Accès au contenu
Agence de l’eau Seine-Normandie

Un forum marqué par un anniversaire et de nouveaux enjeux

Il y a 50 ans, naissaient les agences de l’eau. Un anniversaire que les participants au Forum de Seine-Amont organisé le 15 janvier dernier à Hauterive dans l’Yonne, par l’Agence de l’eau Seine-Normandie, ont mis à profit pour évoquer un demi-siècle d’avancées en matière de politique de l’eau mais également les défis à venir.
Par Dominique Bernerd
Un forum marqué par un anniversaire et de nouveaux enjeux
Président de la Commission Territoriale Seine-Amont, Etienne Henriot a ouvert les travaux de la matinée.
Depuis 50 ans, l’ensemble des acteurs de la politique de l’eau s’est fixé un objectif ambitieux : restaurer l’état chimique et écologique des masses d’eau souterraines, superficielles et littorales. Un sujet qui « nous occupe tous, que l’on soit du monde économique, des collectivités, des associations, ou simple citoyen, attachés à ce patrimoine qu’est l’eau », comme l’a rappelé en préambule du forum, Etienne Henriot, président de la Commission Territoriale Seine-Amont
La création de l’Agence de l’eau Seine-Normandie correspondait alors en premier lieu, selon le nouveau président du Comité de Bassin, François Sauvadet, «à la nécessité d’approvisionner en eau chacun de nos compatriotes et ces 50 ans doivent être l’occasion de mesurer le chemin parcouru quand on se souvient des problèmes d’acheminement et que tant de communes n’avaient tout simplement pas l’eau au robinet…» Il y avait urgence également en matière de lutte contre la pollution, quand on sait qu’à l’époque, en 1964, l’accroissement urbain conjugué au développement de l’industrie et de l’agriculture intensive, avaient déjà provoqué une telle dégradation des eaux, que seulement quatre espèces de poisson subsistaient dans la Seine à Paris, contre une trentaine aujourd’hui.

Faire du débat sur l’eau un débat citoyen
Les engagements souscrits depuis, dérivant de la transcription de directives européennes, en droit français, avaient pour ambition de revenir à un bon état écologique des eaux à l’horizon 2015. Des objectifs non atteints, comme l’a rappelé le président Sauvadet : «sans doute parce qu’ils étaient trop ambitieux mais aussi le signe que nous devons continuer nos efforts. Rien ne serait pire que de se fixer des objectifs dont nous saurions à l’origine qu’ils seraient inatteignables…» D’autant que la pression financière se fait prégnante, selon l’ancien ministre de la Fonction publique : «Bercy regarde les agences avec un intérêt croissant, au fur et à mesure que le budget de l’état présente un déficit lui aussi croissant…», dénonçant au passage «les imputations de moyens dont nous avons besoin, de l’ordre pour l’Agence de 60 millions € par an, soit l’équivalent de 10 % de notre programme d’intervention…» Autre invité de la table ronde de la matinée, André Flageolet, président du Comité de Bassin Artois Picardie et rapporteur de la loi sur l’eau et des milieux aquatiques, a lui aussi tiré la sonnette d’alarme : «le grand risque des Agences, c’est d’être dépecées, sectionnées et que plus personne ne puisse avoir un regard global sur le rapport homme/eau/nature… Il faut avoir le courage de dire que certaines canalisations ont plus de 120 ans et qu’il faudrait penser à faire un peu de réserves financières pour les remplacer ! Déjà pourrait-on se poser la vraie question de savoir quel doit être le prix de l’eau…?» Faire du débat sur l’eau un véritable débat citoyen, avec un regard partagé est un objectif à atteindre, comme l’a souligné le président Sauvadet, pour qui : «on ne gagnera pas de grands défis demain, sans l’appropriation par les gens de terrain eux mêmes. Et c’est le travail que nous devons mener dès maintenant, tous ensemble…»

Création d’un Plan de Gestion des Risques d’Inondation
Ce 50e anniversaire de l’Agence de l’eau Seine-Normandie coïncidait avec le lancement de la consultation publique du projet de Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux (Sdage), pour la période 2016/2021. Avec en perspective l’objectif d’ici 2021, de restaurer le bon état des eaux sur plus de 60% des masses d’eau. Avec également de nouveaux enjeux et de nouvelles lois, notamment en ce qui concerne la prévention des risques liés aux inondations. Plus de 25% de la population du Bassin Seine-Normandie habitent en zone inondable, soit 4,8 millions de personnes et un nouvel outil est en cours d’élaboration pour réduire l’impact des inondations sur l’ensemble de la zone : le Plan de Gestion des Risques d’Inondation (PGRI), initié par une Directive européenne. Il fixera pour six ans, quatre grands objectifs : réduire la vulnérabilité des territoires, agir sur l’aléa pour réduire le coût des dommages, raccourcir le délai de retour à la normale des territoires sinistrés, mobiliser tous les acteurs via le maintien et le développement de la culture du risque. Reconnus comme plus vulnérables, 16 territoires ont été identifiés, regroupant 376 communes et rassemblant 70% de la population et 72% des emplois exposés au risque sur le Bassin, dont Auxerre et Troyes. Ces territoires feront l’objet d’ici fin 2016, de stratégies locales de gestion des risques d’inondation, en lien avec l’ensemble des acteurs concernés.