Tour de France des grandes cultures
Une moisson rassurante
Les céréaliers ont eu chaud. Au sens propre comme au figuré, la canicule ayant soulevé des inquiétudes. Mais le résultat final est une assez belle récolte, sauf en colza. Le temps sec a permis de moissonner sereinement. En blé tendre, la production française semble filer vers un sommet tout en préservant la qualité. Qualité qui fait davantage défaut en orges brassicoles. Elle est bien au rendez-vous pour le blé dur qui affiche aussi de bons rendements. C’est en revanche une année noire pour le colza.

« La récolte est globalement satisfaisante », affirme Jean-Olivier Lhuissier, directeur des activités agricoles chez Vivescia. Intervenue en fin de cycle de production, la canicule a bien joué les trouble-fête. Mais sans trop de dommages : « C’est dire le fort potentiel d’avant fin juin ». Le leader de la collecte dans le Grand Est parle de rendements en blé tendre de 3 à 5 % supérieurs à la moyenne quinquennale. Ils s’étalent de 85 à 95 q/ha en Champagne, de 70 à 80 q/ha dans les terres plus superficielles du Barrois. « La canicule a perturbé le remplissage des variétés les plus tardives », selon lui. Avantage du temps sec, la qualité est restée au top, avec 12,5 % d’humidité, plus de 80 kg/hl en PS (poids spécifique), un indice de Hagberg supérieur à 300/350 s, aucune pourriture en bout de cycle donc pas de fusariose. Le taux de protéines ressort au-delà de 11,5 %.
Le numéro un de la collecte céréalière française Axéréal, qui s’étend de la Beauce à la Touraine et au Nivernais, observe lui aussi des rendements hétérogènes en blé tendre, de 70 à 80 q/ha, soit un bon niveau. Le PS, à 80 kg/hl minimum, est qualifié d’exceptionnel, le taux de protéines, à 11,5 % en moyenne, tout à fait correct. Autre poids lourd du secteur, Soufflet, dont la zone d’activité forme un large croissant de Rouen à Metz, note des rendements bons à très bons, autour de 75-76 q/ha, ce qui représente 10 % de plus que l’an dernier. La qualité est très satisfaisante, avec 11,5 % de protéines, plus de 80 kg/hl en PS, des teneurs en mycotoxines très faibles.
Tout au nord, la coopérative des Hauts-de-France Advitam entame tout juste la récolte de blé. « Il est trop tôt pour voir l’impact du coup de chaud », déclare le directeur céréales Nicolas Foissey. L’épisode de fortes chaleurs fin juin a été plus bref dans la région, deux jours seulement ayant dépassé 30°. Un mois après, à l’approche d’une nouvelle canicule, l’affaire se présente bien : un rendement de 92-93 q/ha est signalé en variétés précoces, 5 % au-dessus de la moyenne sur dix ans. De très bons PS sont notés, autour de 80-81 kg/hl, une benne affichant même la valeur record de 86 kg/hl. Le taux de protéines, à 11,3-11,4 %, apparaît conforme à la normale. Reste à voir pour les variétés plus tardives.
Des chantiers en toute sérénité
« Les trois semaines de beau temps continu ont permis de récolter d’une traite : du jamais vu », souligne Baptiste Breton, codirecteur de La Tricherie, dans la Vienne. De gros débits de chantiers ont compliqué la tâche au niveau logistique. Sachant que la coopérative doit gérer toute une palette de filières. Mais les producteurs ont accepté de décaler d’une demi-journée des livraisons au silo. Car la météo favorable leur permettait de rester sereins tout au long de la moisson. Et les bons rendements avaient de quoi entretenir la bonne humeur : 75 q/ha dans l’ensemble, 15 % de plus que la moyenne.
Chez Dijon Céréales, la moisson « s’est déroulée sereinement » grâce à la météo qui a permis d’étaler les chantiers. Alain Lebel, le responsable exécution, n’indique « pas d’énorme coup de feu à gérer : les transitions entre les cultures ont été progressives ». Le blé tendre montre une belle qualité, avec des critères physiques optimums - le PS ressort à 79 kg/hl, le taux de protéines à 12,3 %, le W (force boulangère) est jugé satisfaisant - aussi pour les critères technologiques. Pascal Demay, le directeur céréales, souligne une « collecte de blé très homogène en qualité ». À la différence des rendements qui varient beaucoup, de 50 à 100 q/ha, les prévisions semblant toutefois dépassées sur la globalité de la coopérative.
