Coup d’envoi des états généraux de l’alimentation dans l’Yonne
Une première étape pour réinventer le futur
Dans le cadre des États généraux de l’alimentation, la Chambre d’agriculture de l’Yonne a organisé le 14 septembre dernier un atelier-débat centré sur les grandes cultures et les problématiques des filières longues. Dans la salle, des agriculteurs, des responsables professionnels, des politiques et des représentants de la société civile. Ambiance.

Ce devait être un remue-méninges constructif, mais comme l’a remarqué le président de séance et animateur des débats, Etienne Henriot, «il n’est pas facile de transformer le mal-être ou la colère en propositions». De fait, après que le préfet, Patrice Latron ait planté le décor et rappelé les objectifs de cette contribution des grandes cultures icaunaises et des filières longues à Egalim (États généraux de l’alimentation), la construction de propositions s’est vite heurtée au douloureux constat d’une filière qui engrange - notamment sur les plateaux- une cinquième moisson déficitaire.
Difficile donc, dans ces conditions d’urgence économique, d’avoir le recul nécessaire pour construire «un pont entre l’agriculture d’aujourd’hui et l’agriculture de demain» comme l’évoquait le préfet et «de déterminer des voies de progrès acceptables par tous». Etienne Henriot de son côté a insisté sur le fait que l’Yonne était le premier département à lancer le débat. Un débat centré dans un premier temps sur une meilleure répartition de la valeur et qui doit dégager des thématiques prioritaires en R&D et innovation, tout en inventoriant les chantiers à privilégier pour les investissements publics et privés.
Des «raisons» à développer en filières de qualité
Les interrogations ne manquent pas : Comment sortir du cadre actuel du colza-blé-orge en élargissant la palette des cultures ? Quelle valorisation supplémentaire et de proximité trouver sur ces territoires ? La terre icaunaise produit déjà sous signe de qualité dans le cadre de productions CRC (Cultures raisonnées contrôlées) ou du Moulin de Vincelottes. Mais ces «niches» restent très limitées par rapport à l’ensemble de la production céréalière. Vers quelles démarches de valorisation s’orienter, où faire porter l’investissement et la R&D ?
S’il faut «être attentif à conserver et développer ce qui existe déjà et qui marche» comme le remarque le président d’Ynovae, Laurent Poncet, il faut aussi selon Gérard Delagneau, président de 110 Bourgogne, explorer de nouvelles cultures qui ouvrent des débouchés répondant à l’évolution de la demande des consommateurs. Pour le syndicalisme, Francis Letellier, administrateur FNSEA, voudrait voir écarter le risque «qu’Egalim ne se transforme en Grenelle de l’environnement».
Bio : des questionnements transversaux à toutes les filières
Autre thème porté au débat : l’agriculture biologique. En plein développement dans l’Yonne, ce secteur a le vent en poupe, même si l’incertitude économique prévaut, quant au niveau des soutiens en regard des attentes publiques et des besoins locaux. Philippe Colin, vice-président de la Cocebi, insiste sur la nécessité en matière de recherche & développement d’investir sur les semences, un sujet «qui questionnent toutes les filières bio». Autre cible, la restauration collective et la nécessité de bénéficier du soutien public pour la construction d’une plate-forme de massification de l’offre, permettant d’accéder aux marchés de la restauration collective qui restent difficilement accessibles au bio, comme aux productions conventionnelles.
Des démarches collectives unifiées comme supports d’innovation
Même volonté de construire et de co-construire, chez Loïc Guyard, membre de la Chambre d’agriculture 89, en charge du dossier des circuits courts. Il est convaincu de la nécessité de travailler collectivement à l’élaboration de solutions et d’outils collectifs «qui permettent de sortir de l’ornière». Apprendre «à travailler ensemble, nécessite de faire des concessions et d’oublier les querelles de chapelles». Travailler ensemble «cela donne une autre dimension aux projets, en matière d’innovation, pas question de se freiner, mais au contraire il faut renforcer les ponts entre le conventionnel et le bio». Des projets collectifs permettent de maintenir un tissu rural vivant et des agriculteurs actifs, à condition d’être tolérant et ouvert à de nouvelles initiatives et propositions. Une option relevée aussi par Nadine Darlot pour qui «le rapprochement entre des systèmes spécialisés et complémentaires» comme les céréaliers et les éleveurs, représente une démarche de progrès.
Au centre des problématiques de recherche et développement, Etienne Henriot voit dans la démarche variétale, une option à privilégier pour «trouver les variétés les mieux adaptées aux aléas climatiques». Ce qui ne dispensera pas de «la nécessité de faire évoluer les objectifs de production» dans une perspective de réalisme agronomique. Ce que Philippe colin traduit par «il faut viser la marge plus que le volume».
«Résistance, adaptation» ouvrent des voies de progrès pour les grandes cultures icaunaises. Un propos renforcé par Gérard Lagneau qui souhaite qu’on aille plus loin sur la problématique de la diminution des intrants, les complémentarités entre les grandes productions et la recherche de cahiers des charges assurant un vrai partage de la valeur ajoutée au producteur. Une évidence pour Etienne Henriot qui renvoie aussi à la responsabilité collective, «on n’a pas forcément besoin de l’Etat pour instaurer certains équilibres et mener à bien certaines adaptations». La spécialisation, l’agrandissement, montrent leurs limites, rappelle philippe Colin. En toile de fond, il s’agit de soutenir des projets de diversification en insistant sur leur apport à l’économie locale et à l’emploi dans les territoires ruraux.
