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Production laitière

Trop de normes pour le lait…

Depuis vingt ans, face aux difficultés techniques liées à ce secteur d’activité, le nombre d’exploitants laitiers dans le département a été divisé par cinq. Nadine Darlot fait le point.
Par Cécilia Lacour
Trop de normes pour le lait…
Nadine Darlot, vice-présidente de la FDSEA 89 fait le point sur la condition laitière…
L’Yonne fait parti du bassin laitier Grand Est de la France. Malgré sa prédominance pour les grandes cultures, le département abrite une production laitière qui a su faire venir en son sein trois entreprises de transformations laitières : Lincet, Senegral et la première coopérative de France, Sodiaal qui livre le lait à l’entreprise de transformation Yoplait. [I]«Nous avons de la chance car nos départements limitrophes possèdent moins, voire pas du tout, d’entreprises de transformations»[i], estime Nadine Darlot, vice-présidente de la FDSEA 89, productrice de lait à Venouse et responsable régionale du lait. La production laitière est source d’emploi et une richesse économique pour l’Yonne. Cependant, elle souffre d’un certain déclin depuis ces dernières années. En effet, le nombre d’exploitations a été divisé par cinq en vingt ans, passant de 1 400 producteurs en 1988 à un peu plus de 220 personnes de nos jours. Pour autant, la production de lait n’a pas subit un recul aussi important mais enregistre quand même une baisse de 20 %. [I]«Selon le schéma des quotas au niveau départemental, si un producteur laitier s’en va, son exploitation finit dans la réserve départementale et est redistribuée aux producteurs restants»[i], explique Nadine Darlot qui, en 36 ans de métier, a vu des exploitations quadrupler suite aux départs de collègues. La plupart d’entre eux livrent leur production à Yoplait, aux deux autres laiteries icaunaises mais également à des établissements en dehors du département. [I]«Des laiteries extérieures fournissent également du lait spot à ces entreprises afin de combler le manque à gagner»[i], affirme Nadine Darlot. Ce réseau, qui s’étend de l’Indre en passant par l’Aube et les Vosges, permet de garder un certain nombre de producteurs dans l’Yonne. Mais cela ne suffit pas. La nouvelle PAC et les diverses réglementations, comme la directive nitrates, s’amplifient et un prix du lait [I]«impossible à projeter»[i] ne suffit pas à payer les charges qui pèsent sur les éleveurs. [I]«L’année dernière, nous étions aux normes. Aujourd’hui, avec la directive nitrates, nous ne le sommes plus et on nous demande d’investir sans dégager aucun bénéfice derrière»[i], déplore Nadine Darlot. La trésorerie fait en effet défaut à ce secteur d’activité où [I]«seuls 30 % des éleveurs laitiers parvient à dégager un SMIC et demi»[i]. Une rentabilité limitée, un [I]«manque de reconnaissance»[i] et un avenir difficile à prévoir, voilà les problèmes auxquels Nadine Darlot estime que les producteurs laitiers sont aujourd’hui confrontés. [I]«Si tous les producteurs arrivaient à obtenir les 400 € du prix de base du lait, cela lancerait un signe fort, cela valoriserait notre métier, et cela pourrait relancer la dynamique que nous essayons de maintenir depuis des années»[i], affirme-t-elle. Le 12 juin dernier, le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll a défendu sa politique chez l’EARL Darlot mais les réponses apportées n’ont pas convaincu les agriculteurs présents et ne leur paraissent toujours pas [I]«adaptées»[i]. Pour autant, Nadine Darlot ne s’avoue pas encore vaincue et son combat continue…