Duché de Bourgogne et Comté de Bourgogne
Une longue histoire de rivalités... et d’épousailles
Le Conseil régional a organisé un colloque à Dijon, le 2 février dernier, autour de l’histoire mouvementée des duché et comté de Bourgogne. Les deux Bourgogne ont longtemps cheminé côte à côte, se défiant souvent, se trouvant réunies parfois. C’est une longue histoire qui aboutit aujourd’hui à la construction récente de la Bourgogne-Franche-Comté. Une histoire qui doit permettre de mieux se comprendre pour travailler ensemble à bâtir le futur des populations sans renier le passé.

Les antagonismes, les rivalités, les méfiances ne datent pas d’hier entre Bourgogne et Franche-Comté. L’une et l’autre, si proches et si dissemblables à la fois, se sont attirées, repoussées, puis unies plusieurs fois, au rythme des mariages entre princes, princesses et Grands des cours d’Europe.
« La longue histoire d’une unité » est aussi celle d’une longue rivalité qui se solde par une union de raison, finalement scellée en 2015.
Si l’union entre Bourgogne et Franche-Comté est de fraîche date, ces deux territoires ont entretenu depuis longtemps des rapports étroits, renforcés par quelques mariages princiers, mais souvent perturbés par deux voisins fortement antagonistes la Maison de France et les Habsbourg. L’âge d’or de la réunion sous une même bannière du Duché de Bourgogne et du Comté de Bourgogne ( la Franche-Comté) va de 1477 à 1493. À la faveur d’un mariage bien raisonné, ces deux territoires se trouvent entre les mains de Charles le Téméraire et y resteront jusqu’à sa mort en 1493. La frontière entre le duché de Bourgogne intégré au royaume de France et la comté, province du Saint-Empire, se consolide alors. Les destins des deux provinces divergent ensuite, le duché restant dans le royaume de France, alors que la Comté passe sous le contrôle des Habsbourg. À un moment, Il s’en fallut de peu que les deux Bourgogne (duché et comté) ne glissent du côté du Saint-Empire, mais les défaites du Téméraire stoppèrent le mouvement.
Nouveau rebondissement sous le règne de Louis XIV qui annexe purement et simplement la Comté en 1678. Ce qui n’ira pas de soi pour les populations de Franche-Comté, très attachées à leur singularité et qui ont toujours défendu une certaine idée de leur liberté. Ces populations ont d’ailleurs payé un lourd tribu aux guerres et aux épisodes de peste qui se sont succédés. On estime ainsi que les deux tiers des Francs-Comtois sont morts pendant la guerre de Dix Ans. Le grand Voltaire a été sensible au destin de la Franche-Comté : «Cette province, assez pauvre en argent mais très fertile, bien peuplée, étendue en long de quarante lieues et large de vingt, avait le nom de Franche et l’était en effet. Les rois d’Espagne en étaient plutôt les protecteurs que les maîtres. Quoique ce pays fût du gouvernement de la Flandre, il n’en dépendait que peu. Toute l’administration était partagée et disputée entre le parlement et le gouverneur de la Franche-Comté. Le peuple jouissait de grands privilèges, toujours respectés par la Cour de Madrid qui ménageait une province jalouse de ses droits, et voisine de la France. Besançon même se gouvernait comme une ville impériale (...) Jamais peuple ne vécut sous une administration plus douce et ne fut si attaché à ses souverains. Son amour pour la maison d’Autriche s’est conservé pendant deux générations ; mais cet amour était, au fond, celui de la liberté.». Sous la poigne de fer de Louis XIV, la douceur de vivre en Franche-Comté en pris un sacré coup.
L’intégration de la Franche-Comté au royaume de France crée une frontière étatique entre la France et les cantons suisses. Cette frontière traverse des cantons jurassiens qui avaient pu constituer, au cours des siècles précédents, un espace commun. Les Francs-Comtois se réfugiaient souvent dans ces territoires pour échapper aux exactions dont ils étaient victimes au gré des guerres entre princes et ducs. L’étude historique montrent également que Bourguignons et Comtois sont tous des Bourguignons «canal historique», puisque la région de Franche-Comté, officiellement supprimée en 2015, correspond presque exactement à l’ancien comté de Bourgogne.
« La longue histoire d’une unité » est aussi celle d’une longue rivalité qui se solde par une union de raison, finalement scellée en 2015.
Si l’union entre Bourgogne et Franche-Comté est de fraîche date, ces deux territoires ont entretenu depuis longtemps des rapports étroits, renforcés par quelques mariages princiers, mais souvent perturbés par deux voisins fortement antagonistes la Maison de France et les Habsbourg. L’âge d’or de la réunion sous une même bannière du Duché de Bourgogne et du Comté de Bourgogne ( la Franche-Comté) va de 1477 à 1493. À la faveur d’un mariage bien raisonné, ces deux territoires se trouvent entre les mains de Charles le Téméraire et y resteront jusqu’à sa mort en 1493. La frontière entre le duché de Bourgogne intégré au royaume de France et la comté, province du Saint-Empire, se consolide alors. Les destins des deux provinces divergent ensuite, le duché restant dans le royaume de France, alors que la Comté passe sous le contrôle des Habsbourg. À un moment, Il s’en fallut de peu que les deux Bourgogne (duché et comté) ne glissent du côté du Saint-Empire, mais les défaites du Téméraire stoppèrent le mouvement.
