Agroforesterie
Un élément structurant de l’agro-écologie
Deux journées viennent d’avoir lieu pour montrer l’importance que l’agroforesterie peut avoir. Visite.

alisier, orme de Lutèce, châtaignier, érable champêtre, chêne pédonculé et rouvre. «Pour favoriser l’agroforesterie, des aides de types MAE seraient indispensabl
Dans le cadre de la mise en place du projet agro-écologique, le ministère de l’Agriculture, avec l’APCA et les associations d’agroforesterie ont organisé deux journées nationales Agroforesterie, les 27 novembre et 1er décembre. La première journée a eu lieu à Jallais (49) sur l’exploitation de Jean-Robert Gachet.
Fin 2013, Jean-Robert Gachet (110 ha, 90 vaches laitières) a planté 330 arbres de dix espèces sur une parcelle de 11 ha cultivée en rotation maïs-blé-ray-grass. Le choix des espèces s’est fait selon le contexte pédo-climatique de la parcelle. Les arbres ont été installés à raison de 26 m entre lignes et 10 m entre arbres, pour ne pas gêner le travail de la parcelle. Après sous-solage, ils ont été plantés sur un paillage biodégradable, avec un tuteur et une protection anti-gibier. La plantation a nécessité un investissement de 6 000 €. Et pendant 5 ans, l’éleveur devra encore tailler les arbres pour orienter leur formation et entretenir le sol à leurs pieds. «En 3 ans, 70 ha d’agroforesterie intra-parcellaire ont été créés en Maine-et-Loire avec l’aide du Conseil Général, explique Yves Gaborit, directeur de l’association Mission Bocage, qui œuvre depuis 20 ans au développement de l’arbre champêtre. Et 1 207 km de haies y ont été plantées depuis 2007». Pour encourager l’agroforesterie, le département a notamment misé sur la valorisation du bois énergie avec la création d’une SCIC qui collecte le bois, le sèche et le vend. En 2014-2015, l’objectif est de commercialiser 4 500 t de bois déchiqueté. Un soutien y est aussi apporté au niveau régional, avec un réseau de 120 structures agissant pour l’agroforesterie, des aides à la biodiversité et à la restauration des continuités écologiques, un soutien aux filières locales de valorisation du bois énergie et une ligne agroforesterie dans le plan Feader 2014-2020.
L’essentiel reste à faire
Depuis 25 ans, beaucoup de choses ont été faites en France sur l’agroforesterie. On connaît aujourd’hui les intérêts des haies et de l’agroforesterie en matière de fixation du carbone, biodiversité, mycorrhization bénéfique pour les cultures, augmentation de la rétention en eau, enrichissement du sol en matière organique, réduction du lessivage, effet brise-vent, protection contre l’érosion… «Une exploitation de 100 ha en agroforesterie produit autant de biomasse qu’une exploitation de 140 ha en assolement agriculture-forêt séparées, assure Yves Gaborit. La production agricole reste constante pendant au moins la moitié de la vie de l’arbre s’il y a moins de 50 arbres/ha. Et à long terme, le gain économique en valeur actualisée atteint plus de 50 %». Pour autant, beaucoup reste à faire pour déployer l’agroforesterie. «Il faut structurer la filière et qu’il y ait un interlocuteur agroforesterie dans chaque département» estiment Odile Marcel, présidente de l’Association Française Arbres et Haies Champêtres et Alain Canet, président de l’Association Française d’Agroforesterie. Dans cet objectif, les deux associations nationales ont ainsi annoncé leur prochaine fusion. Des efforts doivent aussi être faits en matière de recherche. «Actuellement, seuls le pommier et l’orme bénéficient de programmes de sélection, indique Frédérique Santi, de l’Inra d’Orléans. Pour les autres espèces, les plants sont issus de Matériel Forestier de Reproduction, parfois d’origine lointaine. Il y a un gros travail à faire en matière de sélection et d’adaptation aux conditions locales. Il faut aussi travailler sur l’installation des arbres. Les plus grands plants sur une planche de semis donneront toujours les arbres les plus hauts. Mais pourquoi par exemple ne pas planter 2-3 arbres à 1 m d’intervalle puis garder le plus beau au bout de 3-4 ans».
Clarifier les aides
Un autre axe encore sera de diffuser les connaissances sur l’agroforesterie. Enfin, il conviendra de clarifier les valorisations et aides possibles. «Avec l’appui technique, un arbre revient à 20-22 euros, indique Yves Gaborit. Le dispositif national lié à la mesure européenne 222 donne droit à 70% d’aides minimum. Mais les dossiers sont très complexes et deux projets sur trois n’en bénéficient pas. Des aides provenant de fonds privés sont également possibles». Une simplification et une clarification des dispositifs seraient donc nécessaires. Et surtout la valorisation du bois doit être développée. «La valorisation en bois d’oeuvre est possible, précise Yves Gaborit, même si elle n’est pas toujours facile pour un agriculteur isolé. Et surtout, il y a le bois énergie. En 2020, la France va manquer de 20 m t de bois énergie, ce qui ouvre des perspectives intéressantes pour l’agroforesterie. Une condition de la rentabilité pour les agriculteurs est toutefois la mécanisation qui doit être développée».
