« Un marché des céréales en berne »
Jeudi 25 septembre, la Chambre d'agriculture a tenu sa session en compagnie des élus agricoles du département. Retour sur cette matinée riche d'actualités.
C'est dans les locaux de la Chambre d'agriculture de l'Yonne, à Auxerre, qu'Arnaud Delestre, le président, a rassemblé les élus agricoles afin de faire un point sur l'état des différents secteurs de l'agriculture. En comparaison avec l'année précédente, la viticulture « connaît un millésime 2025 qui aura moins souffert des aléas climatiques », car « les températures d'abord basses du printemps puis élevées au début de l'été, couplées à une alternance de cumuls de pluie et d'ensoleillement importants, ont favorisé une croissance végétative rapide », confie-t-il devant l'assemblée. Il assure même, que la vendange « détient un potentiel qualitatif intéressant ». Pour autant, les épisodes de grêle connus à la fin de l'été, sont sans appel. « Le contexte économique des viticulteurs de ce secteur, qui n'est pas le même que celui du Chablisien, s'annonce difficile ». En ce qui concerne les maladies, c'est la « flavescence dorée » qui inquiète d'autant plus le secteur, car « sur 19 prélèvements réalisés à Chichée, 16 contenaient cette maladie ». Pour lui, il est donc primordial, « de suivre de près les avancées de cette maladie ».
Arnaud Delestre a ensuite dressé un panorama du secteur des grandes cultures. C'est avec un ton maussade qu'il commence en disant que « les prix de départ des fermes icaunaises sont très décevants, à l'exception du tournesol (520 €/t). Le blé tendre s'échange quant à lui à 160 €/t, l'orge d'hiver à 150 €/t et l'orge de printemps à 160 €/t. Pour le colza, la tonne est valorisée à 450 €/t et le maïs à 160 €/t. Les pois et féveroles se négocient pour leur part à 220 €/t », liste-t-il pour donner un aperçu des cours du marché. Dans un contexte climatique difficile, l'enquête récolte de la Chambre d'agriculture constate que « les blés tendres obtiennent une moyenne de rendements de 70,5 q/ha et en orge d'hiver, l'enquête fait état d'une moyenne de rendements de 71,8 q/ha ». Des chiffres rassurants par rapport aux résultats négatifs de l'an passé.
Sous le signe de l'hétérogénéité
Arnaud Delestre poursuit par de plus modestes résultats. Du côté des orges de printemps, « avec une moyenne 55,3 q/ha, la culture respecte les normes brassicoles à 68 % et est donc majoritairement destinée à la production de bières ». Le colza arrive à la suite, avec une moyenne de rendements de « 33,8 q/ha », estimant être due à « la forte présence de pucerons cendrés en fin de cycles ». Côté betterave, « la maladie de la jaunisse a fait son apparition à partir de la mi-juin, touchant les cultures de manières hétérogènes », poursuit Arnaud Delestre. « Le secteur de Migennes, avec des terres de craie, se retrouve le plus touché ».
Le soleil rayonne un peu plus sur le secteur de l'élevage. Arnaud Delestre constate qu'« une vache charolaise classée R se vend actuellement autour de 3 000 euros, avec des prix de 6,70 à 6,80 euros du kilo ». Quant au lait, « la canicule a freiné la légère progression de la collecte de lait (+ 0,6 %) », même si « le prix du lait standard conventionnel continue sa hausse de 5,8 % entre juillet 2024 et cette année ». En ce qui concerne l'élevage ovin, la dynamique est inversée. « Les niveaux de prix restent rémunérateurs, de 8,50 à 9 €/kg ». L'élevage avicole a lui aussi souffert de la canicule. « Plusieurs élevages ont connu des taux de mortalité élevés en raison de sondes défectueuses ». Fort heureusement, la collecte d'œufs a connu « une demande soutenue », annonce-t-il. Et le dernier, l'élevage porcin, connaît en ce moment « un manque de dynamisme », notamment après l'annonce de « la Chine, vendredi 5 septembre, d'une imposition de droits de douane sur les importations de porcs en provenance de l'UE », conclut-il, en laissant la place pour les questions.