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Valorisation

Une logique locale

Comme expliqué dans une précédente édition, le Secours populaire de la Nièvre collabore avec certains producteurs locaux dont Guillaume Crépin (« Blanc Bleu du Morvan » à Vandenesse). 

Par Chloé Monget
Une logique locale
Guillaume et Yuliya Crépin se sont installés à Vandenesse depuis deux ans. Pour les contacter : contact@blancbleudumorvan.com

Afin de proposer des produits de qualité aux personnes accueillies par le Secours populaire de la Nièvre, l'association met en œuvre différentes actions dont l'approvisionnement de son marché par des producteurs berrichons et nivernais. Parmi eux, Guillaume Crépin, 40 ans, éleveur à Vandenesse (« Blanc Bleu du Morvan »). Plus précisément, Guillaume fournit en viande Blanc Bleu l'association, suite à une mise en relation entre lui et l'association par un de ses clients. Il explique : « Le partenariat est mis en place depuis quelques mois, mais j'espère que nous irons plus loin qu'une simple livraison de denrées. En effet, j'aimerais beaucoup pouvoir expliquer mes pratiques, faire découvrir l'exploitation et les bienfaits de l'approvisionnement local (au sens large) ou encore les différentes races ou encore participer à des événements comme des dégustations afin de présenter les morceaux… En somme, tisser du lien pour retrouver un certain équilibre entre public et exploitant. Pour moi, revenir à la sphère locale c'est renouer avec une certaine logique et des échanges véritablement humains. Et bien évidemment tout cela doit se construire en confiance ».

Recommencer à zéro

Cette vision que Guillaume Crépin a de son partenariat avec le Secours Populaire se retrouve également dans son choix professionnel. S'il est installé depuis deux ans dans la Nièvre, Guillaume était auparavant exploitant en Belgique : « J'ai décidé de tout quitter, car l'agriculture Belge dans sa globalité n'avait plus de sens pour moi, avec ses systèmes ultra-intensifs et un foncier en grande tension. Ayant la conviction que se plaindre ne résout rien, j'ai donc pris la décision d'avancer en redémarrant ailleurs ». Ainsi, durant deux ans il cherche une ferme à reprendre en France : « J'ai opté pour ce pays car la barrière de la langue n'existe pas, et j'ai écumé de nombreux endroits (Cantal, Creuse, Yonne, Ain, etc.) avant de trouver la ferme de Vandenesse ». Presque comme un coup de cœur, il détaille : « Le lieu m'a beaucoup plu. Et, cerise sur le gâteau, il se prêtait à l'élevage de Blanc Bleu. Malgré tout, s'il avait fallu laisser le cheptel de côté, je pense que je l'aurai fait pour me tourner vers une autre race, car parfois il faut prendre des décisions compliquées ». C'est donc avec un cheptel d'une centaine de bovins et 35 vêlages par an, sur 75 ha que Guillaume vit aujourd'hui, avec sa conjointe collaboratrice, Yuliya, 39 ans. Il poursuit : « En Belgique, j'aurai été la 4e et dernière génération d'exploitants. Ici, je suis la première. Nous verrons si cela se poursuivra avec mes enfants, mais je leur laisse faire ce choix. En attendant, j'espère pouvoir améliorer l'environnement dans lequel ils évoluent afin de leur transmettre un monde vivable, où l'on travaille avec la nature ».

Des valeurs bien précises

Dans cette idée, il stipule : « J'adapte d'ailleurs mes pratiques au fil du temps, grâce aux observations que je peux faire tous les jours ». Sur ce volet de « synergie avec son environnement », il présente quelques éléments : « Je vais commencer à travailler avec la Chambre d'Agriculture ou encore le Parc naturel régional du Morvan pour réimplanter des arbres et haies, notamment le long de la Dragne pour limiter l'érosion des berges. En somme, je voudrais stabiliser quelque chose qui l'est de moins en moins. En parallèle, l'exploitation est engagée dans les MAEC et labellisée HVE. Si cela représente bien évidemment des contraintes non négligeables, je pense que cela est bénéfique puisqu'en accord avec ma vision globale de mon exploitation ». En plus, il insiste : « Quand nous avons décidé de nous installer ici, nous voulions que le bien-être animal soit au centre de notre activité. Nous avons donc opté pour un cheptel réduit, avec une commercialisation en circuit court et en vente directe. Ainsi, nous allons au bout de la chaîne de l'élevage en suivant nos animaux jusqu'au bout du vêlage à l'assiette puisque nous réalisons le transport vers l'abattoir et les livraisons auprès des clients. Cette manière de faire, outre d'avoir un lien indéniable avec mes animaux – que je vais voir tous les jours – j'arrive à proposer des DLC de 20 jours ; point idéal pour une gestion plus aisée dans les établissements de restauration ». Actuellement, Guillaume travaille avec des restaurants ainsi que la cantine du collège de La Machine. Il stipule : « Approvisionner en local est logique pour moi car, outre avoir des aliments de qualité, cela permet de réduire l'impact sur l'environnement, tout en faisant marcher l'économie locale et donc la vie autour. D'ailleurs, l'alimentation pour mes animaux (blé, luzerne, maïs, etc.) est elle aussi achetée localement ». Aujourd'hui, Guillaume Crépin cherche à développer son carnet d'adresses : « J'adorerai fournir d'autres restaurations collectives, et des restaurants qui voient les choses d'une manière globale, il ne faut donc pas hésiter à me contacter ». Pour les convaincre, il définit ce qu'est la Blanc Bleu à ses yeux : « À mon sens, cette race est synonyme d'élégance, et de bon équilibre, avec une belle longueur et des aplombs bien faits. Même si les naissances se font obligatoirement par césarienne, car les animaux sont très conformés, tout est réalisé dans d'excellentes conditions et sous surveillance rapprochée de l'animal tous les jours. À cela s'ajoute, un très bon rendu en volume. Par exemple, pour un animal de 900 kg, nous pouvons espérer obtenir environ 600 kg de carcasse sur laquelle nous pourrons potentiellement sortir plus de 80 % de viande. Dans tous les cas, il faut du temps pour arriver à une certaine qualité de viande, il ne faut rien forcer, il faut suivre le courant naturel ». Il conclut : « En venant en France, j'ai la chance de pouvoir réinventer mon métier au quotidien, et c'est un plaisir de constater qu'il est possible de revenir à un système respectant les valeurs environnementales, humaines et animales ».

L'avenir du Secours populaire

Pour l'avenir, Ingrid Morice, directrice départementale du Secours Populaire de la Nièvre, est inquiète. « Les enjeux futurs autour du « Bien manger » sont grands car la situation se dégrade pour nombre de personnes. Et, en parallèle, les dons s'amenuisent, et plus spécifiquement ceux des entreprises, car le contexte économique nivernais est de plus en plus complexe ». Toutefois, elle insiste : « quels que soient les montants ou les formes de donations, l'important est l'intention car elle offre une dynamique collective différente de l'individualisme qui transpire de la société aujourd'hui. Nous sommes toujours en recherche de partenariats, donc contactez-nous ! ». Renseignements : contact@spf58.org ou au 03 86 61 32 49.