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Assemblée Générale de la FDSEA 89

Un discours enflammé

L’invitée cette année était Christiane Lambert, Vice-présidente de la FNSEA, qui a rythmé les débats au gré de ses interventions sur différents sujets d’actualité
Par Ma signature
Un discours enflammé
Une fois que le discours est lancé, difficile à arrêter
Première Vice-présidente de la FNSEA, Christiane Lambert a le verbe haut et le discours enflammé. Quelque soit le sujet abordé, la passion rythme le phrasé, faisant parfois déborder un peu l’horaire… Pas facile d’arrêter un TGV en marche ! Florilège de quelques propos entendus :

Sur la cartographie des cours d’eaux :
«L’article définissant les cours d’eaux est passé devant les deux Assemblées. Syndicalement, il nous faut, vis-à-vis de la DRAAF, de la DREAL de la DDT, des préfets, être très exigeants, en disant : la loi, c’est la loi, il n’y a qu’une référence et on n’y déroge pas ! Mais je comprends que vous trouviez ça long et nous aussi. Nous sommes presque au bout du tunnel, mais quel travail… A la FNSEA, trois personnes étaient impliquées dans l’équipe précédente, sur les questions environnementales. Aujourd’hui, nous sommes onze ! C’est tentaculaire, mais on est passé de l’opposition à l’appropriation et c’est de cette façon là qu’on arrive à avancer…»

Sur les Bassins d’Alimentation de Captage :
«On ne conteste pas la nécessité de reconquête de la qualité de l’eau là où il y a des problèmes, mais on veut que ce soit les bons critères qui permettent d’analyser…  On a ferraillé dur depuis le début, pour dire que l’agriculture conventionnelle avait sa place sur les BAC. Bien sûr on va gérer les intrants ! Bien sûr on va faire le maximum pour que le cahier des charges soit intelligent et n’impose pas n’importe quoi aux agriculteurs… Nous voulons que ceux qui s’engagent aient un contrat avec engagement réciproque débouchant sur une rétribution et non pas des servitudes environnementales, mais là-dessus, on n’a pas encore gagné…»

Sur la Charte qui sera signée fin juin entre la Chambre d’agriculture, la Préfecture et la profession agricole :
«C’est la meilleure stratégie possible, choisie par beaucoup de départements. Il faut s’engager volontairement, montrer que la Chambre d’agriculture est capable de fédérer un maximum d’acteurs et agriculteurs pour faire des choses et dire : on est au travail, mais laissez nous travailler ! Même si on ne peut pas avoir de résultats immédiats car en agriculture, les rythmes sont lents…»

Sur la communication :
«À la naissance du CNJA et de la FNSEA, il n’était pas plus facile de faire du syndicalisme, mais nous avions en face de nous le Ministère de l’agriculture. Point ! Aujourd’hui, s’y rajoutent toutes les autres organisations syndicales, le ministère de l’environnement, du travail, des transports… Autant d’interlocuteurs et le combat est plus compliqué, d’autant que les ONG sont nombreuses elles aussi : défense de l’environnement, du territoire, des animaux… On a une opinion publique qui est hyper sensibilisée à tout ce qui touche l’agriculture, pourquoi ? Parce que nous sommes un secteur qui concerne énormément de domaines : l’agriculture, l’alimentation,
le climat, l’espace, l’environnement…, c’est un tout»

Sur l’avenir de la production porcine :
«Je suis catastrophée par le manque de maturité et de lucidité de la filière porcine, qui s’est enfermée dans une logique depuis des années et qui aujourd’hui, explose littéralement. Il y a vingt ans, la France, l‘Espagne et l’Allemagne étaient à égalité avec 25 millions de porcs. Aujourd’hui, la France en est à 23, l’Allemagne à 42 et l’Espagne à 47 millions, vendant du porc à 0,90 €/kg, sans que les producteurs soient dans la rue. Pourquoi ? Parce que le modèle de développement là bas, c’est 5 000 à 6 000 truies, modèles intégrés par les GMS qui paient des porcheries et y mettent des salariés . Ce sont eux qui ajustent tous les curseurs. On ne peut pas tenir face à cette concurrence là… Il y a une montée en gamme sur le secteur et il nous faut développer le modèle qui correspond aux besoins des consommateurs français, aujourd’hui demandeurs d’autre chose en terme de consommation»

Sur la formation :
«Un levier essentiel pour accompagner les agricultures dans le changement. Ce n’est pas pour rien qu’à la création de la FNSEA, fut créé l’IFOCAP, l’Institut de Formation des Cadres Paysans, qui a permis a beaucoup de se former sur le tard et tout au long de leur vie, pour accompagner ces mutations et ne pas être simplement spectateur, mais acteur… Il y a des moyens financiers qui existent aujourd’hui, pour vous accompagner dans les formations, saisissez les !»

Sur l’Europe :
«La crise économique que nous traversons est aussi financière, sociale et sociétale. Notre pays est malade, l’Europe est malade, l’Europe se cherche. Sa position sur le « Brexit », sur les migrants, sur la Grèce, sur la dérégulation, montre qu’il y a aujourd’hui beaucoup moins d’idéal européen qu’auparavant. Certainement parce que le couple franco/allemand, qui a toujours été le moteur de l’Europe, est en panne aujourd’hui…»

Sur la politique :
«Nous agriculteurs, ne devons pas céder à certaines sirènes qui voudraient nous éloigner de l’idéal européen. Ceux qui pensent que l’Europe est une ânerie, ceux qui pensent que la souveraineté française est mieux pour notre pays, se trompent et nous trompent ! Le développement de l’agriculture, tant en terme de budget qu’en terme de construction, il est à Bruxelles, pas rue de Varennes ! C’est important de le dire, à un moment où certains essaient de draguer les voix des français et des agriculteurs en particulier, en s’érigeant en « vrais » défenseurs de l’agriculture. Ne nous laissons pas berner !»