Grandes cultures
Une perte à neuf chiffres
La commission « productions végétales » de la FDSEA s’est réunie pour dresser le bilan des moissons. Plusieurs médias étaient invités pour relayer ses revendications.

Pas moins de 130 000 000 euros se sont évaporés dans les champs de Côte-d’Or. « C’est absolument colossal », réagit Jacques de Loisy, président de la commission « productions végétales » de la FDSEA, qui présentait la semaine dernière des chiffres issus du centre de gestion et des organismes stockeurs. La météo, mais aussi des décisions politiques « déplorables », en lien avec les moyens de protection des plantes, sont jugées responsables de cette ardoise hors norme. « Le colza représente à lui seul une baisse de valeur ajoutée de 45 millions d’euros, qu’il faut comprendre à travers la diminution de ses rendements et de ses surfaces de production. Nous parlons aussi de 12 millions pour les orges, 8 pour le blé et près de 5 pour la moutarde », précise le représentant syndical. La double impossibilité de pouvoir traiter les semences et de lutter efficacement contre les attaques d’insectes est rappelée à cette occasion. La production de paille est aussi en berne et représente une perte sèche de 12 millions d’euros, le surcoût des exploitations – celles étant dans l’obligation de s’en procurer – atteint la bagatelle de 32 millions. « Chaque exploitation de ce département perd en moyenne 60 000 euros, sachant que cette année succède à plusieurs exercices déjà très difficiles », enchaîne Jacques de Loisy. Celui-ci réaffirme le nécessaire rééquilibrage des aides Pac : « la moyenne des soutiens en France s’élève à 350 euros/ha, En Côte-d’Or, nous sommes à moins de 200 euros/ha. Ce différentiel de 40 % est inacceptable, le dossier des zones intermédiaires doit impérativement être pris en compte dans la prochaine réforme de la Pac ».
Retour des néonicotinoïdes
Antoine Carré, président de JA21, administrateur de la FOP et de Terres Inovia, aborde plus spécifiquement les impasses techniques du colza et de la moutarde : « Nous avons perdu l’ensemble des leviers chimiques qui nous permettaient de cultiver ces deux espèces végétales. On nous les supprime sans nous mettre des solutions en face, c’est inadmissible. Les mesures gouvernementales sont clairement responsables de cette situation intenable. Nous demandons un retour en arrière, il faut revenir aux néonicotinoïdes. Rassurez-vous, il n’y aura aucun problème environnemental, nos champs de colza ont toujours été très fréquentés par les abeilles ». Le jeune agriculteur s’inquiète également des disponibilités en paille, de moins en moins importantes au fil des années : « cette pénurie due à la sécheresse est accentuée par les nombreuses conversions en bio. Il faut le savoir : une ferme qui se convertit produit entre deux et trois fois moins de paille. Je ne sais vraiment pas quel chemin nous prenons, je me demande aussi ce que font nos politiques ». Fabrice Genin, président de l’APGMB, parle d’une réelle « mise en danger » de la filière moutarde : « la situation est catastrophique, il nous est impossible de répondre à la commande des industriels pour la troisième année consécutive. Pour le moment, ces derniers partent s’approvisionner ailleurs pour compenser notre manque de production, mais cela ne durera certainement pas éternellement. Un travail de 25 ans est remis en question, faute aux moyens de protection des plantes qu’on nous retire régulièrement ».
Tout le monde dans le même bateau
Didier Lenoir, président de l’APPV21 – association représentant les coopératives et les négoces – s’est exprimé sur les difficultés rencontrées par les organismes stockeurs : « ils traversent une période compliquée pour les mêmes raisons. Les organismes stockeurs s’interrogent aussi sur la stratégie de l’État : nos aînés ont mis en place des outils pour accompagner les exploitations agricoles, mais notre gouvernement souhaite visiblement tout désorganiser, je pense notamment à la séparation du conseil et de la vente promise pour la fin d’année ». « Il y a urgence d’agir », selon Fabrice Faivre, président de la FDSEA : « le climat évolue à une vitesse grand V, les aléas se multiplient depuis 2012, notamment sur les terres les plus superficielles. Nous faisons face à des pressions d’insectes de plus en plus importantes et, dans le même temps, on nous retire progressivement toutes les matières actives qui ont prouvé leur efficacité. Certains territoires se retrouvent aujourd’hui sans solutions ». Vincent Lavier, président de la Chambre d’agriculture, ajoute que sans solutions, certains secteurs pourraient être délaissés et partir rapidement en friches, laissant ainsi à l’État la charge de l’entretien des territoires. Ce rendez-vous a également abordé la double nécessité de faire évoluer la législation sur l’eau et d’intégrer l’agriculture dans le plan de relance à la rentrée.
Retour des néonicotinoïdes
Antoine Carré, président de JA21, administrateur de la FOP et de Terres Inovia, aborde plus spécifiquement les impasses techniques du colza et de la moutarde : « Nous avons perdu l’ensemble des leviers chimiques qui nous permettaient de cultiver ces deux espèces végétales. On nous les supprime sans nous mettre des solutions en face, c’est inadmissible. Les mesures gouvernementales sont clairement responsables de cette situation intenable. Nous demandons un retour en arrière, il faut revenir aux néonicotinoïdes. Rassurez-vous, il n’y aura aucun problème environnemental, nos champs de colza ont toujours été très fréquentés par les abeilles ». Le jeune agriculteur s’inquiète également des disponibilités en paille, de moins en moins importantes au fil des années : « cette pénurie due à la sécheresse est accentuée par les nombreuses conversions en bio. Il faut le savoir : une ferme qui se convertit produit entre deux et trois fois moins de paille. Je ne sais vraiment pas quel chemin nous prenons, je me demande aussi ce que font nos politiques ». Fabrice Genin, président de l’APGMB, parle d’une réelle « mise en danger » de la filière moutarde : « la situation est catastrophique, il nous est impossible de répondre à la commande des industriels pour la troisième année consécutive. Pour le moment, ces derniers partent s’approvisionner ailleurs pour compenser notre manque de production, mais cela ne durera certainement pas éternellement. Un travail de 25 ans est remis en question, faute aux moyens de protection des plantes qu’on nous retire régulièrement ».
Tout le monde dans le même bateau
Didier Lenoir, président de l’APPV21 – association représentant les coopératives et les négoces – s’est exprimé sur les difficultés rencontrées par les organismes stockeurs : « ils traversent une période compliquée pour les mêmes raisons. Les organismes stockeurs s’interrogent aussi sur la stratégie de l’État : nos aînés ont mis en place des outils pour accompagner les exploitations agricoles, mais notre gouvernement souhaite visiblement tout désorganiser, je pense notamment à la séparation du conseil et de la vente promise pour la fin d’année ». « Il y a urgence d’agir », selon Fabrice Faivre, président de la FDSEA : « le climat évolue à une vitesse grand V, les aléas se multiplient depuis 2012, notamment sur les terres les plus superficielles. Nous faisons face à des pressions d’insectes de plus en plus importantes et, dans le même temps, on nous retire progressivement toutes les matières actives qui ont prouvé leur efficacité. Certains territoires se retrouvent aujourd’hui sans solutions ». Vincent Lavier, président de la Chambre d’agriculture, ajoute que sans solutions, certains secteurs pourraient être délaissés et partir rapidement en friches, laissant ainsi à l’État la charge de l’entretien des territoires. Ce rendez-vous a également abordé la double nécessité de faire évoluer la législation sur l’eau et d’intégrer l’agriculture dans le plan de relance à la rentrée.