Fin 2013, Jean-Robert Gachet (110 ha, 90 vaches laitières) a planté 330 arbres de dix espèces sur une parcelle de 11 ha cultivée en rotation maïs-blé-ray-grass. Le choix des espèces s’est fait selon le contexte pédo-climatique de la parcelle. Les arbres ont été installés à raison de 26 m entre lignes et 10 m entre arbres, pour ne pas gêner le travail de la parcelle. Après sous-solage, ils ont été plantés sur un paillage biodégradable, avec un tuteur et une protection anti-gibier. La plantation a nécessité un investissement de 6 000 €. Et pendant 5 ans, l’éleveur devra encore tailler les arbres pour orienter leur formation et entretenir le sol à leurs pieds. «En 3 ans, 70 ha d’agroforesterie intra-parcellaire ont été créés en Maine-et-Loire avec l’aide du Conseil Général, explique Yves Gaborit, directeur de l’association Mission Bocage, qui œuvre depuis 20 ans au développement de l’arbre champêtre. Et 1 207 km de haies y ont été plantées depuis 2007». Pour encourager l’agroforesterie, le département a notamment misé sur la valorisation du bois énergie avec la création d’une SCIC qui collecte le bois, le sèche et le vend. En 2014-2015, l’objectif est de commercialiser 4 500 t de bois déchiqueté. Un soutien y est aussi apporté au niveau régional, avec un réseau de 120 structures agissant pour l’agroforesterie, des aides à la biodiversité et à la restauration des continuités écologiques, un soutien aux filières locales de valorisation du bois énergie et une ligne agroforesterie dans le plan Feader 2014-2020.
L’essentiel reste à faire
Depuis 25 ans, beaucoup de choses ont été faites en France sur l’agroforesterie. On connaît aujourd’hui les intérêts des haies et de l’agroforesterie en matière de fixation du carbone, biodiversité, mycorrhization bénéfique pour les cultures, augmentation de la rétention en eau, enrichissement du sol en matière organique, réduction du lessivage, effet brise-vent, protection contre l’érosion… «Une exploitation de 100 ha en agroforesterie produit autant de biomasse qu’une exploitation de 140 ha en assolement agriculture-forêt séparées, assure Yves Gaborit. La production agricole reste constante pendant au moins la moitié de la vie de l’arbre s’il y a moins de 50 arbres/ha. Et à long terme, le gain économique en valeur actualisée atteint plus de 50 %». Pour autant, beaucoup reste à faire pour déployer l’agroforesterie. «Il faut structurer la filière et qu’il y ait un interlocuteur agroforesterie dans chaque département» estiment Odile Marcel, présidente de l’Association Française Arbres et Haies Champêtres et Alain Canet, président de l’Association Française d’Agroforesterie. Dans cet objectif, les deux associations nationales ont ainsi annoncé leur prochaine fusion. Des efforts doivent aussi être faits en matière de recherche. «Actuellement, seuls le pommier et l’orme bénéficient de programmes de sélection, indique Frédérique Santi, de l’Inra d’Orléans. Pour les autres espèces, les plants sont issus de Matériel Forestier de Reproduction, parfois d’origine lointaine. Il y a un gros travail à faire en matière de sélection et d’adaptation aux conditions locales. Il faut aussi travailler sur l’installation des arbres. Les plus grands plants sur une planche de semis donneront toujours les arbres les plus hauts. Mais pourquoi par exemple ne pas planter 2-3 arbres à 1 m d’intervalle puis garder le plus beau au bout de 3-4 ans».
Clarifier les aides
Un autre axe encore sera de diffuser les connaissances sur l’agroforesterie. Enfin, il conviendra de clarifier les valorisations et aides possibles. «Avec l’appui technique, un arbre revient à 20-22 euros, indique Yves Gaborit. Le dispositif national lié à la mesure européenne 222 donne droit à 70% d’aides minimum. Mais les dossiers sont très complexes et deux projets sur trois n’en bénéficient pas. Des aides provenant de fonds privés sont également possibles». Une simplification et une clarification des dispositifs seraient donc nécessaires. Et surtout la valorisation du bois doit être développée. «La valorisation en bois d’oeuvre est possible, précise Yves Gaborit, même si elle n’est pas toujours facile pour un agriculteur isolé. Et surtout, il y a le bois énergie. En 2020, la France va manquer de 20 m t de bois énergie, ce qui ouvre des perspectives intéressantes pour l’agroforesterie. Une condition de la rentabilité pour les agriculteurs est toutefois la mécanisation qui doit être développée».
Auvergne: Valorisation en bois énergie et litière
En Auvergne, Mission Haies Auvergne travaille depuis 20 ans au développement des haies et de l’agroforesterie. À la différence d’autres régions, les collectivités n’apportent pas d’aide à la plantation (sauf en Puy-de-Dôme) et ont surtout misé sur l’animation. Et là aussi, la valorisation du bois est considérée comme le meilleur moyen de préserver durablement l’agroforesterie. «La marge nette de l’atelier arbre d’une exploitation varie de 500 euros à 17 000 euros/an» indique Sylvie Monnier, directrice de Mission Haies Auvergne. La valorisation repose sur la vente de bois aux collectivités et sur l’autoconsommation, dans les chaudières des maisons et bâtiments et comme litière pour les animaux. «L’Auvergne importe de la paille», souligne Sylvie Monnier. L’utilisation du bois déchiqueté en litière extérieure, sur les aires d’attente des vaches, près des râteliers, est donc intéressante et permet de récupérer un «fumier» valorisable. 500 éleveurs l’utilisent aussi en stabulation, en sous-couche de 7 cm recouverte de paille. La litière est très portante, propre et sans odeur. Les aspects sanitaires sont améliorés et la fréquence de paillage est diminuée. » Depuis 20 ans, des plantations intra-parcellaires y ont aussi été développées. «Il faut éviter de planter sur des sols superficiels et un suivi est indispensable. Mais les résultats sont bons, notamment en grandes cultures, pacage d’ovins, fauche et pour les parcours à volailles». Pour favoriser l’adaptation des arbres aux conditions locales, la région développe par ailleurs une filière «Végétal Local» à partir de la récolte de graines sauvages locales.