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Semaine de l'engraissement

Un levier à considérer

Le 2 avril à Saint-Léger-de-Fougeret, se tenait l'un des quatre rendez-vous programmés dans le cadre de la semaine de l'engraissement.

Par Chloé Monget
Un levier à considérer
Un des rendez-vous de la Semaine de l'engraissement s'est déroulé au Gaec Goulot à Saint-Léger-de-Fougeret.

Après le lancement du Plan engraissement du Conseil Régional, la section bovine de la FDSEA 58, Sicarev, Feder et la Chambre d'agriculture de la Nièvre souhaitaient présenter les tenants et les aboutissants de celui-ci par des rencontres. Ainsi, quatre rendez-vous étaient programmés début avril au Gaec de Sainte-Baudière à Marzy, au Gaec des Doreaux à Diennes-Aubigny, au Gaec des Bourrys à Breugnon et enfin au Gaec Goulot à Saint-Léger-de-Fougeret. Pour ce dernier, Christian Morel, vice-président en charge de l’agriculture, de la viticulture et de l’agroalimentaire au Conseil Régional, était présent. Il annonce : « le Plan comprend deux volets, l'un axé sur l'accompagnement technique, le second sur l'aide financière – s'il y a au moins 10 vaches mises à l'engraissement. Actuellement, nous avons reçu environ 150 dossiers d'exploitants en Bourgogne souhaitant participer à ce dispositif. À mon sens, l'engraissement est une ambition collective pour l'avenir, comme vous allez le comprendre avec les autres interventions ».

Des chiffres parlants

Sur ces propos, Romaric Gobillot, président de la section bovine de la FDSEA 58 et président de la Fédération régionale bovine (FRB), poursuit : « tout est perfectible, mais déjà, ce Plan engraissement résulte du travail effectué entre tous les acteurs de la filière et il est là comme coup de pouce. Mais, attention car l'engraissement ne convient pas à tous les systèmes ». Afin de mettre cela en exergue, Amélie Brisson, responsable du service Élevage-EDE de la Chambre d'agriculture de la Nièvre, présenta les retombées économiques d'un atelier d'engraissement : « Certes, nous constatons une variabilité entre exploitations mais en moyenne, l'EBE des systèmes naisseurs-engraisseurs suivis dans le réseau Inosys est supérieur à celui des producteurs de maigre. Cependant, en expertisant plus précisément l'efficacité économique permise par la finition, nous observons de la variabilité entre la voie mâle et femelle car les moyennes enregistrées entre 2017 et 2023 vont de 132 euros à 447 euros d'EBE par tête selon le type d'animal produit. Cela étant, il est nécessaire de se poser la question : est-ce que j'ai un intérêt économique en finissant mes animaux dans l'exploitation ? D'autant plus s'il n'y a pas d'autonomie alimentaire car cela représente l'un des postes les plus importants pour l'engraissement ». L'autonomie alimentaire semble donc une clé de la réussite, comme le développe François Chaintron, directeur des sections sur la Bourgogne chez Sicarev Coop. « Si l'exploitation n'est pas un minimum autonome pour l'alimentation, la plus value espérée ne sera jamais atteinte. En effet, l'engraissement génère des charges (bâtiment, matériels, etc.), de ce fait il faut obligatoirement une performance à la fin, et les contrats sont aussi là pour sécuriser celle-ci ».

S'adapter à son système

Le temps de travail fut également évoqué : « Pour l'engraissement de 100 taurillons, il faut compter environ 350 heures de travail / an – en prenant en compte le temps de paillage de curage, la pesée, etc. En parallèle, la contrainte est, certes toujours là mais assez différente de l'astreinte des vêlages » pointe François Chaintron. Sur ces éléments, Laurent Goulot (Gaec Goulot), partage son expérience : « pour diminuer progressivement les vêlages donc alléger et diversifier le travail afin de préparer le départ en retraite de Marie-France (associée) dans les années à venir. Ainsi, avec l'engraissement ce poids s'est levé, mais il n'en reste pas moins qu'un suivi est nécessaire avec notamment des pesées une fois par mois et un ajustement de l'alimentation en fonction. De plus, j'effectue un travail d'entretien régulier de mes prairies afin de maintenir leur qualité ». François Chaintron complète : « Nous ne forçons personne, nous présentons juste le Plan pour que chacun ait les clés pour prendre une décision ». Laurent Goulot conclut : « Je ne reviendrais pas en arrière car ce système me convient de même qu'à ma mère Marie-France et à la santé technico-économique de notre exploitation ». L'engraissement semble donc, au vu des échanges, un levier pour capter un certain niveau d'EBE. Malgré tout, ces effets ne sont pas un miracle mais bien le résultat d'investissements.

Penser à l'avenir

Penser à l'avenir
Christian Morel en pleine discussion avec Thomas Lemée, président des JA BFC.

La réunion au Gaec Goulot permit aux JA présents (Thomas Lemée, président des JA BFC, ou encore Simon Gauche, président des JA de la Nièvre), d'alerter sur l'avenir des naisseurs et des reprises d'exploitations. Pour François Chaintron : « il n'est pas question d'opposer système engraisseur et naisseurs bien au contraire ! ». En effet, il rappelle : « Il y aura toujours besoin de vêlages pour que les ateliers d'engraissement tournent, et in fine pour que les abattoirs fonctionnent. En somme, c'est toute la filière qui doit se prendre en main, et peut-être que le second volet du Plan engraissement sera axé sur les naisseurs… Pour le moment nous ne savons pas de quoi l'avenir sera fait ». Christian Morel rajoute : « une exploitation ne sera reprise que si elle est rentable et c'est la sécurisation du revenu qui permettra d'attirer les nouvelles installations. À mon sens, l'engraissement, s'il est bien fait, et la contractualisation pourront donner un coup de pouce pour rendre le métier d'éleveur plus attractif ».