Une nouvelle mandature est en marche

Année élective oblige, c’est dans l’enceinte de l’amphithéâtre du lycée La Brosse, que s’est tenue l’assemblée générale des Jeunes Agriculteurs de l’Yonne, à l’issue d’une mandature bien chargée, que ce soit sur le plan syndical ou de la communication.
Principal cheval de bataille des 24 mois écoulés : le renouvellement des générations, avec la satisfaction pour Loïc Guyard, responsable installation, d’annoncer à la tribune, des chiffres 2013 en nette amélioration par rapport à l’année précédente :
39 installations aidées, pour 25 seulement en 2012. Même constat en ce qui concerne le point info, avec plus de 200 accueils réalisés, gage d’une dynamique repartie à la hausse. Déception en revanche en ce qui concerne la reconnaissance de l’actif, avec un combat non abouti : [I]«aujourd’hui, dans l’Yonne, cela va poser d’énormes problèmes. Alors que l’on fait environ 60% d’installations en société, comment reconnaît-on l’actif au travers de ces sociétés? L’enjeu pour JA est de se battre et se rebattre encore, pour faire reconnaître toutes les personnes qui se sont installées depuis 10 ans…»[i] Alors que le Conseil régional est devenu autorité de gestion des budgets européens, les JA souhaitent faire pression, [I]«afin qu’une convention en la matière soit signée rapidement et que le financement des installations se fasse en temps et en heure…»[i]
[INTER]«On saura se faire entendre… !»[inter]
JA 89 avait fait de la communication et de la promotion des métiers, des projets phares de la mandature qui s’achève. Pari réussi, avec une présence multiple sur le terrain, que ce soit par le biais de manifestations agricoles ou auprès des jeunes, dans les établissements scolaires.
Autre dossier d’envergure : le foncier, avec des actions sur le terrain, pour aller retourner des friches industrielles et les remettre en culture, mais également un travail de fonds mené au régional comme au national au sein de groupes de réflexion. Responsable du foncier à JA 89, Julien Caillard a rappelé l’enjeu du combat mené : [I]«il reste dans l’Yonne environ 2000 ha de friches industrielles alors même que l’INSEE ne prévoit pas de développement démographique d’ici 2040… Ce que nous demandons ? Juste des bonnes pratiques en matière de consommation de l’espace agricole et un peu moins de gaspillage…»[i] En partenariat avec la Chambre d’agriculture, une charte en ce sens est en cours d’élaboration et devrait être proposée aux élus après les municipales. Pas de mesures obliga-toires, juste un rappel à la loi, avec cet avertissement lancé par Julien Caillard : [I]«si nos élus ne nous écoutent plus, notamment sur le sujet du foncier, on saura se faire entendre… !»[i]
[INTER]«Sans agriculture, pas de méthanisation… !»[inter]
Alors que la méthanisation à la ferme connaît un fort développement en France, les intervenants de l’après-midi sont revenus sur les enjeux en la matière pour l’agriculture, Arnaud Bossis, chef de projet à Ledjo Energies, en rappelant notamment quelques grands principes : [I]«en France, la technique de méthanisation est dite de codiges-tion, vouée à valoriser des effluents et des déchets sur le territoire, contrairement à l’Allemagne, où l’on fait un mixte entre lisier et cultures dédiées, essentiellement du maïs…»[i] Si la méthanisation à la ferme a le vent en poupe, certaines règles sont à respecter : [I]«la paille n’a qu’un intérêt limité sauf si traitement préalable… Attention au mixte global ! Quand il y a trop d’azote dans un méthaniseur, c’est un facteur limitant pour le développement des bactéries… Si les coproduits betteraviers sont intéressants en terme de production de méthane, ils génèrent éga-lement beaucoup de gaz souffré qui a tendance à endommager le moteur… Un digestat solide, plus comparable à un amendement de fond, est plus riche en azote organique qu’un digestat liquide, plus riche pour sa part, en azote ammoniacal…»[i] Seule ombre au tableau, les délais : certains projets nationaux ayant mis plus de 10 ans pour sortir de terre, la moyenne pour une unité à la ferme étant de deux ans. A la tête de la ferme de l’Abbaye de la Pierre Qui Vire, Philippe Abrahamse est venu témoigner de son expérience, après avoir installé sur l’exploitation laitière une unité de méthanisation de 30 kW en activité depuis décembre 2011. Investissement initial : 500 K€, subventionné à 51 %, avec un retour sur investissement estimé entre six et sept ans. Passés d’un système paillé à des logettes, l’économie de paille réalisée est de l’ordre de 10 K€ par an, aux-quels se rajoutent les 15 K€ d’économie annuelle de propane, la chaleur produite servant désormais à chauffer maisons et fromagerie. Sans compter le gain de fertilisation : [I]«sur analyse du digestat, on est autour de 4 à 5 gr d’azote, 2 gr de phosphore et de 6 à 7 gr de potasse…»[i] Le prix de rachat de l’électricité produite étant de l’ordre de 20 cts/kWh.
Intervenant en fin d’assemblée sur les grands sujets d’actualité du moment, le président Samuel Legrand, à la veille de passer la main, a rappelé le combat qu’il restait à mener, notamment en matière d’installation : [I]«plus de 200 personnes dans l’Yonne cherchent aujourd’hui à s’installer ! Nous avons la demande, il nous faut l’offre ! Le rétrécissement des fenêtres de financement de l’agriculture doit s’arrêter. Pour s’installer, il faut des cédants et il faut aussi de futurs agriculteurs… !»[i]
Les élections pour la constitution du nouveau bureau se dérouleront les 18 ou 19 mars prochains.