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Sécheresse

Une facture à 20 000 euros ?

Les conséquences économiques de la sécheresse sont lourdes pour les élevages allaitants. Exemple près de Bligny-sur-Ouche.
Par AG
Une facture à 20 000 euros ?
David Doyer maintient une alimentation de qualité pour ses charolais, mais pas à n’importe quel prix.
À boire et à manger : les bovins ne manquent de rien malgré des puits à sec et une herbe qui n’en est plus vraiment une. « Ce n’est pas de tout repos et l’opération n’est malheureusement pas gratuite », relève David Doyer, exploitant à Chaudenay-la-Ville, qui estime à six heures le temps quotidien consacré à l’abreuvement de ses bêtes. « Nous devons aller chercher de l’eau à Thorey-sur-Ouche et revenir ici dans nos prés, plusieurs fois par jour, c’est 12 km à chaque fois et ce n’est pas très pratique. Notre tonne contient 4 500 litres : un seul voyage suffisait il y a un mois, il nous en faut désormais entre deux et trois pour combler les besoins grandissants de nos 240 animaux, en comptant les vaches et les veaux », observe l’éleveur. David Doyer chiffre à 1200 m3 le volume d’eau total apporté à ses bovins en 2019 : « nous repartons hélas sur les mêmes bases cette année, la tendance se confirme de jour en jour. Je me suis installé en 2009 : nous ne transportions à l’époque que 20 m3 d’eau durant les premiers étés, ce volume suffisait amplement. Depuis 3 ou 4 ans, c’est de la folie ». Plusieurs de ses prés sont alimentés avec l’eau du réseau, la facture s’est élevée à 3 000 euros en 2019 et risque d’être tout aussi importante lors de cet exercice.

À table
Sa centaine de vaches charolaises et leur descendance mangent également beaucoup : « les nourrisseurs sont vite épuisés, il faut régulièrement les remplir, les broutards mangent comme des ânes ! Entre quatre et cinq bottes de foin et de paille leur sont aussi distribuées chaque jour ». L’agriculteur de 49 ans veille avec attention « à l’état » de ses bêtes, dans l’idée de limiter les impacts sur la reproduction et la croissance : « c’est le risque encouru durant ces périodes de sécheresse… Les vaches sont susceptibles d’être moins préparées au vêlage en cas de carences énergétiques, sachant que des séquelles peuvent subsister même l’année suivante. Les vaches en gestation reçoivent de ce fait uniquement du foin. Il n’y en a pas eu beaucoup cette année, mais il est de bonne qualité. Afin de maintenir la croissance des veaux, je leur apporte de l’aliment, je viens d’en recommander cinq tonnes pour un total de 1 800 euros… Nous ne pouvons pas faire autrement, les vaches n’ont plus de lait et il n’y a plus d’herbe à manger dans les prés ».

Une note salée
La facture de la sécheresse approchait les 20 000 euros en 2019 pour le Gaec des Pralets, qui redoute de devoir en débourser davantage cette année, avec les frais supplémentaires liés à la récolte très décevante de paille. David Doyer attend « un geste » des collectivités, « au moins » sur les tarifs de l’eau : « aujourd’hui, un particulier qui remplit sa piscine et un éleveur qui n’a pas d’autre choix que d’abreuver ses animaux en période de sécheresse payent tous les deux le même prix au mètre cube, je trouve cela aberrant. C’est même pire dans mon cas personnel : dans notre syndicat, à partir de 1 000 m3 de consommation, le mètre cube d’eau passe de 1,54 à 2,03 euros car il faut visiblement taxer les gros consommateurs. Je pense que l’eau, bien au contraire, devrait être détaxée pour les éleveurs qui n’ont pas d’autres moyens pour s’adapter ».