Une faible pression des maladies
Plus à l’ouest, Terrena fait part de sa surprise en termes de rendements, meilleurs que prévu (+4 q/ha) avec des pointes en blé tendre à 100 q/ha, les résultats dans le Poitou étant considérés « exceptionnels ». Le taux de protéines de 11 % ne soulève pas de difficulté. Un bon état sanitaire de la récolte est mis en avant, conséquence des faibles pluies.
La coopérative vendéenne Cavac enregistre aussi de bons rendements, supérieurs de 10 à 20 q/ha aux performances habituelles. Par effet de dilution, le taux de protéines décroche à 11,2 %. « La faible pression des maladies a permis de conserver la dernière feuille, ce qui a favorisé l’alimentation en azote du grain », tempère le directeur céréales Christophe Vinet.
L’orge d’hiver affiche des rendements corrects
Côté orge d’hiver, Soufflet voit des rendements corrects, à 65 q/ha en zones intermédiaires, 85 q/ha dans les terres profondes. La façade Atlantique tire son épingle du jeu, avec 15-20 q/ha de plus qu’habituellement. Ça passe en qualité, le taux de protéines affichant 10,2 % mais avec des disparités. Le calibrage, qui donne une estimation du rendement en brasserie, semble un peu bas par rapport à l’historique, à 80-81 %. Chez Axéréal, les rendements paraissent corrects au sud de la Loire, affectés par le gel au printemps, un cran au-dessus dans la partie nord, l’Eure-et-Loir atteignant 85 q/ha et quelques pics à trois chiffres. Le taux de protéines s’affiche plutôt bas, tout juste aux normes, à moins de 10 %. Les calibrages s’étalent de 70 à 85 %, meilleurs au nord de la Loire autour de 90 %.
Vivescia note des rendements 3 à 4 % supérieurs à la moyenne pluriannuelle avec une qualité correcte en protéines et calibrage. Du côté de Valfrance, entre Oise et Seine-et-Marne, de très bonnes performances sont notées en rendement (80 q/ha contre 75 q/ha en moyenne) et qualité (10 % de protéines, 84 % en calibrage, un PS exceptionnel de 66-67 kg/hl). « Une faible pression des maladies a permis ces résultats », avance le responsable de la collecte Hugues Desmet. « Des agriculteurs n’ont même fait qu’un traitement fongicide ».
L’orge de printemps manque de protéines
« L’orge de printemps va poser problème : elle manque de protéine, la moitié des volumes étant sous les 9,5 % » réclamés par les brasseurs, signale François Berson, directeur de la collecte chez Soufflet. Un tri à la réception est donc nécessaire. Même déception en termes de calibrage, à seulement 82 %. De bons voire très bons rendements sont en revanche notés, compris entre 75 et 80 q/ha en zones intermédiaires, 80-100 q/ha dans les sols profonds. On parle même d’année record chez Océalia, où 70-75 q/ha sont enregistrés (contre 55-60 q/ha en moyenne). Avec un taux de protéines à 9,5 %, Jean-Michel Delavergne n’exprime pas d’inquiétudes : c’est habituellement le plafond de 11,5 % qui pose soucis vis-à-vis des brasseurs. Il juge même la qualité très satisfaisante, avec un calibrage de 90 %.
Mauvaise année pour le colza
« Une récolte à vite oublier ». Voilà ce que Dijon Céréales retient de l’année 2019 pour le colza, dont la collecte recule de 50 % en un an. Le scénario ressemble à un cauchemar : mauvaise implantation dans le sec à l’automne, d’où un retournement de certaines parcelles, coup de gel lors de la floraison et forte pression des insectes (altises puis méligèthes) au printemps qui se traduisent par des siliques vides, canicule en juin faisant chuter le poids de mille grains.
Vivescia annonce 30 % de productivité en moins : la Champagne crayeuse atteint péniblement 30 q/ha, le Barrois 23-25 q/ha. Axéréal témoigne de rendements « pas bons sur les trois quarts du territoire », partant de 10-15 à 25 q/ha au pire, jusqu’à des performances « tout à fait correctes » au nord de Chartres et dans le Perche. Terrena se situe dans la moyenne pluriannuelle, entre 30 et 40 q/ha.
