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Productions végétales

Trop d’azote trop tôt, attention !

Trop d’azote trop tôt, c’est trop de biomasse inutile au rendement et à la teneur en protéines ! C’est connu mais il est bon de le rappeler.
Par Article rédigé par les partenaires de «blé objectif protéines 21» (bop) : c.boully (bourgogne du sud), m.mimeau (dijon céréales), m.pageot (ets bresson), l.pelce (arvalis), a.petit (seineyonne), et d.ronget (ca 21)
Trop d’azote trop tôt, attention !
Au cours du tallage, le statut azoté des plantes commande la croissance et le développement des talles qui ont bien voulu se former sous l’effet d’un cumul de températures depuis le semis. Une suralimentation azotée en début de cycle (avant épi 1 cm) favorise la croissance de talles secondaires, émergeant à l’aisselle des feuilles des talles primaires. Elles sont susceptibles de régresser au cours de la montaison si la concurrence avec les talles principales est trop forte. Elles ne contribuent alors pas au rendement et consomment azote et eau au détriment des talles primaires, limitant, au passage, la fertilité de ces dernières

Par ailleurs, les besoins en azote sont faibles du semis jusqu’à fin tallage : environ 50 unités sont nécessaires, facilement trouvées dans le milieu lorsqu’il fait doux et sec pendant l’hiver. Enfin, plus l’apport est précoce, moins il est bien valorisé d’autant plus s’il ne pleut pas 15 mm dans les 15 jours suivants. En moyenne, cet apport n’est valorisé par la céréale qu’à 50%.

En 2015 – 2016, il fait doux, il fait sec, le tallage est excédentaire.
Depuis le début de l’automne, hormis quelques rares moments, il fait sec et chaud, comme le montrent les cumuls de températures enregistrés depuis le 1er octobre.
Dans le Châtillonnais, les blés ont 2 talles de plus (secondaires) que la normale. Dans la Plaine de Dijon, c’est 1 talle. Ce n’est pas pour autant que les céréales d’hiver sont en approche du stade épi 1 cm. Sous nos climats les variétés sont d’abord photosensibles puis thermosensibles. Dit autrement, la montaison ne pourra débuter qu’après une longue période de rallongement de la durée du jour. Quant aux céréales qui pourraient bientôt décoller, c’est d’abord parce que la végétation est dense et qu’elle va chercher la lumière. Il faut savoir qu’elles resteront longtemps à ce stade là avant que l’épi ne se différencie.

En pratique, quelles stratégies adopter ?
Du côté des blés dont il s’agit essentiellement dans cet article, faire un 1er apport d’azote dès le 1er février serait contraire aux principes de l’agronomie comme de l’économie. Attendre la mi-février pour épandre 30 à 50 unités. Mais si le climat restait doux et sec comme aujourd’hui, il serait encore opportun de se poser la question de l’intérêt de cet apport, hormis sur les sols superficiels naturellement pauvres en azote. A l’inverse, dans les sols où les reliquats d’azote sortie hiver sont importants (supérieurs à 50 kg N/ha sur l’horizon 0-60 cm), et d’autant plus lorsque le blé a déjà absorbé beaucoup d’azote, cet apport, ramené à la dose prévue au stade épi 1 cm, peut être décalé sans risque jusqu’à une dizaine de jours avant ce stade.
En complément, concernant les orges d’hiver qui ont besoin d’épis / m² faute de pouvoir compenser par la fertilité des épis, oui, un 1er apport de 40 à 50 unités plus précoce pet s’envisager. La stratégie dite « d’apport décalé » n’a jamais donné de bons résultats.