Accès au contenu
Charolais

Un boucher devenu orfèvre

Héritier d'€™une tradition familiale dévolue à la boucherie et à l'€˜élevage, Jean Denaux est passé Maître dans l'€™affinage de la viande. L'€™entreprise vient d'€™inaugurer ses nouveaux ateliers à Sens.
Par Dominque Bernerd
Un boucher devenu orfèvre
Jean Denaux, dans son atelier de découpe.
Entreprise familiale à taille humaine, Denaux Viandes de sélection est devenue au fil des années la référence en matière d'€™affinage, grâce notamment au travail entrepris pour mettre en valeur toute la typicité de la viande AOC Bœuf de Charolles. Aujourd'€™hui plébiscité par le monde de l'€™élevage et présent sur les plus grandes tables étoilées, Jean Denaux vient d'€™inaugurer son nouveau centre de transformation aux Vauguillettes, en banlieue de Sens, fidèle à une région qui a vu naître les débuts de l'€™aventure, il y a plus de 30 ans
Chez les Denaux, la passion de la viande se transmet au fil des générations et a débuté il y a près d'€™un siècle avec un arrière-grand-père boucher. De père en fils, la tradition s'€™est perpétuée, avec toujours un pied dans l'€™élevage, déjà en quête d'€™excellence. Plus jeune, Jean Denaux, faute d'€™avoir pu travailler sur la ferme familiale à Saligny, a débuté sa carrière à Rungis. L'€™occasion de se découvrir une passion pour le monde du commerce, insoupçonnée jusqu'€™alors. Première charcuterie à Sens au milieu des années 80, suivie un an plus tard par la création d'€™un atelier de découpe. Très vite devenue référence auprès des restaurateurs locaux, l'€™entreprise a connu son développement suite à un article paru dans une revue professionnelle de l'€™hôtellerie : [I]«un papier de 11 pages ! Et le téléphone qui se met à sonner, de toute la France ! C'€™est parti comme ça et le bouche à oreilles a ensuite fait le reste... »[i]
[INTER]Maîtriser les effets du temps[inter]
Passé Maître dans la découpe de la viande, Jean Denaux a très vite souhaité amener le produit à son meilleur dans sa qualité organoleptique, en apprenant à maitriser les effets du temps. Premier en France à avoir financé une étude sur la maturation, en partenariat avec l'€™Institut technique agro industriel des filières viande. Aujourd'€™hui, la conduite de l'€™affinage est parfaitement maîtrisée, sous contrôle précis de l'€™hygrométrie, de la température et de la ventilation, mais le process reste secret. Devenues [I]«viandes de garde»[i], les pièces s'€™épanouissent ainsi plusieurs semaines afin d'€™en développer le goût et la tendreté.
A boucher d'€™exception, viande d'€™exception ! Avant même d'€™obtenir l'€™AOC, les producteurs de Bœuf de Charolles se sont intéressés au travail mené par l'€™entrepreneur sénonais, avec de part et d'€™autre, la même passion: [I]«j'€™ai rapidement découvert que ces éleveurs, en quête de qualité étaient fortement impliqués dans ce qu'€™ils faisaient et produisaient une viande bien maîtrisée et avec une excellente tenue dans les frigos...»[i] Devenu aujourd'€™hui produit phare dans l'€™entreprise, le Bœuf de Charolles y a retrouvé ses lettres de noblesse et s'€™est forgé une signature. Présent à l'€™inauguration des locaux de l'€™entreprise, le 27 septembre dernier, Jean-François Ravault, président du Syndicat de défense de la viande bœuf de Charolles connaît depuis longtemps Jean Denaux : [I]«son travail est la preuve qu'€™il n'€™y a pas de la viande, mais des viandes, avec chacune leur qualité et leur spécificité. Il nous offre la possibilité de porter au maximum le travail fait par l'€™éleveur et d'€™aller au bout de ce que peut offrir un produit. Je le compare à un Maître fromager ou à un professionnel du vin. C'€™est le savoir faire des anciens bouchers qu'€™il remet ainsi en valeur...»[i]
[INTER]Présent sur le marché japonais[inter]
Le bâtiment flambant neuf, érigé aux portes de Sens couvre une surface de plus de 1000 m2. Une construction high tech, conçue [I]«pour que le produit s'€™y sente bien...»[i]. Un système frigorifique avec variateur pour ne consommer que ce dont l'€™on a besoin, une cellule de surgélation, un dégivrage par boucle d'€™eau chaude à l'€™effet plus doux et moins mécanique, une répartition des viandes en cellules séparées... Avec partout des mesures sanitaires et une traçabilité d'€™exception. Sésame indispensable pour s'€™ouvrir au marché asiatique notamment, comme a réussi à le faire l'€™entreprise depuis quelques mois. Un marché très fermé rappelle Jean Denaux : [I]«nous sommes une vingtaine d'€™entreprises seulement à être agrées Japon, six seulement pour Singapour. On ne peut exporter dans ces pays que si la viande provient elle-même d'€™abattoirs agréés...»[i]Aujourd'€™hui, l'€™export représente près de 20 % du chiffre d'€™affaires. Un succès du seulement au bouche à oreilles, sans démarche aucune. Une manière de faire toujours restée la même dans l'€™esprit de la maison : l'€™humilité s'€™accommode bien à l'€™excellence !
Depuis juin dernier, l'€™entreprise s'€™est dotée d'€™un magasin de vente au détail. Bœuf de Charolles AOC, Herford d'€™Irlande, porc cul noir du Limousin, agneau du Quercy, y sont présentés en vitrine tels des bijoux dans leur écrin, certains morceaux atteignant 60 jours de maturation. Des bijoux..? Le terme sied bien à Jean Denaux, ancien boucher devenu aujourd'€™hui orfèvre !