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Union Charolais Croissance

Un programme qui a fait ses preuves

Chaque année, de jeunes taureaux venus de toute la zone géographique de l’UCC, passent par la station d’évaluation de Charmoy, pour former l’élite de la génétique charolaise
Par Dominique Bernerd
Un programme qui a fait ses preuves
Responsable technique du programme UCC, Bruno Elmanowsky visite chaque année les 120 élevages qui y participent pour sélectionner les animaux qui rentreront à Charmoy.
La campagne de vente des jeunes reproducteurs issus du programme de l’Union Charolais Croissance et du centre d’élevage Cialyn bat son plein et la station de Charmoy voit au fil des enchères partir ses pensionnaires. Né il y a une trentaine d’années à l’iniative de la Cecna et de la Cialyn, avec la volonté de quelques passionnés et sous l’égide du directeur de l’époque, Gérard Bertrand, le programme UCC regroupe des coopératives d’insémination artificielle et des groupements de producteurs répartis sur tout le quart nord-est de la France. Expérience unique en France, il cumule différentes phases, de la procréation à la vente aux éleveurs : accouplements raisonnés, sélection et recrutement, évaluation en station, élevage…, avec pour objectif d’améliorer la génétique de la race charolaise.
Responsable technique du programme, Bruno Elmanowsky visite chaque année les 120 élevages adhérents à l’UCC pour sélectionner les femelles en vue des accouplements futurs et dresser l’hiver un planning de ces accouplements, recrutant 95 % des animaux présents à Charmoy : «ça commence le 20 octobre pour se terminer mi février. Les critères morphologiques sont importants, comme avoir de bons aplombs ou de la viande, mais les qualités maternelles aussi : aptitude au vêlage, à l’allaitement, facilités de naissance etc…» Les femelles nées de ces accouplements étant réintroduites systématiquement dans le schéma de sélection, pour servir de «mères à taureaux». De mi mai à début juillet, commence la phase de recrutement des veaux nés en début d’année, dans le but de leur entrée en station, après là aussi une sélection particulièrement pointue basée sur leurs performances brutes au sevrage : potentiel de croissance, développement squelettique, masse musculaire et autres aptitudes fonctionnelles comme la ligne de dos ou la qualité des pattes. Sont pris en compte également les niveaux génétiques du père et de la mère.

Une phase d’évaluation de 3 mois
Les veaux sélectionnés arrivent à Charmoy début août. Après la phase sanitaire commence une période d’adaptation de 4 semaines : «une forme de sas pour mettre à jour l’ensemble des animaux, notamment sur le plan alimentaire, avec un régime privilégiant une grande quantité de foin, un aliment qui les stresse moins et fait fonctionner au maximum la panse de ceux qui seraient un peu en retard, faute d’avoir ingurgité suffisamment d’herbe...» Au préalable, ils auront été répartis dès leur arrivée en cases, en fonction de leur âge et de leur poids, afin d’éviter toute concurrence  ou domination. A l’issue de ces 4 semaines d’adaptation, commence la phase d’évaluation : «passée depuis l’an dernier de 4 à 3 mois, selon les nouvelles règles appliquées au national pour toutes les races» Distribuée alors sous forme humide, à 18% de protéines, l’alimentation est donnée en fonction du poids spécifique de chaque animal, afin d’obtenir une croissance commune de 1500 gr/jour. Puis augmentée progressivement tous les 15 jours, afin de répondre à ses besoins. Une pesée toutes les
4 semaines assurant la surveillance de la croissance. A l’issue de cette phase d’évaluation un binôme formé d’un membre de l’Institut de l’élevage et d’un inspecteur du Herd Book, attribue des notes aux animaux, qui, avec la double pesée clôturant la période d’évaluation, permettra d’établir des fiches avec index et de créer le catalogue de ventes.

Ne rentre pas qui veut !
Ne rentre pas qui veut  à la station de Charmoy ! «Je suis d’autant plus exigeant lorsque je recrute au pré. Je fais toujours très attention au comportement des animaux et si je ne peux pas approcher l’un d’eux de quelques mètres, ce n’est pas normal. Et c’est vrai qu’en étant particulièrement sélectif à ce moment là, ce sont autant de problèmes en moins en aval. Il m’est arrivé de ne pas recruter tel ou tel veau très bon morphologiquement, parce que je ne pouvais m’en approcher et que cet animal là, un jour ou l’autre, aurait pu se retourner contre son éleveur…» Près de 25% des animaux rentrés en station sont éliminés à l’issue de leur période d’évaluation, pour des raisons diverses : croissance insuffisante, problème morphologique, perte de viande, mauvaises aptitudes fonctionnelles… Un tri particulièrement rigoureux, qui a conforté depuis 30 ans la réputation et la crédibilité du programme, comme en atteste le succès des ventes organisées chaque année à Charmoy : «tous les ans, nous avons 10% de nouveaux acheteurs  et notre réputation s’est faite progressivement, par le bouche à oreille…» Un succès qui passe aujourd’hui aussi par Internet, comme le souligne Bruno Elmanowsky : «il y a deux ans, des acheteurs des Alpes Maritimes nous ont appelé et depuis, nous leur avons vendu cinq taureaux, sans même les avoir vus une seule fois ! Ils les avaient repérés sur Internet et nous ont demande de sélectionner pour eux les meilleurs animaux….» Une belle preuve de confiance !