Où l’on reparle de la fracture numérique
Autre thème de réflexion, l’économie et les infrastructures numériques. La nouvelle marche de la 4 G n’est pas franchie partout, loin s’en faut, mais un large consensus semble établi sur l’importance des usages numériques pour le développement des structures : communication élargie, relation clientèle, optimisation des interventions, sécurité réglementaire, gain de temps, économies d’échelle... Reste que si, selon l’adage, «sciences sans conscience n’est que ruine de l’âme»... technologie sans objectifs économiques et sociaux bien identifiés, peut mener à une impasse coûteuse...
Les contributions issues de ces travaux dans les départements seront ensuite portées en Région où un débat sera organisé en octobre prochain par la Draaf et les acteurs régionaux.
Difficile donc, dans ces conditions d’urgence économique, d’avoir le recul nécessaire pour construire «un pont entre l’agriculture d’aujourd’hui et l’agriculture de demain» comme l’évoquait le préfet et «de déterminer des voies de progrès acceptables par tous». Etienne Henriot de son côté a insisté sur le fait que l’Yonne était le premier département à lancer le débat. Un débat centré dans un premier temps sur une meilleure répartition de la valeur et qui doit dégager des thématiques prioritaires en R&D et innovation, tout en inventoriant les chantiers à privilégier pour les investissements publics et privés.
Des «raisons» à développer en filières de qualité
Les interrogations ne manquent pas : Comment sortir du cadre actuel du colza-blé-orge en élargissant la palette des cultures ? Quelle valorisation supplémentaire et de proximité trouver sur ces territoires ? La terre icaunaise produit déjà sous signe de qualité dans le cadre de productions CRC (Cultures raisonnées contrôlées) ou du Moulin de Vincelottes. Mais ces «niches» restent très limitées par rapport à l’ensemble de la production céréalière. Vers quelles démarches de valorisation s’orienter, où faire porter l’investissement et la R&D ?
S’il faut «être attentif à conserver et développer ce qui existe déjà et qui marche» comme le remarque le président d’Ynovae, Laurent Poncet, il faut aussi selon Gérard Delagneau, président de 110 Bourgogne, explorer de nouvelles cultures qui ouvrent des débouchés répondant à l’évolution de la demande des consommateurs. Pour le syndicalisme, Francis Letellier, administrateur FNSEA, voudrait voir écarter le risque «qu’Egalim ne se transforme en Grenelle de l’environnement».
Bio : des questionnements transversaux à toutes les filières
Autre thème porté au débat : l’agriculture biologique. En plein développement dans l’Yonne, ce secteur a le vent en poupe, même si l’incertitude économique prévaut, quant au niveau des soutiens en regard des attentes publiques et des besoins locaux. Philippe Colin, vice-président de la Cocebi, insiste sur la nécessité en matière de recherche & développement d’investir sur les semences, un sujet «qui questionnent toutes les filières bio». Autre cible, la restauration collective et la nécessité de bénéficier du soutien public pour la construction d’une plate-forme de massification de l’offre, permettant d’accéder aux marchés de la restauration collective qui restent difficilement accessibles au bio, comme aux productions conventionnelles.
Des démarches collectives unifiées comme supports d’innovation
Même volonté de construire et de co-construire, chez Loïc Guyard, membre de la Chambre d’agriculture 89, en charge du dossier des circuits courts. Il est convaincu de la nécessité de travailler collectivement à l’élaboration de solutions et d’outils collectifs «qui permettent de sortir de l’ornière». Apprendre «à travailler ensemble, nécessite de faire des concessions et d’oublier les querelles de chapelles». Travailler ensemble «cela donne une autre dimension aux projets, en matière d’innovation, pas question de se freiner, mais au contraire il faut renforcer les ponts entre le conventionnel et le bio». Des projets collectifs permettent de maintenir un tissu rural vivant et des agriculteurs actifs, à condition d’être tolérant et ouvert à de nouvelles initiatives et propositions. Une option relevée aussi par Nadine Darlot pour qui «le rapprochement entre des systèmes spécialisés et complémentaires» comme les céréaliers et les éleveurs, représente une démarche de progrès.
Au centre des problématiques de recherche et développement, Etienne Henriot voit dans la démarche variétale, une option à privilégier pour «trouver les variétés les mieux adaptées aux aléas climatiques». Ce qui ne dispensera pas de «la nécessité de faire évoluer les objectifs de production» dans une perspective de réalisme agronomique. Ce que Philippe colin traduit par «il faut viser la marge plus que le volume».
«Résistance, adaptation» ouvrent des voies de progrès pour les grandes cultures icaunaises. Un propos renforcé par Gérard Lagneau qui souhaite qu’on aille plus loin sur la problématique de la diminution des intrants, les complémentarités entre les grandes productions et la recherche de cahiers des charges assurant un vrai partage de la valeur ajoutée au producteur. Une évidence pour Etienne Henriot qui renvoie aussi à la responsabilité collective, «on n’a pas forcément besoin de l’Etat pour instaurer certains équilibres et mener à bien certaines adaptations». La spécialisation, l’agrandissement, montrent leurs limites, rappelle philippe Colin. En toile de fond, il s’agit de soutenir des projets de diversification en insistant sur leur apport à l’économie locale et à l’emploi dans les territoires ruraux.
Où l’on reparle de la fracture numérique
Autre thème de réflexion, l’économie et les infrastructures numériques. La nouvelle marche de la 4 G n’est pas franchie partout, loin s’en faut, mais un large consensus semble établi sur l’importance des usages numériques pour le développement des structures : communication élargie, relation clientèle, optimisation des interventions, sécurité réglementaire, gain de temps, économies d’échelle... Reste que si, selon l’adage, «sciences sans conscience n’est que ruine de l’âme»... technologie sans objectifs économiques et sociaux bien identifiés, peut mener à une impasse coûteuse...
Les contributions issues de ces travaux dans les départements seront ensuite portées en Région où un débat sera organisé en octobre prochain par la Draaf et les acteurs régionaux.