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Séminaire des groupes de développement

Une «première» réussie

Pour la première fois, les adhérents des groupes de développement de Côte d’Or ont eu l’occasion de se réunir en séminaire. Une «première» organisée par la Chambre d’agriculture.
Par Anne-Marie Klein
Une «première» réussie
Une centaine de participants pour ce premier séminaire des groupes de développement de Côte d’Or qui a laissé une large place à l’expression et à l’initiative.
Ils étaient une centaine à avoir répondu à l’invitation de la Chambre d’agriculture de participer au premier séminaire organisé pour les groupes de développement de Côte d’Or. Trois cent quatorze adhérents participent au dynamisme de quinze groupes de développement en grandes cultures, qui trouvent là un appui collectif et une structure de réflexion et d’échange sur leurs pratiques. Pour rappel un groupe de développement fonctionne sous le statut d’une association [I]«loi 1901»[i] et décide collectivement des actions communes de formation, des échanges techniques et des expérimentations en vue de la production de références locales. Le tout avec l’appui technique d’un conseiller de la Chambre d’agriculture, pour la production des bulletins techniques, l’organisation de tours de plaine, les échanges sur les marges brutes, l’accompagnement des journées et voyages d’études...

[INTER]Un «noyau social» porteur de liens entre les adhérents[inter]
Ce premier séminaire a permis de jouer la transversalité entre les groupes, amenés à réfléchir à une nouvelle organisation et à définir la nature et les besoins d’accompagnement en fonction des objectifs des groupes. Rationalisation des tours de plaine, place donnée à l’innovation, définition des axes d’accompagnement... en groupes puis en plénière, chacun à fait entendre sa voix, avec pragmatisme et la volonté d’adapter les actions au contexte local. L’importance du maintien des groupes de base, [I]«socle de l’organisation»[i], [I]«noyau social qui forge le lien entre les adhérents»[i], a été réaffirmée, ce qui n’empêche pas les éléments les plus [I]«moteurs»[i] de décider de travailler de façon transversale sur des sujets innovants. C’est aux groupes de développement de définir leur stratégie et leur devenir, la Chambre d’agriculture intervenant en support pour accompagner les réflexions. Ce séminaire a permis non pas de libérer la parole des groupes, exercice qu’ils pratiquent naturellement, mais de poser les bases d’une réflexion collective pour faciliter le maillage et renforcer l’efficacité d’un réseau particulièrement innovant et constructif.
En fin de journée, alors que Vincent Lavier, président de la Chambre d’agriculture, avait ouvert le séminaire le matin, Fabrice Genin, membre du bureau de la CA 21, a clôturé les travaux en soulignant [I]«la participation massive des adhérents des Geda et la réussite d’une journée où la diversité des attentes et des problématiques s’est bien exprimée, dans un climat d’écoute mutuelle particulièrement constructif»[i].

Agronomie et environnement, même combat

Son intervention a pimenté cette journée de séminaire et, comme tout «poil à gratter», clarifié certaines positions tout en ébranlant des certitudes. «L’agronomie peut-elle répondre aux défis de notre agriculture demain ?» Telle était la question. La réponse est complexe, à l’image de la biodiversité. «L’agroécologie permet de concilier performances agronomique et environnementale». Ce postulat posé, Philippe Clémanceau a fourbi ses arguments et replacé son propos dans le contexte : «Neuf milliards de terriens bientôt, une raréfaction des terres arables, l’augmentation de la consommation d’intrants dont certains gisements sont d’ors et déjà épuisées»... et la problématique de l’eau «à prendre en compte dès maintenant». Avec un enseignement à tirer de tout cela : «l’agriculture est soumise à des changements globaux auxquels elles participent». A partir de là, inutile de se fourrer la tête dans le sable, c’est plutôt le moment d’accepter «le changement de paradigme et de voir comment on va pouvoir nourrir la planète en préservant l’environnement et assurer une production agricole en quantité et en qualité». L’agroécologie est devenue le  «thème leader de l’INRA», l’UMR dirigée par Philippe Lemanceau est «la première de Bourgogne et la seconde en France en importance. 450 personnes travaillent sur l’agroécologie». Cela ne se balaie pas d’un revers de main... En quoi cela consiste ? A «étudier les interactions et les régulations entre les communautés microbiennes et végétales des sols, à différentes échelles de paysage, à proposer des systèmes de cultures innovants» pour «affronter des enjeux environnementaux qui obligent à adapter les cultures à l’environnement» et non le contraire... Dans quel but ? Produire en quantité et en qualité et subsidiairement «préserver et enrichir la biodiversité» et bénéficier des «services environnementaux associés». Face aux contraintes et aux changements de l’environnement il faut «passer de la passivité à l’action, identifier et encourager les systèmes les plus performants d’un point de vue environnemental (…) se préparer collectivement, avant que l’on ne nous demande des comptes». Les travaux en cours sont le reflet de ces préoccupations : ils concernent les adventices, les communautés microbiennes des sols, les légumineuses, les interactions plante/sol, dans une vision systémique des systèmes d’exploitation. Et le champ de recherche est immense, d’une extrême diversité et complexité dans les interactions à étudier : «sur un hectare on trouve entre 1t à 1,5t de faune, 3,5t de champignons, 1,5t de bactéries (…) la vie sous nos pieds est autrement plus importante que ce que l’on voit au-dessus». L’enjeu des recherches en biologie des sols, c’est la connaissance de la biodiversité (encore très limitée, «on est loin de tout savoir») et la relation entre «biodiversité-fonctions-services écosystèmes». Une bonne nouvelle toutefois : «les sols ne sont pas morts», les 2200 échantillons recueillis et analysés sur l’ensemble du territoire en attestent, car ils ont permis «une caractérisation très fine des sols». Pourquoi encourager et augmenter la biodiversité ? D’abord parce «qu’elle assure la productivité et la stabilité de l’agro-éco-système», ensuite parce «qu’elle garantit la multifonctionnalité et améliore la résistance aux perturbations de l’environnement». «Pour un sol donné, plus la biodiversité est importante, plus la stabilité du système est assurée». Mais l’agriculture n’est pas seulement en cause dans les atteintes à l’environnement, «il faut aussi faire le ménage dans les ménages», antibiotiques, médicaments, contraceptifs, anti-dépresseurs.. Tout se retrouve dans l’eau là aussi.