Accès au contenu
Sécurité

Un recul des agressions, mais des élus locaux toujours ciblés

Créé en 2023, le Centre d’analyse et de lutte contre les atteintes aux élus (Calaé) a publié en mai 2025 son premier rapport d’activité. Si les agressions visant les élus locaux ou parlementaires ont reculé de 9,3 % en un an, les deux tiers des faits rapportés sont des menaces ou des outrages.

Par Léa Rochon
Un recul des agressions, mais des élus locaux toujours ciblés
Ministère de l’Intérieur
Selon la sous-préfète Hélène Debiève et le Capitaine Nicolas Ribon, en 2023 et 2024, 68 % des atteintes portées contre les élus étaient des menaces et outrages. Au sein de ce même type d’infractions, 25 % étaient des menaces et outrages cyber.

Lettres de menaces, jets de projectiles, insultes et parfois même violences physiques envers des édiles… Bien qu’anecdotiques, ces faits divers suscitent de plus en plus de réactions de la part des Pouvoirs publics. En 2023, le ministère de l’Intérieur a ainsi décidé de se saisir du sujet en adoptant des outils de prévention et d’accompagnement au profit des élus. Parmi ses mesures, figurait la création du Centre d’analyse et de lutte contre les atteintes aux élus (Calaé). Installée à Paris, la cellule a recensé 2 501 faits en 2024, soit une baisse de 9,3 % par rapport à l’année précédente, marquée notamment par l’attaque à la voiture-bélier contre le maire de L’Haÿ-les-Roses, dans le Val-de-Marne.

Des menaces présentes partout

Selon le rapport du Calaé publié en mai 2025, les maires représentent 64 % des victimes, devant les adjoints et conseillers (18 %) et les parlementaires (13 %). Les faits sont constitués majoritairement de menaces et outrages (68 %), dont une forte proportion commise par voie électronique, suivis par les violences physiques (10 %) et enfin les destructions ou dégradations (8 %). En zone gendarmeries, les mis en cause sont des hommes (85 %), de nationalité française (98 %), âgés en moyenne de 48 ans, sans profession (26 %) ou retraités (20 %). « Les menaces proférées à l’encontre des élus sont présentes partout, c’est un phénomène généralisé et qui se retrouve sur l’ensemble du territoire », tient à souligner Hélène Debiève, sous-préfète en charge du Calaé.

Un « pack sécurité élus » déjà actif

Toujours dans le cadre de ce plan national de lutte contre les atteintes portées aux élus, un « pack sécuritaire » a vu le jour en 2023 et a été consolidé par la loi du 21 mars 2024 sur la sécurité et la protection des maires et des élus locaux. L’objectif étant de renforcer l’arsenal de sanctions et obliger les parquets à mieux communiquer avec les élus avec la création d’un protocole « maires-parquet ». Autres mesures phares : le déploiement d’un bouton d’appel en cas de menaces, la protection fonctionnelle automatique — sans passer par une délibération en conseil municipal — et la mise en relation avec un référent sûreté en police ou en gendarmerie dès la prise de fonction de l’édile. « Avec ce pack, le préfet chargé d’évaluer la menace peut déclencher différents outils de protection », détaille la responsable. Selon elle, encore trop d’élus estiment normal que leur mandat s’accompagne de bousculades ou d’insultes. « Aucune impunité ne doit pourtant être tolérée, même sur les réseaux sociaux », insiste-t-elle, tout en rappelant qu’en 2024, 20 % des atteintes ont été commises via Internet. Convaincue que ces actes ne concernent pas seulement les élus, mais traduisent un phénomène de société plus global, Hélène Debiève affirme suivre de près les prochaines élections municipales. Une fois cette échéance passée, les maires se verront remettre un « pack nouvel élu », qui détaillera les outils et les contacts aussi bien locaux que nationaux, mis à leur disposition pour lutter contre la délinquance et assurer leur protection en cas d’agression.