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Jeunes Agriculteurs de l'€™Yonne

Une mandature s'€™achève

Rencontre avec le président des Jeunes Agriculteurs de l'€™Yonne, Emmanuel Simonnet, dont le mandat se termine et le secrétaire général de la structure, Samuel Legrand.
Par Propos recueillis par Dominique Bernerd
Une mandature s'€™achève
Une mandature s'achève
Tous les deux sont agriculteurs céréaliers. L'€™un achève sa mandature de président départemental après deux ans d'€™exercice, pour briguer la fonction de président cantonal, le second se représentant au poste d'€™administrateur. Rencontre avec Emmanuel Simonnet et Samuel Legrand, à la veille de l'€™assemblée générale des Jeunes Agriculteurs de l'€™Yonne qui se déroulera cette année le 10 février, au lycée la Brosse.

[G]Terres de Bourgogne : A quoi sert la fonction de Secrétaire Général ?
Samuel Legrand :[g] [I]«On a coutume de dire aux JA que le secrétaire général allume la poudre quand le président l'€™éteint ! Généralement, il a en charge l'€™animation du réseau, le lien entre les cantons, le relais de toutes les manifestations... Mais après, dans une petite structure comme la nôtre, les tâches se confondent»[i].

[G]Comment êtes vous arrivés aux JA ?
Emmanuel Simonnet :[g] [I]«La première fois, tu y vas parce que tu es invité. Pour rencontrer des gens dans la même situation que toi, du même âge, qui ont un peu les mêmes problématiques. C'€™est seulement après que tu te dis : maintenant, je vais faire des choses»[i].

[G]Samuel Legrand :[g] [I]«Peu de gens viennent la première fois pour faire du syndical. C'€™est d'€™abord la convivialité avant tout. Moi, j'€™ai rejoint les JA pour y retrouver des copains, même si l'€™engagement est arrivé très
rapidement»[i].

[G]Vous êtes tous les deux agriculteurs céréaliers mais avec un parcours différent
ES :[g] [I]«Sans aller jusqu'€™à dire que je suis né avec une cuillère dans la bouche, moi, je savais que je prendrais la suite de l'€™exploitation familiale. Avec mon frère, on a repris celle de mon oncle et l'€™assolement est resté le même qu'€™il y a 25 ans. On avait une structure qui fonctionnait, pourquoi tout casser ? C'€™est vrai que je n'€™ai jamais eu à me poser de questions. On m'€™a dit un jour, tu veux reprendre ? Ben oui ! Mais peut-être ai-je moins «la fibre» que Samuel ?»[i]

SL : [I]«Moi c'€™était un rêve de gamin. J'€™ai monté mon projet et me suis installé hors cadre familial alors que j'€™étais salarié à l'€™extérieur. Un contexte qui fait que tu balaies ton projet différemment. C'€™est « ton bébé » que tu crées, une volonté personnelle d'€™amener ta barque là où tu l'€™auras choisi. Après, de là à dire que c'€™est plus facile ou moins facile que l'€™expérience d'€™Emmanuel, c'€™est autre chose...»[i]

[G]Vers quoi tend le combat principal des JA aujourd'€™hui ?
SL :[g] [I]«La première des batailles reste l'€™installation, ce qui ramène au problème du foncier, avec
l'€™urbanisation massive que l'€™on connaît et l'€™agrandissement des structures. On ne peut être contre cet agrandissement, mais il faut trouver le juste milieu. Aujourd'€™hui, le but, il est là : avoir une structure et orienter les jeunes sur des systèmes viables avec le développement de valeurs ajoutées sur l'€™exploitation. Se pose aussi le problème du cheptel pour les jeunes éleveurs. Une exploitation de 80 ha avec un quota de 600 000 l de lait qui faisait vivre hier deux familles, un jeune qui la reprend aujourd'€™hui, aura bien du mal à se dégager un salaire !»[i]

[G]Vous avez tous les deux de jeunes enfants. Souhaitez-vous les voir un jour vous succéder sur l'€™exploitation ?
ES :[g] [I]«J'€™essaierai de leur inculquer les principes du métier, après, ils feront ce qu'€™ils voudront, c'€™est sûr. C'€™est bien beau d'€™inciter des jeunes à s'€™installer, mais si on n'€™est pas capable d'€™expliquer à ses propres enfants : «tu sais, c'€™est un beau métier !», c'€™est un peu dommage !»[i]

[G]SL :[g] [I]«C'€™est un souhait, pas une volonté. Ce qui est certain, c'€™est qu'€™on leur fera moins peur que ce qu'€™on a pu connaître ! Quand je me suis installé hors cadre familial, ils étaient nombreux, les fils de paysans à me dire : «mais tu connais pas la misère que c'€™est !» Sûr que ça me ferait plaisir si le gamin ou la gamine aimaient ça, mais s'€™ils sont passionnés par autre chose, ils auront le choix. Ce qui me ferait mal au cœur quand même, c'€™est qu'€™au final l'€™outil de production que j'€™ai créé soit bradé !»[i].

[G]Thème de la table ronde à l'€™AG cette année : «Doit-on se mobiliser pour les autres ?» Pourquoi ce choix ?
ES :[g] [I]«On a de plus en plus l'€™impression aujourd'€™hui que les gens, face aux difficultés ont tendance à se replier sur eux même et s'€™ouvrent un peu moins. Prêts à s'€™investir pour une journée, mais pour une mandature de deux ans, c'€™est autre chose ! Et puis l'€™engagement peut faire peur aussi. Tu représentes une idée et on te demande de la défendre. Pas toujours facile de défendre des intérêts communs au département, qui ne sont pas forcément ceux de ton canton au départ»[i].

[G]SL :[g] [I]«Même si on se plaint, peut-être après tout que ça ne va pas si mal, ce qui peut expliquer en partie qu'€™on ait du mal à motiver un plus grand nombre de jeunes. Une chose est sûre, c'€™est vraiment au niveau du canton que tout commence ! Le poids du local prend de plus en plus d'€™importance»[i].