Troupeaux ovins
Un joli carnage
Deux éleveurs du secteur de Saulieu reviennent sur l’attaque de leur troupeau ovin, survenue il y a deux semaines à moins de 100 mètres de leur ferme.

Cette nuit du 9 au 10 décembre s’annonçait comme toutes les autres à l’EARL des Curtils Martenot, sur la commune de Saint-Martin-de-la-Mer. En pleine période de vêlages, Christophe et Julien Decloix se relayaient à tour de rôle dans leur bâtiment pour surveiller leurs vaches charolaises et les assister, le cas échéant. Dehors, rien à signaler dans la nuit noire. Un petit vent, une température digne d’un mois de décembre. Il n’y avait manifestement aucun bruit autour de cette ferme située dans le hameau de Conforgien, entouré de prairies et de forêts typiques du Morvan. Les éleveurs n’ont du moins rien entendu. Et pourtant. Quelque chose de macabre était en train de se produire dans un pré situé à moins de 100 mètres de l’exploitation, où douze brebis devaient initialement passer une nuit des plus paisible.
Découverte à l’aube
Julien Decloix s’en apercevra au petit matin, lors de son « tour de prés » quotidien. Le jeune homme a très vite compris que « quelque chose ne tournait pas bien rond » en arrivant sur place : « J’ai aperçu une brebis étendue par terre à l’entrée du pré, puis deux, trois, quatre et même cinq. Ça surprend. On ne sait pas trop quoi faire ni penser à ce moment… On imagine une attaque de chiens, puis très vite, on pense à la présence d’un loup. Le sujet alimente l’actualité ces dernières semaines dans la région ». L’éleveur ne tarde pas à prévenir sa famille. Christophe Decloix arrive à son tour sur les lieux et décrit la scène devant lui : « En plus des cinq brebis tuées, quatre des sept survivantes sont blessées. Pour l’une, c’est vraiment sérieux, son pronostic vital est clairement engagé. Chaque bête présente des blessures dans le dos et même au niveau du cou. Il y a beaucoup de sang. Les brebis encore debout sont apeurées, cela se voit facilement ». Un vétérinaire, prévenu du carnage, ne met pas longtemps à débarquer lui aussi. Des premiers soins sont prodigués aux animaux encore en vie.
Que s’est-il passé ?
Tout ce petit monde tente de comprendre la nature des faits. Une recherche de traces d’un prédateur est alors entreprise. Mais l’herbe a bien repoussé ces dernières semaines et bien peu d’indices sont observés. Difficile de comprendre ce qu’il s’est réellement passé ici, quelques heures plus tôt. Un pas « très suspect » est néanmoins observé, il pourrait correspondre à celui d’un grand canidé. Mais rien n’est évident. Les membres de l’EARL poursuivent leurs investigations en faisant le tour de leur village, mais aucun de leurs voisins n’a vu ni entendu quelque chose d’anormal. Aucun chien en divagation. Cette mini-enquête ne donne finalement pas grand-chose. Christophe et Julien Decloix repensent à ce qu’ils avaient prévu de faire, quelques jours plus tôt : « ces brebis devaient retourner sur l’exploitation ce 10 décembre, jour de cette découverte. Ce n’est vraiment pas de chance… Nous avions même évoqué l’idée de les rentrer la veille, mais les brebis étaient bien dehors, elles évoluaient dans des conditions encore favorables pour la saison. Elles ne peinaient pas et étaient en bon état. Cette prairie leur avait été réservée depuis longtemps ».
Alors, un loup ?
Les deux éleveurs, rencontrés la semaine dernière dans leur cour de ferme, attendaient avec impatience le résultat de l’enquête officielle menée par l’Office français de la biodiversité (OFB) : « nous avons appris, entre-temps, que plusieurs troupeaux ovins ont été attaqués durant la même semaine dans le département (1). Ce serait vraiment bizarre qu’un ou plusieurs chiens soient à l’origine de ce désastre… Nous ne voulons pas affirmer qu’il s’agit d’un loup tant que cela n’est pas prouvé, mais au fond de nous, c’est de plus en plus une évidence. Le loup fait beaucoup parler de lui en Saône-et-Loire depuis un petit moment déjà. Le 71 n’est pas loin ». Christophe et Julien Decloix attendent aujourd’hui une indemnisation à hauteur du préjudice. Cela passera indéniablement par la désignation d’un « coupable ». Même les brebis a priori indemnes pourraient avoir des séquelles : « le vétérinaire nous l’a bien dit, il redoute des avortements. Le stress a été très violent ». L’exploitation de Saint-Martin-de-la-Mer se serait bien passée de cette « mésaventure », même si l’élevage ovin reste un petit atelier complémentaire à côté de ses 115 vaches allaitantes : « le loup, nous en parlons entre nous depuis sa réintroduction dans les massifs montagneux. Nous nous disions que le travail des bergers ne devait pas être très facile dans ces conditions, en présence de ce grand canidé… Aujourd’hui, il se pourrait bien que nous soyons nous-mêmes concernés par cette problématique, c’est incroyable ».
