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«Groupes 30 000»

Un nouvel appel à projets en Bourgogne Franche-Comté

L’action 4 du plan Écophyto II prévoit de multiplier par 10 le nombre d’agriculteurs accompagnés dans la transition vers l’agroécologie à bas niveau de produits phytopharmaceutiques. L’objectif est de passer à 30 000 fermes Dephy engagées au niveau national.
Par Ma signature
Un nouvel appel à projets en Bourgogne Franche-Comté
Les groupes 30 000, qu’est-ce que c’est ?
L’action 4 du plan Écophyto II prévoit de multiplier par 10 le nombre d’agriculteurs accompagnés dans la transition vers l’agroécologie à bas niveau de produits phytopharmaceutiques. Autrement dit, il s’agit de passer des 3000 fermes Dephy engagées au niveau national, à 30 000 agriculteurs accompagnés dans l’évolution de leurs pratiques.

C’est dans ce but qu’un nouvel appel à projets établi en concertation entre les trois agences de l’eau (RMC, Loire Bretagne et Seine Normandie) et les services de l’État est ouvert jusqu’au 31 mai pour reconnaître et faire émerger de nouveaux groupes. Il est disponible sur le site www.ecophyto-bfc.fr

À qui est-ce destiné ?
L’objectif est de soutenir les projets permettant l’émergence, la structuration et l’accompagnement de groupes d’agriculteurs souhaitant s’engager dans l’agroécologie à bas niveau de produits phytosanitaires. Ces groupes, constitués de 5 à une vingtaine d’exploitants, peuvent être nouvellement constitués ou déjà existants (Dephy, GIEE, Cuma, Geda, GDA…). Ils doivent être suivis par une structure d’accompagnement (chambres d’agricultures, organismes et associations de développement agricole, organismes de collecte, transformation et commercialisation des productions, collectivités territoriales, syndicats mixtes…).

Concrètement, les groupes peuvent faire le choix de déposer un dossier selon leur structuration initiale :
• Volet émergence pour permettre aux agriculteurs de constituer leur groupe autour d’un projet collectif, avec un engagement et un financement pour un an.
• Volet reconnaissance pour permettre aux collectifs existants de dérouler leurs plans d’actions individuels et collectifs sur 3 ans.

Qu’en est-il en Bourgogne Franche-Comté ?
En Bourgogne Franche-Comté, 18 collectifs d’agriculteurs, dits «groupes 30 000», se sont engagés dans la transition vers des systèmes à bas niveau de produits phytopharmaceutiques. À cette occasion, les animateurs de ces collectifs témoignent de leur expérience.

- Pourquoi avoir répondu à l’appel à projets “30 000” ?
Emeric Courbet, CA70 : «Les agriculteurs du groupe T-Sol travaillaient déjà ensemble sur la protection des sols et ont souhaité officialiser l’existence de leur collectif. Ensemble ils tentent de réduire les herbicides, notamment pour faire face au retrait annoncé du glyphosate, une difficulté pour l’agriculture de conservation».

Julie Royer, Jeunes Agriculteurs : «Un groupe de jeunes était motivé pour travailler en collectif sur la réduction des phytos et souhaitait s’engager dans un dispositif peu contraignant. Parmi leurs objectifs : trouver des alternatives mécaniques au glyphosate, introduire des intercultures, et pour certains s’engager dans une démarche haute valeur environnementale (HVE)».

Émilie Legros Bouvret, Vignerons de Buxy : «Tous les viticulteurs du groupe exploitent au moins une parcelle en bordure de la Voie Verte. Leur projet : engager des concertations autour des pratiques phytosanitaires sur ce secteur afin d’améliorer l’image de la viticulture auprès des usagers de la piste cyclable et des riverains et refaire découvrir le métier de viticulteur».

Amaury Fichot, CA58 : «Les agriculteurs du groupe CASEI rencontraient des difficultés pour diminuer leurs IFT et répondre aux MAEC contractées. Intégrer un groupe 30 000 était pour eux le moyen d’être accompagné techniquement et d’échanger pour atteindre leurs objectifs».

Marianne Henner, Société de Viticulture du Jura : «Nous avons constitué ce collectif pour travailler sur les réductions de doses de cuivre et de soufre en viticulture biologique via un travail sur la qualité de la pulvérisation par exemple. Certains ont déjà des doses très basses et sont un appui technique pour les autres».

- Pourquoi travailler en collectif ?
AF : «Chacun tire une expérience de ce qu’a pu réaliser un pair ayant la même problématique, ils se sentent moins seuls face au défi qui se dresse devant eux. Chacun a une thématique de travail privilégiée et sert de référent sur ce sujet, ainsi ils sont reconnus pour leurs compétences».

MH : «Il existe beaucoup de techniques pour réduire les phytos, le travail en groupe permet d’identifier celles qui fonctionnent localement, chacun teste de son côté et l’ensemble du groupe en bénéficie. Lorsqu’une parcelle présente un problème, une solution est apportée collectivement».

- Quel est votre rôle en tant qu’animateur ?
JR : «En fonction des techniques qu’ils veulent approfondir, j’assure la mise en relation du groupe avec d’autres agriculteurs et techniciens de la région et j’organise les rencontres. Ce peut-être aussi des visites d’essais ou l’intervention de chercheurs de l’Inra».

EL : «J’organise et anime les réunions du groupe avec la Chambre d’agriculture au cours desquelles ils échangent sur leurs avancées et difficultés et nous font part de leurs besoins et objectifs. Le rôle de l’animateur, c’est aussi être force de proposition pour leur faire découvrir de nouvelles techniques».

- Qu’est-ce que ce dispositif vous a permis de réaliser ?
JR : «Suite à un diagnostic agro-écologique et à la découverte de nouvelles pratiques, les jeunes ont pris conscience que le changement était possible et moins risqué qu’ils ne le pensaient. Le fait de partager les mêmes caractéristiques de sol et de climat leur permet de s’identifier aux réussites des uns et des autres. Ils ont un effet « boule de neige » vis-à-vis des autres jeunes qui se montrent curieux des résultats».

EL : «Cela a facilité notre mise en réseau avec d’autres collectifs. Nous allons notamment rencontrer un groupe Dephy et un GIEE pour échanger sur nos pratiques. Nous allons organiser une journée sur l’entretien du sol avec des viticulteurs plus en avance sur le sujet et des démonstrations de matériel. Nous affinons également les diagnostics de développement durable des exploitations».

EC : «Les financements pour l’animation permettent plus d’accompagnement et de suivi des parcelles. Concrètement, cela nous a permis de développer la couverture permanente des sols via des couverts type luzerne ou trèfle et de former les professionnels à l’agriculture de conservation».

AF : «La phase émergence du dispositif nous a permis d’entamer un travail sur l’optimisation de la pulvérisation, le biocontrôle et le désherbage mécanique. Le passage en reconnaissance nous permettra d’approfondir ces thématiques pendant les 3 années à venir».