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Colza

Un sujet qui part en cacahuète

Nous voulions écrire un article sur les semis du colza, suite aux dernières précipitations qui se sont abattues en Côte-d'Or. Mais notre interlocuteur- un producteur céréalier- a vite abordé un tout autre dossier !

Par AG
Un sujet qui part en cacahuète
Les craintes de ne pas voir le colza lever se sont visiblement apaisées avec les dernières pluies.

Passons un petit coup de fil à Clément Babouillard, président de la commission productions végétales de la FDSEA. Celui-ci saura très certainement nous dresser un état des lieux départemental du colza qui, il y a quelques semaines, était en très mauvaise posture avec la canicule. Cet agriculteur d'Ampilly-les-Bordes, dans le Châtillonnais, nous confirme que les levées se sont finalement « assez bien » passées avec le retour d'un temps pluvieux. Plus de peur que de mal donc, mais à un détail près tout de même : « les problèmes ne sont pas terminés pour autant… Ce fort cumul des précipitations a été bénéfique à la levée du colza, mais aussi aux limaces qui nous ennuient énormément depuis quelque temps. Beaucoup de producteurs sont embêtés avec ça, c'est la problématique du moment, sans oublier un salissement très prononcé avec de nombreux vulpins sur les plateaux ».

Les céréales vont mal

Clément Babouillard coupe court à ce sujet en abordant une problématique bien plus importante : la situation économique des exploitations céréalières. « Elle est tout simplement catastrophique ! », insiste le Côte-d'orien, « nous sommes largement en dessous de nos coûts de production, à la fois en blé et en orge… Nous sortons déjà d'une année 2024 très difficile. Le prix de blé est à 175 euros la tonne, une fois déstocké en janvier et aux normes : il manque entre 20 et 30 euros minimum pour couvrir toutes nos charges. Et avec l'ergot présent dans beaucoup de fermes du nord du département cet été, je pense que nous serons payés aux alentours de 160 euros/t, c'est vraiment la totale… ». « Nous avons des vrais problèmes de rentabilité », poursuit le président de la commission productions végétales de la FDSEA, « de vraies questions se posent pour l'avenir des céréales dans nos secteurs… Il va falloir que tous les organismes qui interviennent autour de nous se serrent les boulons de partout pour réduire leurs coûts de fonctionnement. Nous pourrions ainsi gagner en compétitivité. Je pense aux banques, aux assurances mais aussi et surtout à nos coopératives. C'est le message que je souhaite faire passer aujourd'hui ».

« Gérons déjà bien ce que nous avons »

Les agriculteurs n'ont malheureusement pas la main sur les marchés mondiaux, comme le rappelle Clément Babouillard : « un redressement des cours pourrait nous être bénéfique, nous l'attendons impatiemment. Enfin s'il arrive un jour… Il n'y a plus d'argent public pour nous aider, nous le savons et ce n'est même pas cela que nous attendons. Gérons déjà bien ce que nous avons avant de demander quelque chose. Encore une fois, il faut davantage de rigueur chez tous les organismes qui nous entourent. Il faut aussi lâcher les freins sur la production : qu'on nous laisse enfin la possibilité de produire et surtout, produire moins cher, pour être compétitif ! Nous sommes désespérément à la recherche de perspectives et celles-ci passent inévitablement par ces moyens de production. Nous voulons être sereins dans le désherbage. Nous ne voulons pas de dumping sur les engrais azotés comme cela se fait avec la Russie, car nous le payons cash. Il faut aussi arrêter de faire rentrer du blé ukrainien. L'Ukraine en a besoin, mais les agriculteurs ne doivent pas être les seuls à porter le sac à dos de cette guerre… ».