(1) : Voir notre dernière édition, page 7
Découverte à l’aube
Julien Decloix s’en apercevra au petit matin, lors de son « tour de prés » quotidien. Le jeune homme a très vite compris que « quelque chose ne tournait pas bien rond » en arrivant sur place : « J’ai aperçu une brebis étendue par terre à l’entrée du pré, puis deux, trois, quatre et même cinq. Ça surprend. On ne sait pas trop quoi faire ni penser à ce moment… On imagine une attaque de chiens, puis très vite, on pense à la présence d’un loup. Le sujet alimente l’actualité ces dernières semaines dans la région ». L’éleveur ne tarde pas à prévenir sa famille. Christophe Decloix arrive à son tour sur les lieux et décrit la scène devant lui : « En plus des cinq brebis tuées, quatre des sept survivantes sont blessées. Pour l’une, c’est vraiment sérieux, son pronostic vital est clairement engagé. Chaque bête présente des blessures dans le dos et même au niveau du cou. Il y a beaucoup de sang. Les brebis encore debout sont apeurées, cela se voit facilement ». Un vétérinaire, prévenu du carnage, ne met pas longtemps à débarquer lui aussi. Des premiers soins sont prodigués aux animaux encore en vie.
Que s’est-il passé ?
Tout ce petit monde tente de comprendre la nature des faits. Une recherche de traces d’un prédateur est alors entreprise. Mais l’herbe a bien repoussé ces dernières semaines et bien peu d’indices sont observés. Difficile de comprendre ce qu’il s’est réellement passé ici, quelques heures plus tôt. Un pas « très suspect » est néanmoins observé, il pourrait correspondre à celui d’un grand canidé. Mais rien n’est évident. Les membres de l’EARL poursuivent leurs investigations en faisant le tour de leur village, mais aucun de leurs voisins n’a vu ni entendu quelque chose d’anormal. Aucun chien en divagation. Cette mini-enquête ne donne finalement pas grand-chose. Christophe et Julien Decloix repensent à ce qu’ils avaient prévu de faire, quelques jours plus tôt : « ces brebis devaient retourner sur l’exploitation ce 10 décembre, jour de cette découverte. Ce n’est vraiment pas de chance… Nous avions même évoqué l’idée de les rentrer la veille, mais les brebis étaient bien dehors, elles évoluaient dans des conditions encore favorables pour la saison. Elles ne peinaient pas et étaient en bon état. Cette prairie leur avait été réservée depuis longtemps ».
Alors, un loup ?
Les deux éleveurs, rencontrés la semaine dernière dans leur cour de ferme, attendaient avec impatience le résultat de l’enquête officielle menée par l’Office français de la biodiversité (OFB) : « nous avons appris, entre-temps, que plusieurs troupeaux ovins ont été attaqués durant la même semaine dans le département (1). Ce serait vraiment bizarre qu’un ou plusieurs chiens soient à l’origine de ce désastre… Nous ne voulons pas affirmer qu’il s’agit d’un loup tant que cela n’est pas prouvé, mais au fond de nous, c’est de plus en plus une évidence. Le loup fait beaucoup parler de lui en Saône-et-Loire depuis un petit moment déjà. Le 71 n’est pas loin ». Christophe et Julien Decloix attendent aujourd’hui une indemnisation à hauteur du préjudice. Cela passera indéniablement par la désignation d’un « coupable ». Même les brebis a priori indemnes pourraient avoir des séquelles : « le vétérinaire nous l’a bien dit, il redoute des avortements. Le stress a été très violent ». L’exploitation de Saint-Martin-de-la-Mer se serait bien passée de cette « mésaventure », même si l’élevage ovin reste un petit atelier complémentaire à côté de ses 115 vaches allaitantes : « le loup, nous en parlons entre nous depuis sa réintroduction dans les massifs montagneux. Nous nous disions que le travail des bergers ne devait pas être très facile dans ces conditions, en présence de ce grand canidé… Aujourd’hui, il se pourrait bien que nous soyons nous-mêmes concernés par cette problématique, c’est incroyable ».
(1) : Voir notre dernière édition, page 7
Une autre attaque Là, il n’y a aucun doute
François et Jean-Paul Perron, à Blagny-sur-Vingeanne, ont connu une sacrée mésaventure dans la nuit du 15 au 16 décembre, ou plutôt au petit matin, quand ces deux frères ont découvert les « restes » d’une énorme attaque de loup dans leur troupeau ovin. « Dix moutons sont morts, l’un d’eux a été entièrement mangé », décrit François Perron, « tous ont été tués de la même façon, selon le même protocole et avec la même précision, avec le cou écrasé. Il n’y a pas de sang sur les moutons. Ce ne sont pas des morsures de chiens, le chien mort n’importe où. Il n’y a aucun doute, c’est un loup ». Un animal a même été sorti d’un enclos et enterré un peu plus loin : « ça, ce n’est pas typique du loup, n’importe quel carnivore peut avoir le réflexe d’enterrer sa proie. En revanche, la force que cela nécessite pour porter et élever en hauteur une bête de 40 kg, il faut le faire… ». François Perron est persuadé que l’attaque est survenue en première partie de nuit : « en arrivant sur place le matin, les animaux morts étaient déjà recouverts de brume depuis bien longtemps, les faits s’étaient produits depuis un petit moment, peut-être même dans le début de soirée. Le loup est allé dans nos deux enclos, séparés d’une distance d’environ 500 mètres. Il aura tué la moitié de nos animaux ». L’OFB s’est aussitôt rendu sur place. « Nous avons appris que sept attaques étaient déjà recensées dans le département, c’est un truc de fou », confie François Perron.