Filière lait
Une passion teintée de lassitude…
Animée par une passion sans faille pour ses animaux et son métier, Mélanie Varrache n’en confesse pas moins une lassitude grandissante, face à la crise touchant l’élevage laitier et à la pression de normes en tous genres
C’est au milieu de son troupeau de «filles» que Mélanie Varrache donne au mot passion toute sa signification. Ses vaches Prim’Holstein, elle les connait toutes. Un prénom pour chacune, un mot en passant, une caresse sur le museau… Animée par un amour sans faille des animaux, Mélanie est «tombée» toute petite dans la marmite de lait et c’est tout naturellement qu’elle a rejoint l’exploitation familiale il y a six ans. Associée avec ses parents, elle gère aujourd’hui un cheptel d’une soixantaine de vaches laitières, pour 210 ha de SAU, dont une partie en herbe. Les premiers effets de la crise ? Elle les a ressentis il y a deux ans, au moment de la sécheresse : «une récolte de maïs catastrophique et au final, il nous manquait un silo entier, soit près de six mois d’alimentation. Et encore, heureusement qu’il y a eu les copains céréaliers et qu’on s’entraide…» Un premier coût financier qu’il a fallu absorber, suivi l’été dernier d’une moisson catastrophique et là encore, d’une quantité de maïs insuffisante. Le bilan de l’exercice n’est pas encore connu, mais la jeune éleveuse ne se fait guère d’illusion : «j’ai bien peur qu’il soit négatif. D’autant que le prix moyen payé par la laiterie l’an passé aura été de 291 € prix de base et si depuis ce début d’année on est remonté entre 305 et 310 €, ca ne représente quand même pas une hausse énorme…» Un prix auquel se rattache une surprime de 30 à 35 € liée à la qualité, véritable «marque de fabrique» de la maison : «mon père a toujours privilégié la qualité et j’ai continué, mais là où ce complément de prix devrait être le «petit plus», il nous permet surtout de conserver la tête hors de l’eau…»
Encore une dizaines d’années à faire du lait
À la fatigue du rythme journalier lié à la traite et aux soins, se conjugue l’emprise de la réglementation et de la paperasserie qui s’y rattache : «même si c’est inévitable, il est clair que le surcroit de travail administratif en décourage plus d’un…» Désabusée lorsque l’on évoque le sujet des prochaines présidentielles : «je voudrais que tous ces candidats prennent conscience du nombre de gens que l’on fait travailler, que ce soit en amont ou en aval, du contrôleur laitier aux inséminateurs, en passant par les marchands de matériel, d’alimentation, les commerciaux, les mécaniciens…» D’accord pour baisser son salaire, mais cela ne peut avoir qu’un temps : «je veux bien travailler tôt, ne jamais arrêter, mais il faut une rémunération en face. Aujourd’hui, il est clair qu’avec un conjoint travaillant à l’extérieur et gagnant le triple de mon salaire, ce n’est pas moi qui fait tourner la maison…» Pas question pour autant d’envisager une décapitalisation de cheptel : «cela fait six ans que je suis sur la ferme, six ans à essayer d’évoluer, que ce soit par la génétique ou la qualité, ce n’est pas pour au bout du compte casser l’outil de travail !» Ni d’en vouloir à ses «filles» : «ce lien très fort tissé entre elles et moi est toujours présent et d’ailleurs, c’est ce qui me fait tenir parfois…» La famille s’est agrandie d’un petit bout d’chou qui a aujourd’hui 18 mois et Mélanie est catégorique : «je lui mets la cotte, les bottes et on va retrouver les vaches. J’aime lui montrer, mais je sais aussi qu’il y a peu de chance que je la pousse à s’installer un jour pour faire du lait…» Se donnant encore une dizaine d’années avant de passer la main et de ne faire que des céréales…
Encore une dizaines d’années à faire du lait
À la fatigue du rythme journalier lié à la traite et aux soins, se conjugue l’emprise de la réglementation et de la paperasserie qui s’y rattache : «même si c’est inévitable, il est clair que le surcroit de travail administratif en décourage plus d’un…» Désabusée lorsque l’on évoque le sujet des prochaines présidentielles : «je voudrais que tous ces candidats prennent conscience du nombre de gens que l’on fait travailler, que ce soit en amont ou en aval, du contrôleur laitier aux inséminateurs, en passant par les marchands de matériel, d’alimentation, les commerciaux, les mécaniciens…» D’accord pour baisser son salaire, mais cela ne peut avoir qu’un temps : «je veux bien travailler tôt, ne jamais arrêter, mais il faut une rémunération en face. Aujourd’hui, il est clair qu’avec un conjoint travaillant à l’extérieur et gagnant le triple de mon salaire, ce n’est pas moi qui fait tourner la maison…» Pas question pour autant d’envisager une décapitalisation de cheptel : «cela fait six ans que je suis sur la ferme, six ans à essayer d’évoluer, que ce soit par la génétique ou la qualité, ce n’est pas pour au bout du compte casser l’outil de travail !» Ni d’en vouloir à ses «filles» : «ce lien très fort tissé entre elles et moi est toujours présent et d’ailleurs, c’est ce qui me fait tenir parfois…» La famille s’est agrandie d’un petit bout d’chou qui a aujourd’hui 18 mois et Mélanie est catégorique : «je lui mets la cotte, les bottes et on va retrouver les vaches. J’aime lui montrer, mais je sais aussi qu’il y a peu de chance que je la pousse à s’installer un jour pour faire du lait…» Se donnant encore une dizaine d’années avant de passer la main et de ne faire que des céréales…