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Apiculture

Un chouette printemps

Un apiculteur côte-d’orien se réjouit des conditions météo et de la forte activité de ses abeilles.
Par Aurélien Genest
Un chouette printemps
Une partie des miels proposés par le Rucher des 3 rivières : Fleurs de champagne, Fleurs sauvages d’été et miel de printemps.
Pendant que certains se sont confinés, d’autres (les abeilles) ont travaillé dur et butiné sans relâche ces dernières semaines dans le département. «La production de miel de printemps s’annonce en effet d’un bon niveau», observe Julien Forestier, jeune apiculteur de 36 ans installé à Is-sur-Tille, qui rappelle que «l’hiver a été particulièrement clément et le printemps extrêmement bien ensoleillé. Toutes les conditions ont été favorables à l’activité des abeilles et à la production de miel». Le contexte est donc presque idéal pour le monde apicole, à un ou deux détails près : «quelques petites pluies en mars et avril auraient sans doute fait du bien pour relancer la production de nectars. Le vent d’Est dessèche aussi les fleurs. Aussi et surtout, quelques interrogations subsistent pour la future production de miel d’acacia avec le froid et le temps que nous avons eus il y a peu. Les fenêtres de butinage vont encore être très courtes, mais nous commençons à avoir l’habitude sur l’acacia».
Le gérant du Rucher des 3 rivières n’a pas chômé, lui non plus, durant le confinement, en intervenant tous les jours sur ses différents sites : «je compte environ 300 ruches réparties autour d’Is-sur-Tille, d’autres s’étalent jusqu’aux limites de la Haute-Saône, en passant par une bonne partie de la Vingeanne. L’idée est de profiter de la floraison décalée des plantes pour obtenir une certaine régularité dans la récolte de miel. Extractions, suivi des colonies, transfert de ruches : les journées sont très bien chargées en ce moment. C’est d’ailleurs une période charnière pour mon exploitation». Julien Forestier aime son travail et prend un malin plaisir à fabriquer et proposer ses bons produits locaux, avec une approche durable et dans le strict respect des bonnes pratiques d’élevage. Son miel est disponible dans de nombreux points de vente en Côte-d’Or, notamment autour d’Is et Dijon. Le jeune apiculteur, partenaire Bleu-Blanc-Ruche, participe également à une quinzaine de foires et marchés chaque année. «Il y aura forcément beaucoup moins de sorties en 2020 à cause de la crise sanitaire…», fait-il remarquer. Contact : 06 16 83 17 64, julienforestier@hotmail.fr et page Facebook «Le rucher des 3 rivières - Julien Forestier Apiculteur».

Une rencontre qui a tout changé

Julien Forestier s’est installé en 2018 après une reconversion professionnelle et une rencontre avec un apiculteur qui l’a fortement inspiré : «J’ai toujours voulu être dans l’élevage, travailler avec le vivant et un terroir. Avec un ami, nous avions envisagé, un temps, de reprendre la ferme de son oncle, en polyculture-élevage. Mais j’ai assez vite abandonné cette idée en réalisant le niveau très important des investissements qui m’attendaient, je n’avais pas envie de travailler toute ma vie pour me payer un outil de travail. Un jour, j’ai rencontré un apiculteur professionnel, j’ai beaucoup échangé avec lui. J’avais déjà quelques ruches, comme ça, en amateur, depuis plusieurs années et j’ai compris que l’on pouvait en vivre sans investir énormément. Il n’y avait pas besoin d’avoir de terres, c’était un autre avantage considérable à mes yeux. J’étais aussi en mesure de fabriquer une partie de mon propre matériel. Alors je me suis lancé !»
Le jeune Côte-d’orien a ainsi construit son projet de A à Z, en faisant évoluer progressivement son cheptel : «j’ai travaillé pendant deux ans chez un apiculteur professionnel dans l’Yonne avant de m’installer. Je développais progressivement mes colonies durant mon temps libre. Durant ma première année en tant que salarié, je suis passé de 25 à 75 ruches, j’en avais 130 un an plus tard. Quand je me suis installé, j’en comptais environ 300 pour ma première année. C’est à mon sens le nombre de ruches nécessaires si l’on veut vivre de cette activité. Cela dépend aussi de la manière avec laquelle l’apiculteur valorise son miel : son mode de vente détermine souvent la rentabilité de son travail. En effet, quelqu’un qui opte pour la vente directe, les produits dérivés, et qui participe à des foires, marchés et autres évènements promotionnels amène beaucoup plus de valeur ajoutée à son produit. Il peut se permettre d’avoir un peu moins de 200 ruches, en contrepartie de beaucoup de travail sur la vente et d’une production forcément moindre. Celui qui vend l’intégralité de son miel en vrac doit plutôt viser les 300 ou 400 ruches en production, voire plus».