Chambre d’agriculture de l’Yonne
Un traité de libre échange sous surveillance
Parmi les sujets à l’ordre du jour de la Session de novembre de la Chambre d’agriculture de l’Yonne, le vote d’une motion appelant à délibérer sur le projet d’accords transatlantiques TAFTA.
C’est par une minute de silence à la mémoire des victimes des récents attentats parisiens, qu’a débuté la session de la Chambre d’agriculture de l’Yonne du 24 novembre dernier. Une session doublement particulière car dernière à se dérouler dans les locaux actuels avant le début des travaux de rénovation du bâtiment.
Comme à l’accoutumée, le président Etienne Henriot, a dressé en préambule, une situation de l’agriculture icaunaise, filière par filière. En grandes cultures, la récolte mondiale très élevée en blé et en céréales secondaires, fait pression sur les prix : «on se retrouve avec des niveaux de prix pas très performants, les stocks étant très élevés, avec toujours cette réalité qui s’impose à nous, de grande volatilité des cours. Ce qui occasionne des différentiels sur les céréales de l’ordre de 50 € la tonne sur la campagne, voire supérieurs, pour ce qui est des oléagineux». Et ce, en dépit d’un repli de l’euro face au dollar, favorisant les exportations. Le problème de la faiblesse en protéines des blés de l’Yonne, souligne Etienne Henriot, «s’affirme chaque année avec davantage d’acuité, menaçant la pérennité même des débouchés alimentaires des productions icaunaises».
Autre interrogation, avec le risque de voir les récoltes de l’hémisphère sud peser sur les paramètres de prévisions de prix : «on voit bien que ce qui se passe sur notre territoire, n’influe que très partiellement le cours des denrées et ce qui se passe entre autres, dans la région de la Mer Noire, la Chine ou l’Amérique du sud, a des causes déterminantes sur les cours de nos céréales». Quant aux cultures de printemps, elles ont cette année particulièrement souffert du climat et les rendements sont à la baisse de 50 à 70 % par rapport à la campagne précédente : «avec le risque de voir ces cultures disparaître sur certaines exploitations, alors que l’allongement des rotations est une orientation préconisée pour faire face à certaines difficultés non résolues de maîtrise des adventices et pour permettre une diminution de l’utilisation des intrants».
Combien d’éleveurs laitiers d’ici 2050 ?
Contexte morose également dans le monde de l’élevage, avec le retour de la fièvre catarrhale ovine qui a eu comme conséquence le blocage des transports et des exportations de broutards icaunais. Après vaccination, les ventes reprennent timidement : «les clients qui sont en face, ne sont pas d’un enthousiasme débordant pour acheter et les broutards restés à la ferme ont engendré des surcoûts d’élevage. Quelle sera la valeur de commercialisation de ces animaux destinés à être vendus à 300 ou 360 kg et qui pèsent aujourd’hui respectivement 350 et 470 kg ? Les éleveurs choisiront-ils de les engraisser alors que les trésoreries sont déjà tendues?» Démantèlement des quotas depuis mars dernier et concurrence exacerbée entre pays producteurs de l’Europe pèsent une nouvelle fois sur le marché des produits laitiers. Peut-être la crise de trop selon la vice-présidente de la Chambre d’agriculture, Nadine Darlot : «le contexte est particulièrement difficile, même si j’ai l’impression depuis quelques années, de toujours répéter la même chose, avec des prix de base allant aujourd’hui de 273 à 340 € et des écarts de prix de revient très hétérogènes allant de 336 à 394 € aux 1000 litres. Au rythme d’une crise tous les 18 mois, les exploitations ont été mises à genoux». Alors que se profile au national, à l’horizon 2025 la retraite pour la moitié des éleveurs actuels, une question se pose : «comment se dessinera alors le paysage laitier départemental ?» La Chambre d’agriculture participe à la mise en œuvre du Plan de soutien aux éleveurs, mais, souligne son président : «les moyens disponibles ne sont pas à la hauteur des difficultés rencontrées et les critères proposés font qu’il est difficile de répondre à toutes les demandes».
