Une moisson solidaire et humanitaire

L’Yonne ne recense pas moins de 3 000 hectares de terres agricoles qui restent inoccupées dans les zones d’activités commerciales ou industrielles, à la faveur de divers projets d’urbanisation. Afin de lutter contre le gaspillage du foncier agricole, les Jeunes Agriculteurs de l’Yonne ont adopté une approche originale pour se faire entendre des services de l’État. Ils labourent et sèment des parcelles inoccupées du département. [I]«Nous ne sommes pas contre les zones industrielles qui génèrent de l’activité économique et de l’emploi. Nous souhaitons simplement qu’il y ait une gestion plus intelligente de toutes ces terres qui sont, pour l’heure, vides de toute activité humaine»[i], explique Emmanuel Simonnet, ancien président des Jeunes Agriculteurs de l’Yonne. Après une première action, l’année dernière, dans la zone commerciale des Clairions, à Auxerre, c’est à un terrain de 10 hectares de la zone d’activité de Villeneuve l’Archevêque à laquelle l’organisme a décidé de s’attaquer. Grâce à la participation de la Coopérative Agricole Villeneuve l’Archevêque Perceneige (CAVAP) qui a fourni les produits phytosanitaires, ces jeunes exploitants ont entretenu et cultivé le champ de blé pendant un an. À l’heure où sonne la récolte, le directeur général du concessionnaire SV-Pro, Michael Badault, est aux commandes de la moissonneuse-batteuse. Au terme de la journée, quelques 40 tonnes de blé auront été récoltées. [I]«Maintenant, la parcelle va être réattribuée à un jeune agriculteur, le temps que la communauté de communes de Villeneuve l’Archevêque et la Société d’aménagement foncier et d’établissement rural (SAFER) décident quoi faire du terrain»[i], confie Emmanuel Simonnet. Les fonds amassés par la vente du blé récolté iront, quant à eux, garnir les caisses de l’association Agriculteurs français et développement international (Afdi) de Bourgogne Franche-Comté. L’organisme a pour objectif de sensibiliser et informer le monde agricole et rural aux enjeux alimentaires mondiaux [I]«en s’appuyant sur l’éducation, en intervenant par exemple dans les établissements scolaires.»[i] De surcroît, l’Afdi de Bourgogne Franche-Comté mène des actions de solidarité à Madagascar, en lien avec les organisations paysannes du pays. [I]«Le salaire moyen d’un journalier malgache est d’un euro. Ce pays très pauvre éprouve des difficultés face aux pouvoir politiques qui laissent des entreprises étrangères s’installer sur leurs terres. Seule la force des organisations paysannes peut arrêter cela. Nous ne voulons pas leur inculquer une manière de penser ou de faire. Nous souhaitons simplement faire bouger les idées, en évitant, par exemple, de faire entrer en concurrence des organismes qui pourraient travailler ensemble»[i], déclare son président, Thierry Michon.