Toujours des séquelles, neuf mois après
Félicien Saunois et Alexia Chevallier tenaient un stand à la fête de l'agriculture. La dernière fois que ce couple du secteur de Laignes (21) était passé dans notre journal, c'était au lendemain d'une attaque de loup...

Leur stand était à l'entrée de la fête à Hauteroche, il était impossible de les rater. Nous nous sommes arrêtés pour leur demander des nouvelles suite à notre dernier contact, datant du début d'année. Dans la nuit du 29 au 30 décembre, un loup avait sévi sur leur propriété à Étais, et sept brebis y avaient laissé la vie. Notre première édition de 2025 avait relaté cette énième attaque dans le département… Alors, quoi de neuf depuis ? « Des avortements, des naissances compliquées, de la perte… Moins d'agneaux, moins de ventes, moins de laine transformée… C'est vraiment compliqué. Nous n'avons pas envie de racheter des animaux, car ça peut recommencer… », répond tête basse Félicien Saunois, qui nous rappelle qu'une attaque de loup ne se résume bien sûr pas au nombre d'animaux sinistrés le jour J.
Ils appréhendent l'hiver
Sa compagne Alexia rejoint cette interview après le passage d'un client : « Nous remontons petit à petit la pente mais que c'est dur… L'impact psychologique est important. Je ne m'en cache pas : j'ai débuté un suivi à l'approche de la date anniversaire de l'attaque. Nous n'arrivons plus à nous rattacher à nos bêtes comme avant. On se lève le matin avec la boule au ventre. L'hiver va arriver et les prés voisins vont se vider : notre système plein air intégral sera potentiellement la première cible de la prédation ». Les deux éleveurs ont tenté de prendre les devants en installant une double clôture, des filets et une cabane fermée. La réhabilitation d’une dépendance de leur maison sera bientôt entreprise pour mettre des animaux à l’abri durant la période hivernale : « notre vision du plein air intégral a donc été revue, non sans regrets… L'idée est d'avoir un rythme de vie plus doux, sans trop d'angoisses la nuit pour débuter des journées plus sereinement ».
Des produits appréciés
La question d'« arrêter » s'est un jour posée, comme le reconnaît Alexia Chevallier : « heureusement, dans notre malheur, nous avions eu la chance de réserver notre chien de berger la veille de l'attaque… Nous avions également investi dans de grosses transformations de laine, quasiment au même moment. Cela nous a poussés à continuer. Aujourd’hui, j'achète de la laine aux éleveurs bourguignons, je vais même parfois un peu plus loin, comme dans la Meuse où je me suis approvisionnée en laine Mérinos ». L'activité O’farm’iente est en progression : cela donne du baume au cœur aux jeunes Côte-d'oriens. La quantité de laine valorisée a doublé et approche désormais les 600 kg bruts par an. Les retours sont très bons de la part de la clientèle : « les gens apprécient cette matière, beaucoup de souvenirs d'enfance remontent avec la laine de moutons ! Notre gamme continue de s'étoffer ». Les produits sont disponibles sur internet et sur plusieurs marchés locaux. Alexia Chevallier envisage de participer à des salons plus importants en se rendant dans plusieurs grandes villes de France, pour commercialiser ses produits et faire la promotion de l'agriculture bourguignonne.
Contact O'farm'iente : 06 79 14 67 27, ofarmiente@gmail.com, www.ofarmiente.fr et réseaux sociaux.