Une motion sur les accords Tafta
L’aviculture bénéficie de la baisse relative du prix des aliments, dans le département, le poulet bio Duc poursuivant sa croissance, avec 3 300 poulets abattus par semaine. Une unité de production d’aliments bio est à l’étude. Toujours un marché tendu pour ce qui est de la production porcine, avec des prix payés ne permettant pas de couvrir les prix de revient. Quid de la betterave icaunaise, avec le démantèlement des quotas annoncé pour 2017 ouvrant la porte aux pays du Sud, qui ont tous des coûts de production inférieurs à ceux en France ? Les viticulteurs icaunais se réjouissent d’une récolte satisfaisante à la fois en quantité et qualité, mais les vins de l’Auxerrois ont vu leur récolte en rouges réduite cette année encore de 25 à 30%. Au total, sur 4 ans, il manque pratiquement 80 % d’une récolte. Une autre problématique apparaît pour la filière, née de la difficulté à former de la main d’œuvre qualifiée, faute de candidats.
Parmi les autres sujets abordés lors de cette Session, l’examen d’une délibération proposée par le syndicat de la Confédération Paysanne sur le projet de négociations transatlantiques pour le commerce et l’investissement, plus connu sous son acronyme Tafta. Considéré globalement comme «un sujet dangereux pour l’agriculture et manquant de transparence».
Il a été décidé à l’unanimité moins une abstention, de répondre favorablement au vote de cette motion. Après délibération, les membres de la Chambre d’agriculture de l’Yonne demandent que dans le cadre de ces négociations, «les produits agricoles soient dans leur ensemble, classés en «produits sensibles» au regard des échanges tarifaires et ce, sans démantèlements ultérieurs de leurs tarifs douaniers et sans instauration de quotas de libre échange exclus de droits de douane» il est demandé également, concernant les Indications Géographiques Protégées (IGP), «qu’elles ne fassent l’objet d’aucune concession d’abandon dans le cadre des négociations transatlantiques» et d’une manière générale, que l’agriculture européenne, ne constitue en aucun point de ces négociations, «une monnaie d’échange en contrepartie d’avantages liés notamment à l’accès de l’Europe aux marchés publics nord-américains de l’énergie, des transports et des services».
(D’après note de conjoncture Chambre Agri 89)
Comme à l’accoutumée, le président Etienne Henriot, a dressé en préambule, une situation de l’agriculture icaunaise, filière par filière. En grandes cultures, la récolte mondiale très élevée en blé et en céréales secondaires, fait pression sur les prix : «on se retrouve avec des niveaux de prix pas très performants, les stocks étant très élevés, avec toujours cette réalité qui s’impose à nous, de grande volatilité des cours. Ce qui occasionne des différentiels sur les céréales de l’ordre de 50 € la tonne sur la campagne, voire supérieurs, pour ce qui est des oléagineux». Et ce, en dépit d’un repli de l’euro face au dollar, favorisant les exportations. Le problème de la faiblesse en protéines des blés de l’Yonne, souligne Etienne Henriot, «s’affirme chaque année avec davantage d’acuité, menaçant la pérennité même des débouchés alimentaires des productions icaunaises».
Autre interrogation, avec le risque de voir les récoltes de l’hémisphère sud peser sur les paramètres de prévisions de prix : «on voit bien que ce qui se passe sur notre territoire, n’influe que très partiellement le cours des denrées et ce qui se passe entre autres, dans la région de la Mer Noire, la Chine ou l’Amérique du sud, a des causes déterminantes sur les cours de nos céréales». Quant aux cultures de printemps, elles ont cette année particulièrement souffert du climat et les rendements sont à la baisse de 50 à 70 % par rapport à la campagne précédente : «avec le risque de voir ces cultures disparaître sur certaines exploitations, alors que l’allongement des rotations est une orientation préconisée pour faire face à certaines difficultés non résolues de maîtrise des adventices et pour permettre une diminution de l’utilisation des intrants».
Combien d’éleveurs laitiers d’ici 2050 ?
