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Parc National des forêts de Champagne et Bourgogne

Un «cœur» qui s’emballe un peu vite...

Initié en 2009, le projet de Parc National des forêts de Champagne et de Bourgogne vient de franchir une nouvelle étape avec l’esquisse des zonages, en discussion. Les premières voix discordantes se font entendre, face à la perspective de voir le cœur du Parc impacter beaucoup plus largement le périmètre agricole en production, que ce qui semblait raisonnable et acceptable pour la profession.
Par Anne-Marie Klein
Un «cœur» qui s’emballe un peu vite...
Lors de la dernière réunion à Chateauvillain...
Quand le projet de Parc National en Champagne et Bourgogne a émergé, en 2009, dans la foulée du Grenelle de l’Environnement, l’opportunité semblait intéressante. La commande alors était claire, il s’agissait de créer un Parc National de forêt feuillue de Plaine, le premier du genre, susceptible de redynamiser un territoire aux atouts méconnus, qui trouverait là une possible reconnaissance.
Tout le monde voulait alors croire que l’économie agricole du secteur seraient impactée au minimum du fait même des limites forestières du coeur de Parc. Le travail de concertation s’est engagé avec la création du GIP, groupement d’intérêt public de 208 membres, rassemblant en trois collèges les principaux acteurs du projet : l’Etat (31%), la société civile (31%) et les collectivités locales (38%). 119 communes font partie du périmètre, dont 108 adhérent au GIP. Le président du GIP est issu du collège des collectivités locales, mais la tutelle de l’Etat, représenté par le Préfet de Haute-Marne, reste forte car ce projet de Parc National, le seul en cours actuellement, intéresse tout particulièrement le ministère de l’Ecologie. Dans tout projet de parc national, la volonté de concertation locale laisse une large place à l’instruction du dossier : Etat des lieux, diagnostic territorial, prise en considération des enjeux, avant d’aboutir à la rédaction de la Charte du Parc National et à la création proprement dite de ce qui deviendra ensuite le 11ème Parc national français.

[INTER]Concertation, transparence... mais jusqu’où ?[inter]
La première phase préalable à la [I]«prise en considération»[i], va s’achever en juillet 2015. Cette étape consiste à définir un périmètre d’étude et à faire un état des lieux qui constitue le socle du projet. Jusque là tout s’était bien passé, le GIP s’est mis au travail et a formulé des hypothèses, inventorié plusieurs niveaux d’impact en fonction du périmètre défini pour le coeur de Parc. Mais entre temps l’Etat a quelque peu rebattu les cartes, privilégiant un périmètre d’étude à 91000 hectares, alors que trois autres options inférieures étaient aussi envisagées par le GIP, à 76 000 ha, 56 000 ha et 51 000 ha. Cette hypothèse haute du coeur de parc englobe près de 18 000 ha de SAU et concerne une aire d’adhésion de 220 000 ha. Ni les Chambres d’agriculture, ni les exploitants ne s’attendaient à ce qu’autant de terres agricoles en production soient incluses dans le périmètre. Les positions se sont particulièrement crispées lors de la dernière réunion organisée le 22 avril à Chateauvillain, afin de faire adhérer les agriculteurs à la démarche en les incitant à s’inscrire dans des groupes de travail. Réunion plutôt houleuse, certains participants au GIP et les agriculteurs présents dans la salle, estimant ne pas avoir été entendus et que les vraies décisions leur échappent. Le vers est maintenant dans le fruit. Les agriculteurs et les maires s’inquiètent d’un périmètre trop élargi qui risque d’impacter des équilibres économiques déjà chancelants. La perspective de voir augmenter le niveau des contraintes, avec la sanctuarisation de larges zones, ne favorise pas non plus l’acceptation sereine de ce que beaucoup considèrent comme [I]«un consensus forcé»[i]. Autre crainte, la possibilité de voir installer dès 2015 un [I]«régime transitoire d’autorisation spéciale»[i] sur les travaux en zone de coeur (91 000 ha), qui permettrait aux Pouvoirs publics de prendre des mesures de préservation des sites, avant même que le temps de la concertation et les consultations soient terminées... Face aux inquiétudes qui s’expriment, l’administration maintient un langage apaisant, mais la Chambre d’agriculture, comme les représentants professionnels, craignent qu’un alourdissement des contraintes dans un coeur de parc trop élargi, pénalise les structures agricoles existantes et handicape de façon durable leur développement. Dans la balance pour le moment, les craintes pèsent plus lourd que les avantages et il faudra encore beaucoup de pédagogie -et surtout d’écoute- pour emporter l’adhésion pleine et entière du monde agricole à ce projet de Parc National [I]«nouvelle génération»[i].

Les étapes de la création du Parc National

2014-2015 : Diagnostic territorial et prise en considération. Elaboration du diagnostic, identification des enjeux. Consultation institutionnelle locale sous forme de réunions dès septembre. Arrêté de prise en considération et zonages : zone d’étude du coeur, réserve intégrale, régime transitoire d’autorisation spéciale, projet de protection et de développement. 2016 : Rédaction de la Charte du Parc National (un projet pour 15 ans) Enquête publique. 2017 : Création du 11ème Parc National français. Délibération des communes pour adhérer ou non au règlement du Parc National