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Sylviculture

Un trait d’union entre la forêt et l’agriculture

La Chambre d’agriculture de l’Yonne a invité ses membres du bureau à visiter un chantier forestier sur des haies en Puisaye, mis en œuvre par la coopérative Unisylva.
Par Dominique Bernerd
Un trait d’union entre la forêt et l’agriculture
Selon les essences, la cisaille peut couper des branches et troncs jusqu’à un diamètre de 45 cm
La cisaille semble enlacer de ses bras d’acier le chêne émergeant de la haie, pour une danse macabre qui ne durera que quelques secondes. Le temps pour l’engin de le couper comme un fétu de paille et déposer délicatement tronc et branches un peu plus loin sur le sol. Cette parcelle agricole vient d’être rachetée et les exploitants ont fait appel à la coopérative forestière Unisylva, pour rabattre une haie qui n’a pas été entretenue depuis plus d’une trentaine d’années. Avec pour objectif, de repartir de l’existant pour qu’émerge d’ici deux à trois ans une nouvelle haie basse, explique le propriétaire, Frédéric Sonveau : «telle qu’elle était, elle était plutôt néfaste par rapport à l’ombrage de la parcelle, avec toute une partie qui ne séchait pas et des cultures qui ne murissaient plus. Il était important aussi de se mettre en conformité par rapport aux normes dictées par la PAC» Il faut faire vite, car dans quelques jours et jusqu’au 31 juillet, toute intervention dans les haies sera interdite, pour favoriser la nidification.
 
Les atouts d’une haie
Autour des membres du bureau de la Chambre d’agriculture et de son président, plusieurs représentants de la filière forestière icaunaise, comme Hugues de Chastellux, président du Syndicat des Propriétaires Forestiers et Gilles Guespereau, vice président du syndicat et président pour le département de la coopérative Unisylva : «en terme professionnel, une haie est appelée “forêt linéaire”. Un chantier comme celui-ci, c’est vraiment l’interface et le trait d’union entre le monde de l’agriculture et celui de la forêt». Pas toujours facile pour un agriculteur de conserver une haie : ombrage des cultures, entretien, emprise de surface sur la parcelle… Mais ses atouts sont nombreux, rappelle Annie Commeau, du Centre Régional de la Propriété Forestière: «selon l’orientation, elle peut servir de brise vent ou bien aider à filtrer la rapidité avec laquelle tombe la pluie. Elle aide aussi à limiter l’érosion éolienne des sols en fonction de son emplacement…» Quant à l’intérêt sur la biodiversité, il est connu depuis longtemps : «le maintien d’un corridor écologique permet à la haie d’abriter une flore et une faune abondantes. L’idéal étant de conserver une haie mixte, mêlant des arbres de haute tige et des arbustes» La haie a également une valeur patrimoniale et peut servir de bois de chauffage, voire de bois d’œuvre pour les plus belles espèces.  

Une réglementation importante
Une fois la haie coupée et le bois trié, tout sera transporté en lisière d’un chemin accessible à de gros porteurs, où il faudra attendre plusieurs mois pour le faire sécher. Broyé à l’automne, il pourra ensuite être acheminé pour alimenter des chaufferies, comme à Sens, Auxerre ou Montargis. La coopérative Unisylva fournit également l’unité de cogénération d’Orléans, pour à la fois valoriser de la chaleur pour un hôpital et produire de l’électricité. La vente s’effectue sur la base de 53 € de la tonne sèche, répartis entre 24 € pour la coupe, 16 € pour le débardage et 11 € pour la coopérative forestière, le reste étant redonné au propriétaire de la parcelle. Une marge de 11 € qui a son importance, explique Gilles Guespereau et qui, «outre la gestion du chantier et la logistique, inclue de plus en plus le respect des réglementations qui ne cessent de se compliquer, avec des contraintes de plus en plus lourdes. On le voit bien dans l’Yonne, avec des effectifs de contrôleurs multipliés par deux et je n’ai jamais tant recommandé aux propriétaires forestiers de s’adresser à la coopérative, ne serait-ce que pour éviter de se mettre en situation délictueuse…». Le poids des contrôles administratifs…? Au moins un autre point commun entre le monde forestier et celui de l’agriculture !

La coopérative Unisylva

Née en 2004 de la fusion de 6 coopératives forestières
• 10 500 adhérents
• 350 000 ha de surfaces de forêts
• Champs d’action : Limousin, Auvergne, Bourgogne, Centre
• CA : 40 millions €
• 120 salariés
• 150 000 m3 de grumes vendus par an
• 80 camions livrés par jour
à des industries