risque financier élevé contre 12% en 2018. Ces données sont préoccupantes dans la mesure où ces difficultés se cumulent au fil des ans. Pour assurer une pérennité, compte tenu des aléas économiques et climatiques récurrents depuis plusieurs années, la recherche de valeur ajoutée et de solutions pour retrouver des situations financières plus saines devient primordiale. Des pistes existent : épargne de précaution, diversification de l’activité, assurance récolte, engagement d’une partie de la récolte quand les cours sont élevés… Le financement de la reprise d’exploitations céréalières ne sera possible que si le reste à vivre est jugé suffisant par la banque. Il est donc également capital, pour assurer la transmission des entreprises, d’assurer le niveau et la stabilité des revenus.