Contexte morose également dans le monde de l’élevage, avec le retour de la fièvre catarrhale ovine qui a eu comme conséquence le blocage des transports et des exportations de broutards icaunais. Après vaccination, les ventes reprennent timidement : «les clients qui sont en face, ne sont pas d’un enthousiasme débordant pour acheter et les broutards restés à la ferme ont engendré des surcoûts d’élevage. Quelle sera la valeur de commercialisation de ces animaux destinés à être vendus à 300 ou 360 kg et qui pèsent aujourd’hui respectivement 350 et 470 kg ? Les éleveurs choisiront-ils de les engraisser alors que les trésoreries sont déjà tendues?» Démantèlement des quotas depuis mars dernier et concurrence exacerbée entre pays producteurs de l’Europe pèsent une nouvelle fois sur le marché des produits laitiers. Peut-être la crise de trop selon la vice-présidente de la Chambre d’agriculture, Nadine Darlot : «le contexte est particulièrement difficile, même si j’ai l’impression depuis quelques années, de toujours répéter la même chose, avec des prix de base allant aujourd’hui de 273 à 340 € et des écarts de prix de revient très hétérogènes allant de 336 à 394 € aux 1000 litres. Au rythme d’une crise tous les 18 mois, les exploitations ont été mises à genoux». Alors que se profile au national, à l’horizon 2025 la retraite pour la moitié des éleveurs actuels, une question se pose : «comment se dessinera alors le paysage laitier départemental ?» La Chambre d’agriculture participe à la mise en œuvre du Plan de soutien aux éleveurs, mais, souligne son président : «les moyens disponibles ne sont pas à la hauteur des difficultés rencontrées et les critères proposés font qu’il est difficile de répondre à toutes les demandes».
Une motion sur les accords Tafta
L’aviculture bénéficie de la baisse relative du prix des aliments, dans le département, le poulet bio Duc poursuivant sa croissance, avec 3 300 poulets abattus par semaine. Une unité de production d’aliments bio est à l’étude. Toujours un marché tendu pour ce qui est de la production porcine, avec des prix payés ne permettant pas de couvrir les prix de revient. Quid de la betterave icaunaise, avec le démantèlement des quotas annoncé pour 2017 ouvrant la porte aux pays du Sud, qui ont tous des coûts de production inférieurs à ceux en France ? Les viticulteurs icaunais se réjouissent d’une récolte satisfaisante à la fois en quantité et qualité, mais les vins de l’Auxerrois ont vu leur récolte en rouges réduite cette année encore de 25 à 30%. Au total, sur 4 ans, il manque pratiquement 80 % d’une récolte. Une autre problématique apparaît pour la filière, née de la difficulté à former de la main d’œuvre qualifiée, faute de candidats.
Parmi les autres sujets abordés lors de cette Session, l’examen d’une délibération proposée par le syndicat de la Confédération Paysanne sur le projet de négociations transatlantiques pour le commerce et l’investissement, plus connu sous son acronyme Tafta. Considéré globalement comme «un sujet dangereux pour l’agriculture et manquant de transparence».
Il a été décidé à l’unanimité moins une abstention, de répondre favorablement au vote de cette motion. Après délibération, les membres de la Chambre d’agriculture de l’Yonne demandent que dans le cadre de ces négociations, «les produits agricoles soient dans leur ensemble, classés en «produits sensibles» au regard des échanges tarifaires et ce, sans démantèlements ultérieurs de leurs tarifs douaniers et sans instauration de quotas de libre échange exclus de droits de douane» il est demandé également, concernant les Indications Géographiques Protégées (IGP), «qu’elles ne fassent l’objet d’aucune concession d’abandon dans le cadre des négociations transatlantiques» et d’une manière générale, que l’agriculture européenne, ne constitue en aucun point de ces négociations, «une monnaie d’échange en contrepartie d’avantages liés notamment à l’accès de l’Europe aux marchés publics nord-américains de l’énergie, des transports et des services».
(D’après note de conjoncture Chambre Agri 89)