Satisfaction côté blé dur
« Le blé dur est exceptionnel : pas de mitadin, pas de moucheture, une couleur jaune d’or… il est plus beau que le grade 1 de son concurrent canadien (la référence mondiale) », déclare Christophe Vinet à la coopérative vendéenne Cavac. 72-75 q/ha sont relevés (+15 % par rapport à la moyenne). Dans le bassin traditionnel, la Dauphinoise signale aussi une belle à très belle qualité, avec un rendement de 58-60 q/ha (contre 55 q/ha). Au centre, la coopérative beauceronne Scael parle de 77 q/ha (contre 72-73 q/ha).
Le numéro un de la collecte céréalière française Axéréal, qui s’étend de la Beauce à la Touraine et au Nivernais, observe lui aussi des rendements hétérogènes en blé tendre, de 70 à 80 q/ha, soit un bon niveau. Le PS, à 80 kg/hl minimum, est qualifié d’exceptionnel, le taux de protéines, à 11,5 % en moyenne, tout à fait correct. Autre poids lourd du secteur, Soufflet, dont la zone d’activité forme un large croissant de Rouen à Metz, note des rendements bons à très bons, autour de 75-76 q/ha, ce qui représente 10 % de plus que l’an dernier. La qualité est très satisfaisante, avec 11,5 % de protéines, plus de 80 kg/hl en PS, des teneurs en mycotoxines très faibles.
Tout au nord, la coopérative des Hauts-de-France Advitam entame tout juste la récolte de blé. « Il est trop tôt pour voir l’impact du coup de chaud », déclare le directeur céréales Nicolas Foissey. L’épisode de fortes chaleurs fin juin a été plus bref dans la région, deux jours seulement ayant dépassé 30°. Un mois après, à l’approche d’une nouvelle canicule, l’affaire se présente bien : un rendement de 92-93 q/ha est signalé en variétés précoces, 5 % au-dessus de la moyenne sur dix ans. De très bons PS sont notés, autour de 80-81 kg/hl, une benne affichant même la valeur record de 86 kg/hl. Le taux de protéines, à 11,3-11,4 %, apparaît conforme à la normale. Reste à voir pour les variétés plus tardives.
Des chantiers en toute sérénité
« Les trois semaines de beau temps continu ont permis de récolter d’une traite : du jamais vu », souligne Baptiste Breton, codirecteur de La Tricherie, dans la Vienne. De gros débits de chantiers ont compliqué la tâche au niveau logistique. Sachant que la coopérative doit gérer toute une palette de filières. Mais les producteurs ont accepté de décaler d’une demi-journée des livraisons au silo. Car la météo favorable leur permettait de rester sereins tout au long de la moisson. Et les bons rendements avaient de quoi entretenir la bonne humeur : 75 q/ha dans l’ensemble, 15 % de plus que la moyenne.
Chez Dijon Céréales, la moisson « s’est déroulée sereinement » grâce à la météo qui a permis d’étaler les chantiers. Alain Lebel, le responsable exécution, n’indique « pas d’énorme coup de feu à gérer : les transitions entre les cultures ont été progressives ». Le blé tendre montre une belle qualité, avec des critères physiques optimums - le PS ressort à 79 kg/hl, le taux de protéines à 12,3 %, le W (force boulangère) est jugé satisfaisant - aussi pour les critères technologiques. Pascal Demay, le directeur céréales, souligne une « collecte de blé très homogène en qualité ». À la différence des rendements qui varient beaucoup, de 50 à 100 q/ha, les prévisions semblant toutefois dépassées sur la globalité de la coopérative.
Une faible pression des maladies
Plus à l’ouest, Terrena fait part de sa surprise en termes de rendements, meilleurs que prévu (+4 q/ha) avec des pointes en blé tendre à 100 q/ha, les résultats dans le Poitou étant considérés « exceptionnels ». Le taux de protéines de 11 % ne soulève pas de difficulté. Un bon état sanitaire de la récolte est mis en avant, conséquence des faibles pluies.
La coopérative vendéenne Cavac enregistre aussi de bons rendements, supérieurs de 10 à 20 q/ha aux performances habituelles. Par effet de dilution, le taux de protéines décroche à 11,2 %. « La faible pression des maladies a permis de conserver la dernière feuille, ce qui a favorisé l’alimentation en azote du grain », tempère le directeur céréales Christophe Vinet.
