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Installation

Une AOP, pour mieux voir l’avenir

Un jeune éleveur évoque son parcours l’ayant mené jusqu’à la reprise d’une exploitation laitière.
Par Aurélien Genest
Une AOP, pour mieux voir l’avenir
Thomas Cotiby, ici devant son troupeau Simmental à Villy-en-Auxois, s’est distingué aux derniers trophées de l’agriculture.
Thomas Cotiby a commencé sa carrière professionnelle à Simmental France. Ce jeune originaire de Laignes aujourd’hui âgé de 24 ans a appris, en cours d’année 2018, qu’un éleveur laitier de Villy-en-Auxois recherchait un repreneur. « Cette information m’a interpellé, moi qui ai toujours voulu m’installer. Je n’étais pas en contact direct avec cet éleveur quand j’étais conseiller, même s’il avait des Simmental ». Thomas Cotiby a rapidement échangé avec Jean-Louis Lachot, le cédant concerné. Les deux Côte-d’oriens ont organisé un premier rendez-vous pour faire connaissance. « Nous en avons profité pour faire le tour de la ferme. Jean-Louis a été totalement transparent dès le départ sur la partie économique, il m’a transmis sa comptabilité. J’ai vu ce que l’exploitation était en mesure de dégager, c’était bien sûr un aspect primordial pour moi », confie Thomas Cotiby. Une deuxième rencontre entre les deux hommes a été programmée trois semaines plus tard, le temps de laisser place à la réflexion : « j’étais vraiment partant car ce projet présentait tous les critères que je recherchais avec ses 90 vaches laitières, son exploitation à taille humaine et son secteur très plaisant pour vivre et travailler. L’intégralité de la production, environ 500 000 litres, part en AOP Époisses : c’était un autre avantage pour me lancer. Les prix sont attractifs dans cette filière : l’année 2019 s’est d’ailleurs terminée sur une moyenne de 417 euros payés aux 1 000 litres. La Simmental est aussi la race que je préfère, sa mixité est très intéressante, le lait et la viande sont valorisés ».

Top départ
Thomas Cotiby et Jean-Louis Lachot se sont mis d’accord sur un prix : « à partir de ce moment-là, les premières démarches se sont enchaînées, j’ai pris contact avec le service installation de la Chambre d’agriculture de Côte-d’Or. Jean-Louis partait en retraite le 1er septembre 2019 : il était pertinent de travailler un an ensemble, c’est ce que nous avons fait dans le cadre d’un stage Start’agri. Ce programme de formation a pour objectif de faciliter l’installation, prioritairement en dehors du cadre familial ». Thomas Cotiby est finalement arrivé sur la ferme le 1er septembre 2018 : « j’ai commencé de prendre mes marques, j’ai effectué les différentes tâches administratives. Un tas de paperasses est à remplir, ce n’est pas très compliqué mais il faut bien suivre et être tout le temps dedans pour ne pas se laisser dépasser… Il faut bien un an pour tout faire correctement. L’un des tout premiers rendez-vous est bien sûr d’aller voir sa banque, pour voir ce qu’il est possible d’envisager. Tout s’est relativement bien passé car, dans ce projet, tout existait déjà, tout était déjà en place. Je n’ai pas repris l’EARL car des parts sociales ne s’amortissent pas. J’ai acheté les bâtiments, les vaches et le matériel en dissociant tous ces postes à chaque fois. Les prêts ne vont pas au-delà de 15 ans car la banque ne voulait pas, c’est un peu dommage mais c’est comme ça ». Le jeune éleveur assure qu’il n’aura pas le droit à « trop d’écarts » durant ses premières années : « à ce titre, le dernier hiver a déjà fait du mal avec une facture sécheresse qui dépasse la barre des 20 000 euros. Jean-Louis avait fait une bonne récolte de fourrages en 2017, qui avait permis de passer le cap de la sécheresse 2018 assez sereinement. Mais il n’y avait plus assez de stocks l’année suivante, en 2019. La facture de pulpes de betteraves dépasse les 8 000 euros, nous avons entre 3 000 et 4 000 euros de foin de luzerne, 150 tonnes de paille qu’il a fallu aller chercher plus loin que d’habitude, et beaucoup de concentrés. Le tarif de l’eau, ici, est passé de 78 centimes à 2,80 euros le m3 à partir du 1er janvier 2019, c’est incroyable. Le problème, lors de ces sécheresses, c’est qu’il faut apporter de l’eau dans les prés des le 1er juillet. Pour ne rien arranger, le temps de travail supplémentaire est d’environ de 2 heures par jour tout l’été ».