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Bilan de récolte avec la CAVB et les ODG de Bourgogne

«Tristes vendanges...»

La confédération des appellations et vignerons de Bourgogne a dressé le bilan de la vendange 2016 et détaillé les chiffres de la récolte. Les présidents de différentes appellations bourguignonnes ont confirmé les lourdes conséquences économiques et commerciales d’une année calamiteuse.
Par Anne-Marie Klein
«Tristes vendanges...»
Réunion bilan au domaine Rapet de Pernand Vergelesses, à l’initiative de la CAVB et en présence de la préfète, de la Draaf et des présidents d’ODG. La présentation des chiffres dans le détail des appellations et des domaines, montre que la pérennité de ce
Un visuel est souvent plus parlant que bien des discours. En annotant le plan de leurs parcelles, Vincent Rapet et son épouse Sylvette, qui accueillaient sur leur domaine de Pernand Vergelesses cette réunion à l’initiative de la CAVB, montrent à la fois l’étendue des dégâts que l’on peut visualiser d’un seul regard et la grande hétérogénétié des résultats en fonction des zones touchées. 30%, 50% de pertes en certains endroits et sur certaines appellations, 0 hecto récolté parfois. Le bilan est contrasté mais sans appel, le domaine va produire au titre de 2016, 60 000 bouteilles au mieux, là où le cahier des charges en autorise jusqu’à 165 000  !
Grêle, gel, humidité... les aléas climatiques se sont succédés en 2016 sur le vignoble de Bourgogne, au même ryhtme que les visites de parcelles organisées pour les services de l’état à chaque nouveau coup du sort. Christiane Barret qui venait de prendre ses fonctions en région Bourgogne à cette époque confirme, «on a tout cumulé dans le secteur agricole en 2016». Pour répondre à l’urgence, des cellules de suivi ont été mises en place, ainsi que des dispositifs spécifiques concernant l’emploi en viticulture, un dégrèvement de taxe foncière, etc.
La particularité de la viticulture c’est un décalage dans le temps entre l’impact agronomique des aléas climatiques et l’impact économique et commercial que chacun subit avec un temps de retard, quand il s’agit de satisfaire les demandes des clients et les marchés. En urgence il faut réparer ou atténuer les dégâts immédiats, ce qui se traduit par plus de travail et de charges, mais ensuite le paradoxe relevé par Jean-Michel Aubinel, président de la CAVB, c’est à la fois «de rassurer les marchés sur le fait que leurs demandes seront satisfaites» tout en «interpellant les Pouvoirs publics sur les difficultés des domaines et des appellations». Un exercice difficile en terme de communication... Maintenant que les chiffres sont connus dans le détail des domaines et des appellations, une nécessité s’impose «continuer à trouver des solutions permettant aux domaines les plus en difficulté de passer la vague».
Le domaine Rapet, comme beaucoup d’autres, voit son potentiel de vente en chute libre en ce qui concerne le millésime 2016, mais des charges à niveau constant (les salaires) et pour certaines en hausse, comme les fermages. Le système assurantiel semble totalement inadapté dans son principe de fonctionnement à la réalité de la production viticole, ce qui explique selon les viticulteurs, le peu d’intérêt des domaines à s’assurer et à augmenter les charges, en regard «d’une indemnisation réduite à presque rien». Autre outil dont l’efficacité sous sa forme actuelle ne satisfait pas la profession, les VCI (volumes complémentaires individuels), «sans effet sur  de petits volumes». En revanche, le travail de concertation avec les propriétaires sur les fermages «commence à porter ses fruits».
Heureusement, il y a quand même eu des secteurs épargnés en 2016 et pour ceux qui ont pu récolter la satisfaction de constater que «la qualité du millésime est bien là». «La dernière partie de l’été a permis d’atteindre une belle maturité avec des raisins sains» comme le constate Gérard Maitre, représentant l’ODG Bourgogne.

Une évolution climatique à prendre en compte à tous les niveaux
L’intervention des différentes ODG a confirmé le constat d’ensemble tout en le précisant. «Tristes vendanges» pour Françoise Arpaillanges, présidente de l’ODG village Pernand Vergelesses. Après un sursis en 2015, des appellations comme Volnay se trouvent à nouveau dans l’oeil du cyclone, après trois années de galères (2012-2013-2014), 2016 remet les compteurs à zéro avec un rendement de 18 hectolitres par hectare. Même situation pour beaucoup de grands crus classés. La réputation de «nantis» dont se défendent les viticulteurs de ces appellations de prestige, en prend un sacré coup.
Jean-Michel Aubinel et son directeur, Thomas Nicolet, insistent d’autant plus sur la nécessité pour les Pouvoirs publics de «mieux prendre en compte la situation extrêmement critique de certains domaines sur le fil du rasoir» et d’adapter les outils, les moyens et les règlements à la réalité d’une évolution climatique très perturbante pour les systèmes d’exploitation.
Au titre des appellations régionales, la Mâcons rouge ont connu des conditions exceptionnelles avec un rendement de 60hl/ha alors que les Hautes-Côtes de Beaune rouge perdaient 35% du volume par rapport à 2015. Chablis a vu sa production chuter de 50%, les grands crus étant un peu plus épargnés (- 13,5%). Irancy (-50,02%) et Saint-Bris (-79,17%) ont été les plus touchés par les conditions météo. Dans la Côte de Nuits, la situation des grands crus est hétérogène, entre une Romanée-Comti stable et des Grands-Echezeaux en perte de production de plus de 60%. La Côte de Beaune est l’un des secteurs les plus impactés (-53% pour Pernand Vergelesses ; - 46% pour Ladoix). Les appellations communales de la côte chalonnaise  sont celles qui ont connu la meilleure des récoltes pour ce millésime, seul l’AOC Rully en blanc subit une baisse de -17%.

Le vignoble de Bourgogne

Environ 230 kilomètres, du nord au sud
31 000 hectares de vignes en production, qui représentent 3,3% du vignoble français en AOC.
5 grandes sous-régions viticoles  :
- Chablis et Grand auxerrois,
- Côte de Nuits et Hautes Côtes de Nuits,
- Côte de Beaune et Haute-côte de Beaune,
- Côte chalonnaise et couchois,
- Mâconnais et ses crus.
Tous les vins de Bourgogne sont des appellations d’origine contrôlée (AOC), elles sont au nombre de 100 réparties en Grands Crus (1,5% de la production totale, 33 AOC), Premiers Crus (10% de la production, 645 climats classés), appellations Villages (37,5% de la production 44 AOC) et appellations Régionales (51% de la production totale, 23 AOC).