L’orge d’hiver affiche des rendements corrects
Côté orge d’hiver, Soufflet voit des rendements corrects, à 65 q/ha en zones intermédiaires, 85 q/ha dans les terres profondes. La façade Atlantique tire son épingle du jeu, avec 15-20 q/ha de plus qu’habituellement. Ça passe en qualité, le taux de protéines affichant 10,2 % mais avec des disparités. Le calibrage, qui donne une estimation du rendement en brasserie, semble un peu bas par rapport à l’historique, à 80-81 %. Chez Axéréal, les rendements paraissent corrects au sud de la Loire, affectés par le gel au printemps, un cran au-dessus dans la partie nord, l’Eure-et-Loir atteignant 85 q/ha et quelques pics à trois chiffres. Le taux de protéines s’affiche plutôt bas, tout juste aux normes, à moins de 10 %. Les calibrages s’étalent de 70 à 85 %, meilleurs au nord de la Loire autour de 90 %.
Vivescia note des rendements 3 à 4 % supérieurs à la moyenne pluriannuelle avec une qualité correcte en protéines et calibrage. Du côté de Valfrance, entre Oise et Seine-et-Marne, de très bonnes performances sont notées en rendement (80 q/ha contre 75 q/ha en moyenne) et qualité (10 % de protéines, 84 % en calibrage, un PS exceptionnel de 66-67 kg/hl). « Une faible pression des maladies a permis ces résultats », avance le responsable de la collecte Hugues Desmet. « Des agriculteurs n’ont même fait qu’un traitement fongicide ».
L’orge de printemps manque de protéines
« L’orge de printemps va poser problème : elle manque de protéine, la moitié des volumes étant sous les 9,5 % » réclamés par les brasseurs, signale François Berson, directeur de la collecte chez Soufflet. Un tri à la réception est donc nécessaire. Même déception en termes de calibrage, à seulement 82 %. De bons voire très bons rendements sont en revanche notés, compris entre 75 et 80 q/ha en zones intermédiaires, 80-100 q/ha dans les sols profonds. On parle même d’année record chez Océalia, où 70-75 q/ha sont enregistrés (contre 55-60 q/ha en moyenne). Avec un taux de protéines à 9,5 %, Jean-Michel Delavergne n’exprime pas d’inquiétudes : c’est habituellement le plafond de 11,5 % qui pose soucis vis-à-vis des brasseurs. Il juge même la qualité très satisfaisante, avec un calibrage de 90 %.
Mauvaise année pour le colza
« Une récolte à vite oublier ». Voilà ce que Dijon Céréales retient de l’année 2019 pour le colza, dont la collecte recule de 50 % en un an. Le scénario ressemble à un cauchemar : mauvaise implantation dans le sec à l’automne, d’où un retournement de certaines parcelles, coup de gel lors de la floraison et forte pression des insectes (altises puis méligèthes) au printemps qui se traduisent par des siliques vides, canicule en juin faisant chuter le poids de mille grains.
Vivescia annonce 30 % de productivité en moins : la Champagne crayeuse atteint péniblement 30 q/ha, le Barrois 23-25 q/ha. Axéréal témoigne de rendements « pas bons sur les trois quarts du territoire », partant de 10-15 à 25 q/ha au pire, jusqu’à des performances « tout à fait correctes » au nord de Chartres et dans le Perche. Terrena se situe dans la moyenne pluriannuelle, entre 30 et 40 q/ha.
Satisfaction côté blé dur
« Le blé dur est exceptionnel : pas de mitadin, pas de moucheture, une couleur jaune d’or… il est plus beau que le grade 1 de son concurrent canadien (la référence mondiale) », déclare Christophe Vinet à la coopérative vendéenne Cavac. 72-75 q/ha sont relevés (+15 % par rapport à la moyenne). Dans le bassin traditionnel, la Dauphinoise signale aussi une belle à très belle qualité, avec un rendement de 58-60 q/ha (contre 55 q/ha). Au centre, la coopérative beauceronne Scael parle de 77 q/ha (contre 72-73 q/ha).
Inquiétude pour les cultures d’été
La sécheresse, les fortes chaleurs nourrissent de vives inquiétudes pour les cultures d’été comme le maïs, la betterave, la pomme de terre. À l’AGPM (producteurs de maïs), on souligne que la nouvelle canicule fin juillet intervient en pleine floraison de la céréale, « période critique dans l’élaboration du rendement ». Une situation aggravée par de nombreuses restrictions d’eau, qui concernent 77 départements au 25 juillet. Parmi eux, 27 sont placés en « crise » pour tout ou partie de leur territoire.