Nouveau rebondissement sous le règne de Louis XIV qui annexe purement et simplement la Comté en 1678. Ce qui n’ira pas de soi pour les populations de Franche-Comté, très attachées à leur singularité et qui ont toujours défendu une certaine idée de leur liberté. Ces populations ont d’ailleurs payé un lourd tribu aux guerres et aux épisodes de peste qui se sont succédés. On estime ainsi que les deux tiers des Francs-Comtois sont morts pendant la guerre de Dix Ans. Le grand Voltaire a été sensible au destin de la Franche-Comté : «Cette province, assez pauvre en argent mais très fertile, bien peuplée, étendue en long de quarante lieues et large de vingt, avait le nom de Franche et l’était en effet. Les rois d’Espagne en étaient plutôt les protecteurs que les maîtres. Quoique ce pays fût du gouvernement de la Flandre, il n’en dépendait que peu. Toute l’administration était partagée et disputée entre le parlement et le gouverneur de la Franche-Comté. Le peuple jouissait de grands privilèges, toujours respectés par la Cour de Madrid qui ménageait une province jalouse de ses droits, et voisine de la France. Besançon même se gouvernait comme une ville impériale (...) Jamais peuple ne vécut sous une administration plus douce et ne fut si attaché à ses souverains. Son amour pour la maison d’Autriche s’est conservé pendant deux générations ; mais cet amour était, au fond, celui de la liberté.». Sous la poigne de fer de Louis XIV, la douceur de vivre en Franche-Comté en pris un sacré coup.
L’intégration de la Franche-Comté au royaume de France crée une frontière étatique entre la France et les cantons suisses. Cette frontière traverse des cantons jurassiens qui avaient pu constituer, au cours des siècles précédents, un espace commun. Les Francs-Comtois se réfugiaient souvent dans ces territoires pour échapper aux exactions dont ils étaient victimes au gré des guerres entre princes et ducs. L’étude historique montrent également que Bourguignons et Comtois sont tous des Bourguignons «canal historique», puisque la région de Franche-Comté, officiellement supprimée en 2015, correspond presque exactement à l’ancien comté de Bourgogne.
Les riches heures et voyages des ducs et duchesses de Bourgogne
En 1330, Jeanne de France (22 ans) épouse Eudes IV de Bourgogne. À cette époque, les grands mènent une vie d’errance, de possessions en villes féales et de châteaux en places fortes. Jeanne de France ne fait pas exception et le relevé des dépenses de sa cour en montre la magnificence. Jean-Baptiste Santamaria (Université de Lille III), explique qu’elle est capable de parcourir avec sa suite 2 256 km à cheval en un an, en 106 jours de voyage, d’un bout à l’autre de ses possessions et de celles de son époux, qu’elle représente quand il guerroie ailleurs. Jeanne de France séjourne souvent sur les terres du duché de Bourgogne et en France, mais fait de rares incursions dans le comté de Bourgogne. Dijon apparaît déjà comme une plaque tournante bien commode, car assez proche de son hotel d’Artois à Paris.
Beaune, Clerval, Salin, Dole, Besançon, Châtillon... sont des étapes pour les 145 à 380 chevaux qui accompagnent sa suite en mouvement. 120 personnes sont au service et les dépenses somptuaires de la Duchesse témoignent d’une volonté de paraître très affirmée. C’est une cour «carnassière» qu’il faut nourrir de bonne chère et de vins fins (600 litres par jour pour l’ordinaire, 1551 litres pour fêter Noël). Le train de vie d’une seule journée de cette cour itinérante correspond alors à deux ans de salaire d’un ouvrier.
La duchesse a ainsi contribué à un certain rapprochement des deux régions, en particulier sur le plan culturel. En dépit de leur éloignement fréquent, les ducs de Bourgogne suivent attentivement les affaires comtoises. Ils travaillent notamment à l’harmonisation juridique de certaines pratiques entre les deux provinces. À la mort de Eudes IV, le rapprochement entre duché et comté de Bourgogne est bien établi, la centralisation financière effective. Sur le papier cela fonctionne, dans les esprits c’est autre chose...
Beaune, Clerval, Salin, Dole, Besançon, Châtillon... sont des étapes pour les 145 à 380 chevaux qui accompagnent sa suite en mouvement. 120 personnes sont au service et les dépenses somptuaires de la Duchesse témoignent d’une volonté de paraître très affirmée. C’est une cour «carnassière» qu’il faut nourrir de bonne chère et de vins fins (600 litres par jour pour l’ordinaire, 1551 litres pour fêter Noël). Le train de vie d’une seule journée de cette cour itinérante correspond alors à deux ans de salaire d’un ouvrier.
La duchesse a ainsi contribué à un certain rapprochement des deux régions, en particulier sur le plan culturel. En dépit de leur éloignement fréquent, les ducs de Bourgogne suivent attentivement les affaires comtoises. Ils travaillent notamment à l’harmonisation juridique de certaines pratiques entre les deux provinces. À la mort de Eudes IV, le rapprochement entre duché et comté de Bourgogne est bien établi, la centralisation financière effective. Sur le papier cela fonctionne, dans les esprits c’est autre chose...